Au départ était le Heavy Metal. C’est d’ailleurs un des rares points d’histoire sur lequel tout le monde s’accorde, puisque la paternité du style est depuis toujours attribuée à la légende de Birmingham, BLACK SABBATH. Gros riffs, ambiance ténébreuse, sons d’un tocsin funèbre au lointain, chant plaintif, et tout le cahier des charges habituel…
Et puis un jour, certains se sont dit que pousser le concept à son paroxysme pouvait représenter un défi intéressant. Ainsi naquirent ST VITUS, WITCHFINDER GENERAL, CANDLEMASS, et le Doom fut officiellement baptisé de ses émanations nocturnes et de sa brume de pesanteur tenace.
Tout ceci est bien évidemment pertinent, mais une fois encore, lorsqu’un genre semble suffoquer de son propre manque d’oxygénation, d’autres trouvent un moyen de rendre l’air encore plus étouffant, et de pulvériser toute notion de retenue, en traitant la mauvaise herbe de champs désolés avec des pesticides encore plus néfastes, histoire de s’assurer que vraiment rien ne repousse sur leur passage.
Une équation simple, presque un anathème, et la roue tourne encore, broyant quelques os supplémentaires, faisant la joie de revendeurs de paracétamol, voire d’opiacées prescrites plus ou moins médicalement.
Donc.
Doom + Hardcore = ?
Sludge ? La réponse est bonne, mais sujette à de multiples interprétations.
Quid des grands défricheurs ? Fin des années 80, bouillonnement créatif, et premiers balbutiements effrayants. Les MELVINS bien sûr, et la scène de Seattle bientôt, NEUROSIS sans conteste, et leur façon de donner conjointement naissance au genre mais aussi au Post-Hardcore, dans un même élan de colère. Et puis les EYEHATEGOD d’un certain côté, CROWBAR, et plus proche de nous, les immanquables MASTODON, BARONESS, BLACK TUSK…
Vous avez assez de références ? Je crois que même en étant néophyte au mouvement, vous serez à même de pouvoir juger de toute l’étendue de progression qu’offre le deuxième longue durée des norvégiens de TIMEWORM, qui envisage le temps comme un gigantesque ver qui vous ronge de l’intérieur, vous poussant de fait vers la porte de sortie un peu plus tôt que prévu.
Stian (chant), Erlend et Oliver (guitares), Svein (basse) et Fredrik (batterie), d’Oslo, tentent depuis leur création il y a quelques années de rendre l’approche de la lourdeur et de l’agressivité plus élastique, et osons le terme très MASTODONien, « progressive ». Après un premier long aux échos caverneux largement relayés par la presse spécialisée paru en 2015 (Luminescent Wake), les voici de retour avec une suite tout aussi impressionnante de bravoure, Venomous High, qui de son titre annonce une énorme contamination à venir, de celles qui ruinent l’humanité d’un virus tenace qui se répand dans vos veines.
Comme tous les combos dignes de ce nom, les cinq norvégiens ne manquent ni d’humour, ni d’imagination. Ils affirment toucher à tous les sujets, de Lovecraft à Buckaroo Banzaï, thèmes qu’ils assaisonnent d’une gigantesque dose de riffs massifs, et d’ambiance délétères, en poussant les potards de volume à fond sans changer leur attitude frondeuse d’un iota.
Evidemment, la comparaison avec MASTODON semble la plus évidente lorsqu’on parle d’artistes refusant le statisme d’un Sludge trop figé dans les graves et la lenteur. Pourtant, les TIMEWORM sont beaucoup plus qu’un succédané venu du froid de Troy Sanders & co, et peuvent aussi se targuer d’avoir emprunté deux ou trois idées à Steve Von Till et Scott Kelly. C’est notamment très patent sur un morceau aussi massif et assourdissant que « The Infectious Gloom », qui propose quelques digressions rythmiques purement sismiques, et qui se nourrit de la fougue du Hardcore pour faire trembler le Doom sur ses fondations. En jouant le tout comme si leur discographie de BLACK SABBATH en dépendait, le quintette s’assure une assise phénoménale, tout en affirmant son identité en multipliant les plans sans jamais perdre de vue la cohérence.
Oui, leur son est dantesque, leur appétit gargantuesque, et les agapes sombres auxquelles ils vous convient vous laisseront repus, à terre, le ventre prêt à exploser d’une douleur sourde…
Comme le veut la coutume, Venomous High ne se gêne pas pour imposer des structures amples, qui déambulent comme autant de personnages dans la lande enfumée. Dès « Measure of Gold », les TIMEWORM jouent justement avec l’étirement temporel pour proposer une litanie de plus de sept minutes qui place les choses dans leur contexte naturel.
Longue intro qui ne ménage pas les sons martelés, progression typique, pour une entrée en matière en forme de percussions tribales sur lesquelles la voix s’écrase comme une ultime prière de condamné. Le volume prend au corps, et les basses rebondissent sur vos organes, vous faisant trembler comme des feuilles avant de vous propulser dans une autre dimension.
Ce premier morceau se veut signal de départ sans attendre, et offre un crescendo remarquable, qui pousse la violence instrumentale dans ses derniers retranchements, tout en semant quelques harmonies Post Rock presque apaisées sur le chemin.
Dualité intéressante, que les titres suivant développent à leur façon sans se départir de cette crudité qui permet aux guitares de malmener les motifs les plus dissonants. On pense même parfois à un mariage absurde entre NEUROSIS et l’équilibrisme des DILLINGER, puisque la brutalité heurtée se fracasse sur un mur d’intensité infranchissable (« All Chiefs », et son intro si ébouriffante qu’on pourrait la prendre pour une attaque Death en règle). Ce second morceau ose donc frotter le Mathcore au Sludge sans précaution, et nous entraine dans un groove saugrenu, et pourtant bien palpable et hypnotique, qui nous éloigne presque du sujet initial.
« Ur Syntax » ose au contraire renifler les aisselles de CROWBAR et CORROSION, histoire de voir si la Louisiane et Oslo ne pourraient pas s’entendre autour d’un consensus. « Night Of Owls » tente la dilution d’un beat pataud dans une vision Rock nostalgique des magiques 70’s, et superpose des riffs catchy avec des lignes vocales de plus en plus rêches, proposant presque un hymne pour le compte, si une fois de plus, les amplis ne crachaient pas leur haine avec autant de virulence.
« Venomous High », le climax tant attendu ne déçoit évidemment pas, et offre une fin emphatique d’une logique imparable. On retrouve tous les éléments dispersés par les morceaux précédents, unis au sein d’un même élan, même si les maigres harmonies cèdent le pas à une rythmique de plus en plus oppressante, et des riffs saccadés à l’extrême. Une longue coda finit par imposer le silence, non sans avoir répété le même motif circulaire jusqu’à la nausée, dans une tradition NEUROSIS assez appréciable. Le voyage est à présent terminé, et les pieds doivent toucher de nouveau le sol…
Au départ était le Heavy Metal. Puis le Doom. Puis le Sludge. Puis le…. ??
Les groupes comme TIMEWORM avec Venomous High donnent justement envie – voire obligent – de poser la question sous-jacente de l‘évolution du style et de la prochaine étape.
Et si ces cinq norvégiens parviennent à faire avancer les choses sans pour autant renier les fondements de la doctrine, c’est qu’ils ont simplement le talent pour, et qu’ils ne se demandent pas si c’est possible ou non.
Ils jouent. Ils jouent fort, bien, et longtemps.
Titres de l'album:
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