Il y a des matins comme ça, où on a envie de se la jouer plus fin que d’habitude. Et manque de bol, on finit par reprendre une tranche de pain, du pâté et un bon verre de rouge bon marché.
Bon.
Au moins aurais-je eu la volonté…
En même temps, j’aurais pu m’en douter…Des mecs aux sobriquets aussi subtils que Phlegathon (chant), KK Destruktor (guitare), Chainsaw (basse) et Olaaf (batterie), réunis sous la bannière HOLOCAUST LORD, et qui flanquent la pochette de leur premier album d’un gros zombie décharné à croix inversée, fallait pas s’attendre à du Ronsard sur fond de Nick Drake suggéré…
Mais le bourrin, même de bon matin, ça a du bon. Déjà ça réveille, et puis ça met plutôt de bonne humeur, pour peu que l’esprit soit chafouin et joueur.
Et il l’est, je vous le confirme.
Alors, histoire d’en dire un peu plus au risque d’être en retard, je vous précise d’emblée que ces olibrius existent depuis 2014, qu’ils ont déjà publié une démo la même année (…Go To Hell), et un EP un an plus tard (Pure Holocausting Hell), qu’ils sont manifestement obnubilés par l’enfer et ses démons, mais surtout par un Thrash à relents Black N’Speed de bon ton.
Le genre de mecs qui dessinent un pentagramme sur le sol du salon à la craie et qui se marrent de voir la tête de mémé qui en a marre qu’on salisse son parquet.
Des influences avouées ? Celles figurant sur leur page Facebook, VENOM, BATHORY, MOTORHEAD évidemment, soit la crème du barbare tartare qui ne laisse jamais la barbaque traîner trop longtemps sur le buffet.
Une touche de Unholy Sleazy Black Rock N’Roll plus tard, et nous obtenons cette mixture caliente qui déborde de leur premier longue durée, et qui va bien réchauffer vos mois d’hiver pas encore entamés.
Il est certain que Violence Beyond Death est tout sauf fin, mais il est malin, très malin. Dans un registre de Black paillard et avançant au sonar, on a rarement fait mieux, et on sent dès les premières minutes que le quatuor n’est pas là pour nous prendre la tête, mais plutôt la replonger dans les souvenirs bénis du début des eighties, lorsque la violence instrumentale n’avait pas encore dépassé les bornes.
On sent bien sur la révérence aux VENOM, au travers de ce chant gentiment sadique et de ces rythmiques primitives qui piquent, et celle de CELTIC FROST pour l’abordage de la violence sous sa lumière la plus primale et aveuglante.
Pas de fioritures techniques, mais un abordage tout sauf clinique qui rappelle aussi les DESTROYER 666, voire même un DAKTHRONE du samedi soir, un peu torché mais qui arrive encore à s’accorder dans le noir.
Alors bourrin certes, mais est-ce pour autant que les chansons de ces allumés tiennent debout pour de bon ? Evidemment, parce qu’au-delà de leur apparence de gentils satanistes du dimanche, ces Canadiens savent jouer, simple et carré, et surtout, trousser de solides hymnes à la débauche parfaits pour headbanger sans trop se demander si on n’a pas mieux à faire de sa journée.
On pense souvent à une union virtuelle entre VENOM et HELLHAMMER (« Possessed/Evil Shall Arise »), reliée par une passion commune vouée à Lemmy et sa tête de moteur, voire à l’émergence de la nouvelle scène Thrash N’Speed d’Amérique du Sud pour cette débauche de décibels et de folie qui reste quand même dans les limites de la raison.
Car là est la force de ces quatre fondus, ne pas hésiter à pousser l’exubérance sur son dernier charnier, sans toutefois oublier de jouer. Parce qu’il est toujours facile d’affirmer que l’on est plus « true evil » que la moyenne, encore faut-il le prouver.
Et les HOLOCAUST LORD avancent les arguments de leur outrance, en pondant de petits hymnes à la décadence grasse, comme cet irrésistible « Blasphemic Majesty », qui peut se targuer de développer un riff sobre et accrocheur sur un mid tempo qui n’est pas moins frondeur. Simple et efficace, véritable « hit » de l’enfer qui reste dans la tête et vous la plonge dans les flammes, avant un soudain déchaînement de blasts aussi surprenant que charmant.
On sent en arrière-plan une passion non dissimulée pour le SODOM le plus vilain mais carré, et ils nous refont d’ailleurs le coup de la violence acharnée à vitesse modérée à intervalles réguliers, comme sur ce terrible « Total Black Damnation » que Tom Angelripper et Schmier auraient pu entonner lors d’un sabbat improvisé.
Mais c’est bien évidemment l’ombre de Tom Warrior qui plane au-dessus de cette messe noire sans victimes, comme l’avoue à demi-mots « Satanic Blood », qu’on aurait aisément pu retrouver sur la séminale démo Satanic Rites des Suisses.
La production très sèche et à l’écho un peu excessif rappelle d’ailleurs les productions underground des années 84/85, avec ce son de guitare un peu grésillant et ce chant mixé en arrière-plan, sans parler de ces soli primitifs qui lacèrent les enceintes avant qu’un break incisif ne réconcilie les boomers avec la console à vif (« Force Of Darkness », le genre DESTRUCTION joue du canon avec DESTROYER 666).
Mais tout ça déborde d’un réel enthousiasme et d’une foi sans borne, et les hymnes s’amoncèlent sans faiblir, l’album se terminant même sur deux postulats définitifs de Thrash N’Black N’Speed de folie.
« Alcohol Antichrist » fait fraterniser le TANKARD le moins entamé avec les premiers SEPULTURA encore à peu près frais, tandis que « Satanic Speed Metal » gagne sa place au panthéon des tubes improbables, et concrétise le rêve d’un Killmister tapant le bœuf avec la scène Allemande et Suisse des eighties infinies. Raclage de gorge, riffs en lames de scie qui volent à travers la pièce, basse qui cimente et batterie qui plâtre, c’est du bricolage d’orfèvres de l’orgie en fièvre, et finalement, l’impression laissée en pointillée est plus que bonne, elle est…endiablée.
Oui, tout ça est simple et hautement nostalgique, mais c’est tellement bien fait qu’on se moque des possibles améliorations à apporter, puisque la perfection n’est pas une donnée viable dans ce genre de projet.
Beaucoup d’exagération, une brutalité de fond, mais beaucoup d’amour et de Speed, pour un Black Thrash très ludique et surtout, toujours unique.
Alors, fuck la finesse et vive la liesse en vitesse.
Tiens, et si j’étalais le pâté sur une vierge effarouchée ?
Titres de l'album:
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