Loin de moi l’idée de jouer les blasés, mais honnêtement, jouer du Death old-school n’est vraiment pas tâche ardue. Loin des écuries d’Augias ou des comptes de Liliane Bettencourt, la pratique du Death Metal est assez simple, d’autant que tous les schémas ont déjà été établis depuis la fin des années 80. Alors, il suffit de les reprendre intelligemment, de piocher dans le catalogue de riffs bien fourni, et vogue la galère, puisque n’importe quel musicien est capable de reconstituer le puzzle et d’y ajouter assez de poussière pour le rendre casher. Mais jouer du bon Death old-school, qui donne envie de manier la tronçonneuse ou de danser le longs des golfs GTI claires est un poil plus compliqué. Il faut adopter une posture risquée, plus personnelle, ajouter des ingrédients, doser différemment, s’éloigner de l’école floridienne ou scandinave, et oser placer quelques plans moins prévisibles, voire de tout reprendre à zéro ou presque. Et tomber sur ce genre de groupe est aussi rare que d’en dénicher un constitué de deux paires de frangins.
C’est pourtant le cas/mille offert par TOMBSTONER, né du côté de Staten Island, New York, et monté de toutes pièces par un duo de siblings comme on les appelle là-bas. TOMBSTONER est donc le résultat de l’association des frères Megill et Quinones, qui depuis 2019 cherchent le secret de la salsa dans la discrétion relative de la grosse pomme. Après un premier EP publié en 2020, Descent to Madness, les 2X2 ont donc choisi de se lancer sous la protection du parrain Redefining Darkness, et de proposer à leur public ce premier long, Victims of Vile Torture, qui à contrario de ce que son titre pourrait laisser indiquer, n’est pas qu’une longue et pénible séance de torture auditive pour maso jamais repus.
D’un côté, Thomas (chant/basse) et Daniel Megill (guitare). De l’autre, Jesse (chant/guitare) et Jason Quinones (batterie). Au centre, un Death Metal épais mais fluide qui se permet d’être aussi groove qu’il ne peut sonner Grind. Alors, résultat des courses, sans Omar Sharif, ce premier album est fort d’une maîtrise rare du sujet, à tel point qu’il peut évoquer le MORBID ANGEL période Erik Rutan (« Fractured Souls »). D’entrée, on prend acte du potentiel technique des deux paires, et surtout, de la dextérité d’un batteur qui n’a pas les fills dans sa poche, et dont le jeu suggère une fusion entre Pete Sandoval et Steve Asheim. Ensuite, ce sont les capacités des deux guitaristes qui surprennent, puisque les deux ne s’y prennent pas comme des manches mais savent explorer le leur, et nous sortir des riffs purement groovy au moment où on s’y attend le moins, sans sonner opportunistes.
Et alors que le spectre d’un énième album OLDM nous saoule de ses bruits de chaîne convenus, on tombe sur un monstre bien vivant, à cheval entre les genres, mais dominant crânement le sien. Et si « Victims Of Vile Torture » joue en ouverture le classicisme, les masques tombent dès le roublard « Sledgehammer », qui n’a pas grand-chose en commun avec Peter Gabriel. Car après une intro sobre et totalement dans le style, une accélération en saccades purement Thrash, quelques blasts pour rester dans le ton, c’est un break fluide et entraînant qui nous cueille à froid avec ses cassures nettes et sa basse grondante. On prend alors la pleine mesure du potentiel d’un groupe qui a bien compris que le recyclage pour le recyclage n’avait d’autre intérêt que de satisfaire les sens des passéistes indécrottables.
Une fois cette surprise passée, l’album prend son rythme, ose des inserts à la METALLICA de « Shortest Straw » sur « Breaking Point », catchy en diable avec cette basse roulante à la Paul Raven, et les titres exercent tous un pouvoir de séduction majeur dans la brutalité, au point de représenter une sorte de consensus entre toutes les écoles de pensée brutales. Parfaitement en place, conscient de ses moyens, le quatuor nous en met plein les oreilles, et passe en revue toutes les astuces à même d’aérer sa musique. Ainsi, « Nothing's Sacred » oppose la lourdeur extrême à la mélodie passée, tandis que « Frozen In Fear » écrase tout sur son passage à la suédoise, mais la niaiserie des harmonies en moins.
Doté d’une énorme production, enregistré par Ben Karas (qui lâche aussi quelques plans de violon), mixé et masterisé par Bobby Torres au Frightbox Recording, Victims of Vile Torture est un exercice de style fameux et savoureux. La reprise monstrueuse après le break sur « Frozen In Fear » rappelle que FEAR FACTORY devrait vraiment prendre sa retraite, tandis que la puissance époustouflante de « Armageddon » relègue la concurrence vintage au simple rang de faire-valoir. En modulant les lignes de chant, en taquinant le Techno-Death sans tomber dans le piège de la démonstration, les TOMBSTONER signent un bel exemple d’individualisme dans le formalisme, et trouvent toujours la petite idée qui va faire rebondir un titre au squelette classique.
Je ne prétends pas en ces lignes avoir trouvé le sauveur du Death Metal historique, mais juste avoir écouté un album qui sort clairement du lot, et à dessein. Un album qui utilise les codes mais les reprend à son compte, et qui livre un bilan assez enthousiaste du Death Metal des années 90. Et dans une époque rongée par la facilité d’un plagiat à peine déguisé, les TOMBSTONER font figure de revendeurs classe à la boutique bien achalandée. Mais inutile d’attendre les soldes, ici, on paie plein tarif, et on ressort en sachant qu’on a fait une bonne affaire.
Titres de l’album:
01. Victims Of Vile Torture
02. Sledgehammer
03. Breaking Point
04. Fractured Souls
05. Grave Dancer
06. Nothing's Sacred
07. Frozen In Fear
08. Armageddon
09. The Witch
10. Trepidation
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