Déjà plus de quinze ans que les américains de WITHERED nous fanent les tympans de leur Death/Black assourdissant et terriblement hivernal. Depuis leur premier assaut en l’honneur de la mémoire des morts jusqu’à Grief Relief, qui proposait une alternative au deuil assez intéressante quoi que chaotique, le quatuor d’Atlanta en Géorgie donne du fil à retordre à la CDC, répandant son mal-être comme un virus létal condamnant la population à moyen terme. Admettons que le groupe soit le parfait reflet d’une époque trouble et gangrénée par le désespoir le plus sombre. Alors, son dernier pamphlet en date renvoie l’image d’une société à l’agonie, et d’un environnement qui n’attend plus que son enterrement de seconde classe pour laisser la place au silence le plus absolu.
Verloren, distribué par Season of Mist Underground Activists est un nouveau concentré de haine poisseuse, de lucidité âcre, de résignation âpre et de colère larvée. Explosant au son d’une musique difficilement définissable, aux confins du Crust crade et du Black/Death le plus impénétrable, ce nouvel album nous expose les faits dans leur lumière la plus crue, ne travestissant aucune vérité pour séduire : en résulte un album capable de foutre la trouille aux fans de PRIMITIVE MAN, FULL OF HELL et autre PORTAL.
D’ailleurs, l’occasion faisant le larron, on retrouve la participation d’Ethan McCarthy de PRIMITIVE MAN sur le morceau « Passing Through… », expérimentation personnelle en enregistrement caché du guitariste/chanteur Mike Thompson durant un enterrement familial. Le propos n’est donc ni à la galéjade ni à la blague de fin de banquet, mais une fois de plus à la tristesse, à la douleur, au ressenti, et à l’attrition qui nous emmène sur le chemin de la repentance, pour peu qu’elle existe vraiment et qu’elle soit toujours possible.
Mike Thompson (guitare/chant, et seul membre d’origine), Beau Brandon (batterie), Rafay Nabeel (basse) et Dan Caycedo (guitare/chant), ne s’éloignent donc pas de leur chemin trop bien tracé, et on reconnaît une fois de plus la patte diabolique de Mike Thompson qui vitupère gravement comme un beau diable enfermé dans sa bulle de noirceur. Et avec une approche directe comme « By Tooth In Tongue » et ses huit minutes de terreur et de chaos, Mike n’a pas fait dans la dentelle ni dans la simplicité, replaçant les débats sur le terrain d’un Death très noirci, qui plus d’une fois nous rapproche de la scène bruitiste américaine actuelle de Boston et Brooklyn, avec une âpreté incroyable.
Lourd comme un Doom passé au prisme du BM américain, fulgurant comme une maladie vous étalant pour le compte en quelques semaines, Verloren n’est pas un album qu’on écoute par grand soleil lorsque l’humeur est badine. C’est un disque qu’on se passe lorsque le moral est dans les chaussettes, lorsqu’on vient de perdre un proche et que la vie n’est qu’un long tunnel sombre sans issue. Avec ses nuances dans la gravité, il explore toutes les pistes de l’underground le plus brutal, mais reste fidèle à la recette élaborée il y a de longues années : aller jusqu’au bout, provoquer, titiller, faire souffrir, et verser du vinaigre sur des plaies encore béantes. Parfaite bande-son d’un deuil débordant de colère suintante, Verloren profite d’une production sourde aux contours mal définis pour adopter la forme d’un monstre dans le placard, ou d’une ombre de cent tonnes vous écrasant les épaules. Parfois complètement chaotique et inquiétant, ce nouvel album franchit un palier de plus dans l’ignominie, et nous réserve des tranches de dépression virtuelle totalement infectes, à l’image de ce « Dissolve », qui transforme le Downward Spiral de NIN en comptine pour enfants sages.
Je ne cacherai pas que l’écoute de ce cinquième album est éprouvante. Mais il fallait bien ça pour briser les cinq années de silence le séparant de son aîné, qui nous avait laissé sur les rotules, mais qui n’avait pas connu de suite pour nous achever. C’est maintenant chose faite, et alors que tout le monde s’enthousiasme d’un retour à la normale et de la reprise des concerts, WITHERED préfère laisser pourrir la joie sur pied, et nourrir la terre du cadavre de nos illusions perdues.
Très habilement construit pour vous faire passer de la tristesse à l’envie suicidaire, truffé d’effets, d’interludes Ambient putrides (« Passing Through… », quand on sait d’où ça vient, on n’a pas vraiment envie d’y revenir), assumant tous les sentiments dérivés de la perte (« …The Long Hurt »), admettant parfois la nostalgie comme dérivatif (« Verloren » et sa mélodie Post tout de même flippante), avant d’asséner le coup de grâce (« From Ashen Shores », plus Black que n’importe quel cador norvégien ou suédois), Verloren est la retranscription du ressenti de bon nombre d’entre nous, qui avons souffert pendant plus d’un an, mais qui devons quand même supporter les atermoiements d’une classe politique plus concernée par les questions sécuritaires, l’immigration et les flux bancaires que par l’avenir d’une planète que les entreprises du CAC40 ruinent vitesse grand V de leur émanations.
WITHERED repousse encore les limites de la laideur, mais le fait avec une honnêteté sans failles. Remercions les pour cette douleur qui s’insinue sous les chairs, mais qui nous fait voir la réalité en face.
Titres de l’album:
01. By Tooth In Tongue
02. The Predation
03. Dissolve
04. Casting In Wait
05. Passing Through…
06. …The Long Hurt
07. Verloren
08. From Ashen Shores
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15