Il y a quelques années, j’aurais bien aimé penser les TWELVE FOOT NINJA français. Après tout, ils avaient la même façon de bafouer les frontières de genre pour créer leur propre espace, et m’évoquaient nos PSYKUP, 6:33, IGORRR, sans vraiment leur ressembler. Mais après avoir chroniqué le dernier 6:33 justement, je retrouve les australiens, et je me dis que les deux groupes ont beaucoup de choses en commun. Cette même folie douce, cette façon d’opposer la force des guitares à l’agilité un peu fourbe des claviers, ce refus des convenances, cette sortie de prison permanente qui leur évite les barreaux d’un genre rouillé jusqu’à la moelle, et évidemment, la qualité, cette qualité que l’on retrouve chez les grands expérimentateurs, qui avant de combiner, s’assurent que la greffe prendra et que les organes tiendront le choc.
Six ans après leur dernière intervention, les australiens reviennent avec un grand dessein. Un album d’abord, ce Vengeance aux proportions modestes au vu des possibilités, mais aussi un livre, The Wyvern and The Wolf, écrit par Nicholas Snelling, un single, « Long Way Home », doté d’un jeu en 2D qui permettra aux amateurs de puzzles de découvrir une vidéo, et pour finir, une bande-dessinée, imaginée par Mackay et illustrée par George Evangelista. Sacré concept donc que ce retour des grimpeurs fous de TWELVE FOOT NINJA, qui en sus de nous paniquer les sens de cette musique unique, nous raconteront via ce roman inattendu les histoires d’un samouraï orphelin adopté par le cruel chef d’un clan ninja. Folie musicale, folie littéraire, graphisme, petits jeux, le packaging est complet et la fête peut commencer. Et commençons-là par ce nouvel album, le troisième seulement en une décade d’existence.
Un peu fainéants les australiens…Non, hyperactifs, mais lucides dans leurs choix. Ils ne valident que leurs meilleures idées, et restent très critiques envers eux-mêmes. De la même façon que Silent Machine les avait introduits à la noblesse Fusion avec élégance, de la même façon qu’Outlier les avait confirmés sur le trône des décadents, Vengeance en rajoute une couche dans la folie, tout en restant d’une cohésion rare. Vu de l’extérieur, le néophyte aura du mal à comprendre pourquoi ce groupe bénéficie d’une telle aura dans le monde du Metal désincarné et décalé. Après tout, IWRESTLEDABEARONCE, MR BUNGLE, DIABLO SWING ORCHESTRA et tant d’autres ont repoussé toutes les limites, de façon plus probante et encore plus provocante, alors à quoi bon s’agenouiller face à un groupe qui semble prendre plaisir à fondre Djent, Metalcore, Synth et Alternatif sans vraiment user son imagination ?
Les détails mon cher, les détails. Les détails qui se cachent derrière les idées principales, derrière les arrangements, derrières les couches de chant et de synthés, les textes, et cette façon opératique de traiter la Pop sur des petits chefs d’œuvre comme « Over and Out ». Alors, certes, pour se mettre à la bonne avec le public Metal, on invite Tatiana de JINJER, histoire de voir si la horde cloutée suit le mouvement. Mais comme pour mieux leur faire le coup de la panne, on les cueille à froid en conclusion avec l’acoustique et élastique « Tangled », juste pour voir s’ils supportent le deal. On imite Mike et FNM à la perfection, et on se souvient du potentiel de la scène Fusion des nineties, lorsque tout était encore à faire.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit et que je ne dirai jamais. TWELVE FOOT NINJA n’est pas mon groupe excentré favori. J’aime leur façon d’insérer des moments de séduction dans la folie pure, et de rester raisonnable lorsqu’il d’agit de transgression. Mais il y a ce perfectionnisme, cette volonté de faire les choses et de peaufiner à outrance qu’on sent dès l’ouverture de « Start the Fire ». Ça sonne Synth-Pop à plein nez, comme ces cargaisons que les suédois nous refilent à longueur d’année, mais c’est tellement plus que ça. On est loin des facilités de GHOST, des réflexes vieillissants des NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, et on reste en terre sauvage, comme s’il restait des animaux à dompter.
En moins de quarante minutes, les australiens parviennent sans forcer à excuser leur long silence de six années. Avec quelques hits, du remplissage malin, des idées qu’on connaît déjà, mais surtout, ce savoir-faire au moment du glaçage. Guitare Djent au millimètre, claviers envahissants mais non-dilués, chant délibérément mélodique qui rappelle les astuces les plus simples du Metalcore de papa, et le tout glisse dans les tympans comme un sirop qui apaise vraiment les acouphènes provoqués par des artistes plus crus.
Pas plus de trois minutes par morceau, c’est la règle, presque immuable, des choses gentiment tribales pour club louche dans un sous-sol trop propre (« Vengeance »), quelques bidouillages Nintendo pour amuser la galerie avant d’exploser un énorme riff à la KORN (« IDK »), des accalmies voulues pour avancer tranquille et s’arrêter pour chiller quelques instants (« Gone »), et en gros, la quintessence de l’esprit Patton, lorsqu’il est dégagé des obligations militaires.
On peut ne pas aimer les TWELVE FOOT NINJA (trop Pop, pas assez bricolé, raisonnable ou trop barge, comme vous voulez), mais j’ai quand même du mal à comprendre ceux qui les rejettent. Après tout, cette musique qui au départ semble si simple et évidente évoque pourtant le soin STEELY DAN apporté en studio à un disque qu’on souhaite imperfectible dans la spontanéité (ou l’inverse, ça fonctionne aussi).
Mais bon, vous faites ce que vous voulez, en France, on en a aussi des fameux, alors pas forcément la peine d’aller en Australie en importer d’autres. Mais c’est dommage pour vous.
Titres de l’album:
01. Start the Fire
02. Long Way Home
03. Vengeance
04. IDK
05. Shock to the System
06. Gone
07. Culture War
08. Dead End
09. Over and Out (feat. Tatiana Shmayluk)
10. Tangled
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