Il y a quelques jours, par pure nostalgie, j’ai ressorti mon pressage original de Dark Recollection de CARNAGE, pour retrouver l’essence même du Death scandinave. Oui, comme beaucoup d’entre vous, la nostalgie actuelle me sied, mais j’ai aussi besoin de respirer les effluves originelles pour ressentir encore une fois le frisson d’époque, celui qui m’a parcouru l’échine en posant sur ma platine les œuvres d’ENTOMBED, DISMEMBER, UNLEASHED et CARNAGE justement. Et en réécoutant ce fameux album de CARNAGE, j’ai pu comprendre de nouveau à quel point le son suédois répondait à une norme de froideur musicale à base de HM-2 poussée à fond les ballons, de nihilisme rythmique, et de fascination pour les travaux littéraires et occultes de Lovecraft, comme une marque éternellement déposée mais libre de droits que tous les musiciens du monde peuvent utiliser à loisir. Et certains ne s’en privent pas, sans même venir de Suède, ce que le second LP des chiliens de SOULROT prouve à chacune de ses notes. Il n’est d’ailleurs pas si étonnant de constater que le projet a vu le jour dans les années 90, entre 93 et 94 pour être plus précis, même s’il a été mis de côté pratiquement immédiatement. Créé par le guitariste JL Osmos (BETRAYED, ex-MICOSIS, ex-GANGRENOUS), SOULROT a été relancé en 2013 par son auteur associé au bassiste/chanteur JH Wilschrey (SADISTIC MURDER, ACERO LETAL), et c’est en 2014 que la première démo du concept vit le jour, sous la forme d’une tape de six morceaux dupliqués sur chaque face et intitulée Horrors from Beyond. Un premier EP fut ensuite lâché sur le marché, Revelations, avant que la bande complétée du frappeur Daniel Fredes (SADISTIC MURDER) ne publie enfin son premier longue-durée il y a trois ans, Nameless Hideous Manifestations.
De sa pochette à ses sonorités, ce premier LP empestait le Death suédois de l’orée des années 90, chose assez étrange de la part de musiciens de Valparaiso, la scène chilienne contenant aussi son lot de références incontournables. Mais il n’y a aucun mal à préférer le froid nordique à la chaleur sud-américaine et c’est ainsi que l’optique du trio s’encrait dans une tradition hivernale typiquement scandinave, et trois ans plus tard, son optique n’a pas changé, et son inspiration non plus. Toujours soutenu par les espagnols de Memento Mori, qui ont renouvelé leur confiance avec bienveillance, SOULROT jette donc un énorme pavé dans la mare et ne transgresse pas ses propres règles éthiques avec Victims of Spiritual Warfare. Décalque presque parfait du premier album, ce second long fait donc la part belle au recyclage de plans congelés des années 90/91, et se pose en synthèse presque parfaite du diptyque magique Left Hand Path/Clandestine, avec une petite touche de Dark Recollection par-dessus comme glaçage. Pas de surprises donc, mais une solide affaire de Death des origines, toujours aussi morbide et efficace, et respectant une structure assez étonnante. Plutôt que d’imiter leurs confrères et de proposer neuf morceaux longs et pesants, les chiliens ont opté pour la quantité dans la brièveté, et lâchent quinze morceaux dont la plupart ne dépassent pas les trois minutes, créant de fait un effet d’agression ininterrompu totalement délicieux et terriblement efficace. Certains des segments restent même sous la barre des deux minutes, à l’image de « Perpetual Warfare », massacre en règle à la basse ronflante et au mid tempo efficace. De l’autre côté du spectre, « Chainsaw Worship Hymn » ose les blasts pour une attaque frontale de toute cruauté, et l’écart d’inspiration permet une aération du concept qui lui évite l’écueil de la redite ou de la paraphrase systématique.
Efficace en diable à défaut d’être original, Victims of Spiritual Warfare est donc un pur concentré de haine Death séculaire, de celui qui suinte des tombes anonymes d’un cimetière de Göteborg. La sensation est réelle, et on peut presque sentir le souffle de Lars Goran Petrov nous embuer les naseaux (le timbre de JH Wilschrey est très proche de celui du suédois), alors que les guitares d’Ulf "Uffe" Cederlund et Alex Hellid s’incarnent dans le seul instrument de JL Osmos. La passation de pouvoir est donc bien tangible, et en posant les oreilles sur le fatal « Protect the Coven », vous aurez bien du mal à savoir si vous écoutez ENTOMBED ou SOULROT. Le plagiat n’est donc pas loin, mais peut-on raisonnablement en vouloir au mouvement old-school de s’inspirer des meilleurs et d’aller traquer la muse du côté des légendes ? Oui et non, et si parfois, on aimerait un peu plus d’audace, ce regret est rapidement compensé par des accès de rage pure, avec en exergue ce rythme complètement affolé en intro qui s’écrase sur un riff plus Clandestine que nature (« Evolutive Slaves »). Sans vraiment aller chercher la petite bête, le trio chilien s’offre quand même des moments plus personnels et savoureux, et « What Destroys You, Makes Us Stronger » de ses cinq longues minutes de proposer une ambiance plus enlevée et joyeuse, avec son tempo bondissant et son chant enfin éloigné des turpitudes les plus nordiques. Bien sûr, le naturel reprend vite ses droits, mais ces quelques secondes de respiration permettent d’apprécier le classicisme de quarante minutes sous influence, et l’album passe très vite, notamment grâce à la brièveté de ses chapitres.
Tout se termine dans le chaos lovecraftien de « Aquelarre », chanté en langue natale et qui apporte un peu de sauvagerie brute au flegme morbide scandinave. Et en occultant (sic) les emprunts plus qu’évidents, la filiation qui crève les yeux Victims of Spiritual Warfare se déguste dans une chambre froide, juste à côté d’un cadavre à la rigidité rassurante, et la mémoire plongée dans le souvenir des vagues d’attaque suédoises de l’orée des années 90.
Titres de l’album:
01. La Doctrina de los Malnacidos
02. Nihilistic Automata
03. Buried Alive
04. I, Master
05. Perpetual Warfare
06. God Forsaken
07. Deceiving Tyranny Manifesto
08. Chainsaw Worship Hymn
09. Protect the Coven
10. Evolutive Slaves
11. All That Remains
12. Nameless Ritual
13. Hideous Manifestation
14. What Destroys You, Makes Us Stronger
15. Aquelarre
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