« Avez-vous déjà lu des contes dans leur version d’origine, avant qu’ils ne soient vidés de leur substance sanguinolente, de leurs chairs mutilées et de leurs atroces conclusions ? Vestige aura conservé de ces récits originels un puissant pouvoir évocateur. Une sophistication non exempte de sauvagerie qui sied parfaitement au style de PENITENCE ONIRIQUE. Ses six mystérieuses créatures ont affûté le(s) fil(s) de leurs instruments avec une magnifique brutalité, tailladant leurs morceaux dans les veines de leur black atmosphérique cruel et éclatant. Un opus aussi dangereusement fascinant que les monstres les plus nobles. »
J’ai quitté les PENITENCE ONIRIQUE il y a trois ans, après l’écoute fabuleuse de leur introductif V.I.T.R.I.O.L, « Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem », crédo des alchimistes qui cherchent la vérité dans les profondeurs de la terre. A l’époque, le groupe n’était qu’un duo formé de Bellovesos et Diviciacos. Aujourd’hui, en 2019, ce duo s’est triplé pour se présenter sous la forme d’un sextet (Bellovesos: composition/guitare lead/samples, Dimiourgos : basse/composition, Vorace : guitare rythmique, Noktûrnos : guitare d’ambiance, Cathbad: batterie et Ebrietas : textes et voix), sans vraiment changer ses objectifs. Proposer un Black Metal de grande classe, ésotérique, et fasciné par les mondes cachés qu’il révèle par touches fugaces sur ses compositions toujours aussi grandiloquentes. Lorsqu’un groupe émerge avec des idées porteuses, et se tait ensuite pendant quelques années, la crainte de le voir se perdre sur les chemins de l’illusion est grande. On a toujours peur qu’il ne préfère l’exagération à l’efficience, spécialement lorsque son entame de carrière laisse présager de très grandes choses. Mais c’était évidemment sans compter sur le potentiel créatif de Bellovesos qui depuis 2015 travaille à son rythme, sans faire aucune concession. Et c’est une fois encore les Acteurs de l’Ombre qui soutiennent le projet, gardant foi en cette musique d’apparence simple, mais beaucoup plus complexe pour qui sait écouter de près.
La fascination de PENITENCE ONIRIQUE pour le BM le plus formel n’a pas dérivé pour un voyeurisme opportuniste, et c’est avec plaisir que l’on constate très rapidement que Vestige est assez proche de son prédécesseur, sans qu’il n’en reprenne les recettes à la lettre près. Nous nous voyons donc offrir une continuité dans le changement, et une logique dans la progression, qui rapproche Vestige de ces fameux livres anciens contant des histoires et des légendes avant que le grand public ne s’en empare et n’en fasse des histoires d’Halloween pour effrayer les enfants. Non que le but avoué du groupe soit de vous faire peur, mais plutôt de rester collé à une éthique fondamentale de création traditionnelle, amplifiée d’une ambition orchestrale indéniable.
Conscients des risques que cela implique, le groupe a choisi d’entamer son deuxième LP avec ses morceaux les plus longs, atteignant une somme globale de vingt-quatre minutes en trois titres. Pourtant, pas de flagornerie dans cette tactique, mais un réel désir d’instaurer une ambiance qui décrira les grandes lignes des orientations suivantes. Et avec une très intelligente césure à l’hémistiche, PENITENCE ONIRIQUE présente Vestige comme un long poème, une ode dédié au caché, aux vérités ancestrales, et surtout, à un formalisme transcendé qui adapte les standards des années 90 aux exigences des années 2000. De fait, « Le Corps Gelé de Lyse », « La Cité des Larmes » et « Les Sirènes Misérables » peuvent être appréhendés comme un triumvirat classique, mur de son de guitares figées, d’une rythmique en poumon, et d’un chant exhorté qui en appelle aux plus sacrés dogmes nordiques des nineties. On sent immédiatement que le groupe sous commandement de Bellovesos n’a pas l’intention de dévier de sa ligne de conduite, même si les inserts et breaks mélodiques prouvent que l’instrumental est tout sauf une simple déflagration assourdissante. Les chœurs, en arrière-plan se veulent majestueux et inquiétants, mais la musique, violente et cruelle rappelle que le Black Metal n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il se souvient de ses racines. En poussant à leur paroxysme les méthodes de V.I.T.R.I.O.L, Vestige offre une logique dans la continuité, uniquement voilée d’une touche d’exagération dans les orchestrations pour bien marquer la progression.
L’intelligence du groupe se trouve dans les accommodations, les aménagements, qui privilégient parfois les tempi lourds et pesants, comme sur « Les Sirènes Misérables », qui se déchaîne d’un maelstrom de hurlements sur fond de guitares concentriques et acides. Mais dès « Hespéros », et sa rythmique martiale et synthétique, la coupure est évidente. Loin d’un simple insert Ambient et harmonique, cet interlude est un morceau à part entière, qui nous guide vers la seconde moitié de l’album, dont tous les morceaux dépassent les six minutes. 6, 6 et 6, un chiffre bien connu, plus utilisé inconsciemment comme référence au mal absolu et non à un satanisme de pacotille que le groupe conchie. Et « Extase Exquise » de bien marquer la scission de son plan d’intro gigantesque et corrosif, qui place en avant une avancée plus posée, mais toujours interrompue de blasts qui créent le marasme. Je le disais, ce sont les détails divergents qui instaurent le malaise, comme ce chant scandé d’une voix théâtrale, ou ce tempo qui monte d’un cran dans la bousculade sur « Souveraineté Suprême » que le groupe avait lâché comme signe avant-coureur. Sans bousculer l’ordre mondial, sans rivaliser de culot avec les formations les plus téméraires, PENITENCE ONIRIQUE impose l’ultraviolence raisonnée comme argument majeur, teintant de mélodies ses attaques sans pitié qui rappellent l’EMPEROR le plus écrasant et emphatique, sans en emprunter les astuces. Il est pourtant difficile de composer un album en se basant sur des principes fondamentaux, mais la façon qu’ont ces musiciens de moduler sur des thématiques classiques en y insufflant leur patte a quelque chose de vraiment hypnotique. Pas d’hésitation au moment d’utiliser un son clair presque hors contexte, pas de tergiversation lorsqu’il s’agit de tout écraser sur son passage (« Vestige »), et une force de caractère qui induit le respect le plus absolu.
Hors du temps, PENITENCE ONIRIQUE reste sur des sentiers balisés pour affirmer sa personnalité. Plus extrême que V.I.T.R.I.O.L, plus efficace aussi dans les gimmicks accrocheurs (« Vestige » distille des riffs mémorisables sans tomber dans la facilité), Vestige est plus qu’une trace, il est la seconde pierre posée pour construire la cité de demain, une cité à moitié immergée dans la terre du passé, mais qui émergera comme le mausolée le plus respectée de la scène BM traditionnelle. Un culte est né, il conviendra de l’honorer pour sa sincérité et non pour de fallacieuses promesses vendues comme des dogmes inaliénables.
Titres de l’album :
01. Le Corps Gelé de Lyse
02. La Cité des Larmes
03. Les Sirènes Misérables
04. Hespéros
05. Extase Exquise
06. Souveraineté Suprême
07. Vestige
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20