Très souvent, lorsqu’un groupe extrême traîne ses basques dans le biz’ depuis un bail, on a tendance à considérer qu’il fait partie des meubles. On est certes toujours content de le retrouver, comme on accueille un vieil ami un soir pour l’apéro, mais les rencontres s’apparentent vite à une routine sympathique, qu’aucun évènement inédit ne risque de troubler.
Mais comme pour chaque règle, il y a des exceptions. Notables qui plus est. Prenez le cas des GOATWHORE, nos amis de la Nouvelle Orléans qui reviennent régulièrement nous serrer les oreilles. Ils sont là depuis la fin des années 90, ont sorti un paquet d’albums (sept pour être précis, y compris ce petit dernier), ont en quelque sorte repoussé les limites de la brutalité dans le sud des Etats-Unis, et pourtant, ils sont encore capables de nous prendre sinon à revers, du moins légèrement de biais pour ne pas devenir trop prévisibles. Et vous savez quoi ? Malgré les doutes logiquement émis à chaque comeback, on se laisse prendre et on réalise en effet que ces mecs sont capables d’innover, sans céder un pouce à la compromission, l’âge, ou la fatigue.
Impressionnant non ?
Mais il doit y avoir quelque chose d’inhérent à cette région des Etats-Unis qui rend les musiciens du cru plus affutés et affamés, je ne sais pas. Et puis, la vague NOLA vient de là-bas non ?
Alors pour faire simple et utiliser un raccourci pratique, admettons qu’ils en fassent partie, même si ça n’est pas vrai.
Mais avec un ex ACID BATH/CROWBAR/EYEHATEGOD aux commandes depuis le début, l’affiliation n’est pas si déplacée que ça. Et puis, on le connaît bien Sammy, on sait qu’il est un musicien hors norme et un compositeur qui justement ne s’en laisse pas compter. Depuis vingt ans, le mec mène sa barque sur le bayou, et trouve l’inspiration dans la crudité d’une réalité qu’il assume, sans la défigurer encore plus. Alors au moment de parler du septième longue durée de sa créature, Vengeful Ascension, il convient de ne rien oublier de ce qu’il a pu apporter au Metal extrême. L’extrême, dans sa globalité. Car GOATWHORE n’a jamais donné dans la facilité, se situant toujours à la croisée des chemins, évoluant entre Death, Grind, et même Black pourquoi pas, spécialement lorsque les guitares commencent à tournoyer comme sur un vieil IMMORTAL. Mais que dit-il d’ailleurs à propos de ce dernier album, qui pourrait bien selon la presse spécialisée être son meilleur depuis A Haunting Curse en 2006 ?
«L’idée principale de Vengeful Ascension, c’est d’être au fond, et d’essayer de remonter, et de comprendre en traçant sa route vers le haut que tout ça ne mène pas forcément à une récompense. Et que tout ce qui est négatif peut-être vu sous un angle positif aussi. »
La lutte contre le bien et le mal, le manichéisme, les turpitudes de l’existence, et puis les émotions bien sûr. Jusqu’ici, celles suggérées par le quatuor (Ben Falgoust – chant, Sammy Duet – guitare/chœurs, Zack Simmons – batterie et James Harvey – basse) étaient du genre éprouvantes et suffocantes, et chaque album ressemblait à une attaque frontale vous terrassant d’entrée, sans même vous laisser un espoir de survie.
Mais les temps changent et les concepts aussi, et même si les américains n’ont rien perdu de leur puissance sombre, il semblerait qu’ils aient appris à la contrôler et la canaliser pour la faire exploser à petit feu tout au long d’un LP.
C’est d’ailleurs flagrant dès l’entame « Forsaken », qui renie les coups de bambou des années précédentes en laissant place à l’oxygène d’une intro percussive progressive, gestuelle fort peu coutumière du groupe. Ce premier morceau est d’ailleurs assez surprenant en soi, et proche d’un BM des origines, avec sa rythmique saccadée qui nous ramène aux grands hivers d’IMMORTAL tout autant qu’aux étés étouffants d’ACID BATH, dans une union étrange entre les riffs gelés nordiques et les rythmiques moites du Southern Core de la Nouvelle Orléans.
Autre symbole de rupture, la dissociation d’avec Erik Rutan, qui avait produit les quatre précédentes œuvres, pour se rapprocher d’un son plus cru et plus fidèle via les manipulations de Jarrett Pritchard, leur ingénieur live. Ce dernier leur a donné une production beaucoup plus proche de leurs performances live, qui met admirablement bien en valeur des compositions qui se veulent aussi directes qu’agencées, particulièrement sur la fin du timing qui propose les morceaux les moins faciles à assimiler.
Mais ne vous inquiétez pas, la foi des GOATWHORE ne s’est pas perdue durant leur ascension. Leurs caractéristiques principales font toujours partie de leur ADN, entre ces rythmiques d’une brutalité et d’une précision inouïes et ces riffs implacables qui s’amoncèlent comme autant de corps après la bataille.
Disons juste qu’ils ont appris à gérer un plan de guerre avec plus de pertinence, et qu’ils font autant de victimes, tout en travaillant plus propre.
D’ordinaire, les cartouches les plus meurtrières sont tirées dès les premiers mouvements, mais Vengeful Ascension attend justement d’entrevoir la lumière au bout du tunnel pour laisser choir les douilles les plus sournoises. Mais aussi les plus perçantes, comme en témoigne « Mankind Will Have No Mercy », qui propose un des thèmes les plus catchy de ce septième LP, un thème qu’on aurait pu retrouver trituré par ARCH ENEMY, ou même NAPALM DEATH dans ses moments les plus groovy.
L’autre facette des américains, plus boueuse et empêtrée dans les marais de l’âme est toujours aussi manifeste et ténébreuse, à l’instar de « Where The Sun Is Silent », qui se rapproche vraiment des pires cauchemars d’ACID BATH, repris à leur compte par des EYEHATEGOD encore plus lunatiques qu’à l’habitude.
A un autre niveau d’extrême, « Those Who Denied God's Will » offre une clôture digne des actes les plus tragiques du Black Metal, et se vautre dans un déluge de blasts intense, n’offrant que quelques « ralentissements » Crust que Ben écrase de sa puissance vocale.
Homogénéité et diversité, tels sont les maîtres-mots contradictoires de ce nouvel album qui évite la facilité avec une aisance déconcertante. Même les morceaux les plus modérés font preuve d’une inventivité malsaine, entre un « Vengeful Ascension » qui distille un mid tempo gigantesque et « Abandon Indoctrination » qui une fois de plus laisse des percussions nous bousculer sur une intro catapultée dans la stratosphère Black sur les couplets. La violence bien évidemment, mais aussi la lucidité qui permet aux plus pessimistes d’entrevoir la lumière en haut des abysses, et cette force de conviction qui réfute le fatalisme pour prôner la combativité et la pugnacité. C’est ainsi qu’on peut résumer avec fidélité ce Vengeful Ascension qui illustre à merveille son concept de positivisme revanchard.
Difficile de croire à son écoute que les GOATWHORE traînent leurs basques dans le biz’ depuis plus de vingt ans. C’est sans doute l’air de la Nouvelle Orléans qui leur permet de rester en phase avec leur époque. Ou de ne jamais en avoir fait partie. Un disque qui les et nous ramène dix ans en arrière, et qui file un coup de boost à un été qu’on pressentait un peu prévisible.
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20