Avec un nom pareil, pas de surprise à craindre, et autant y aller franchement et tremper ses pieds déjà souillés dans le Gore Grind ou le Brutal Death. Sauf que parfois, même écrites noir sur blanc, les apparences sont trompeuses, du moins en partie. Car il n’est point question ici de couinements de goret ou d’agression non-stop sur fond d’évocation de relations amoureuses nécrophiles, mais bien d’expérimentation, au point qu’on en perd vite son latin, et qu’on hésite entre plusieurs possibilités. Doom/Death ? Sludge nauséeux ? La question reste en suspens comme les aigus au moment du mixage, mais plutôt que de parler de groupe, il convient de présenter la créature BEASTIAL PIGLORD comme un one-man-band, ce qu’elle est assurément. Gageons que le dénommé Hudson Conner a du se prendre pour le docteur Frankenstein au moment de définir les capacités de sa création qui semble née de l’assemblage de parties de peau disparates et cousues un peu à l’avenant. Non que les bourrelets dépassent, non que le faciès soit vraiment abominable, mais il est toutefois assez ardu d’en définir les contours après une première écoute, aussi douloureuse soit-elle. D’ailleurs, une fois en monstre venu au monde, il s’est muré dans le silence entre 2012 et 2018, avant de pousser son premier hurlement inhumain en 2018, via un premier long, The Infernal Names. Seulement depuis, ayant découvert le pouvoir de l’expression primale, le bambin ne s’est pas arrêté de babiller, devenant de plus en plus véhément avec les années. Et c’est au travers de onze LP qu’il s’est exprimé, dont pas moins de sept en 2020, ce qui en fait l’un des mioches les plus bavards du monde. Mais après analyse de ce Viorensilt, qui n’est même pas la dernière régurgitation semestrielle de la bête, on se demande ce qu’il peut bien avoir de si important à hurler pour ouvrir sa bouche aussi souvent…
Dans les faits, BEASTIAL PIGLORD incarne la quinteuse de l’underground américain. Celui qui se vautre dans la fange pure et simple, et qui profite des techniques d’enregistrement modernes pour dégainer les sorties plus vite que Lucky Luke les coups de flingue. A chacun d’apprécier la prolixité de tels artistes, qui parlent souvent pour ne pas dire grand-chose, mais à la rigueur - et sans connaître vraiment le passif du musicien - Viorensilt constitue un point d’entrée intéressant pour approcher l’univers de Hudson Conner. Doté d’un son abominable servant admirablement bien le propos glauque, cet album de quarante-cinq minutes s’incarne dans une logique extrême poussée justement à ses extrêmes, et rappelle un peu les productions de Satan Records, sans l’amateurisme bruitiste et délibérément choquant. Ici, la musique se distingue sans problème, et l’oreille n’a pas à s’exercer pour différencier la batterie du chant ou la basse du broyeur de l’évier. Evidemment, la structure est assez monolithique, et répond à des exigences se situant en convergence du Death le plus sombre et sourd et du Doom le plus poisseux et cauchemardesque, et les imperméables à la brutalité larvée fuiront à toutes jambes une fois les deux premiers morceaux passés. Dans ses moments les plus créatifs, Viorensilt suggère une osmose entre INCANTATION et ENCOFFINATION, avec toujours cette lourdeur excessive, cette moiteur ambiante, et ces ambiances anxiogènes de fin du monde. Proche d’un Drone pas vraiment avoué, l’album joue donc sur les nerfs de l’auditeur, et titille la corde sensible des amateurs de souffrance sonore. La rythmique, plus volontiers conçue comme un système de percussions global, marque plus ou moins le rythme, qui la plupart du temps est pachydermique, et le chant, sous mixé et en retrait se veut aussi diabolique qu’une incarnation d’Halloween de Lucifer en nuisette.
Pour autant l’exercice est loin d’être ridicule, et le rendu plutôt effectif. Le principal grief à formuler est toujours le même dans ce genre de tentative, à savoir l’absence totale de prise de risque et de modulation, les morceaux se ressemblant tellement qu’on a le sentiment d’avoir affaire à une longue litanie de trois quarts d’heure découpée en plusieurs mouvements très lents. Mais avec quelques riffs plus accrocheurs que la moyenne (dont celui du très malin et vilain « Elsewhere Nothing »), des soli rudimentaires pour orner le sapin, et cette voix qui gronde en arrière-plan comme un boogeyman avide de revanche, ainsi que quelques accélérations aléatoires, l’album passe tout juste le test de qualité minimum. Le musicien, responsable de tous les instruments a au moins la décence de nous éviter le feedback systématique, et prend même le soin d’exagérer parfois les effets pour produire une musique vraiment cauchemardesque (« Ode Lillian »). Moins pesant qu’ENCOFFINATION, mais tout aussi linéaire, BEASTIAL PIGLORD est donc supportable, pour les fans de ce genre de musique principalement, et en abordant son œuvre avec un esprit sélectif. Mais quelques intros horrifiques bien troussées (« Some Other Terrible Fate »), un tempo qui parfois monte légèrement dans les tours (« Fields Of Forel »), et un soin porté à la cohérence permettent à Viorensilt de se laisser écouter sans trop de déplaisir, pour peu que vous fassiez quelques pauses. De là à se plonger dans une discographie pléthorique et certainement excessive, il y a un pas de géant au-dessus de la fosse commune que je ne franchirai surement pas.
Titres de l’album :
01. The High Priestess
02. Mortselth Friv
03. Lossless
04. Elsewhere Nothing
05. Ode Lillian
06. Some Other Terrible Fate
07. Fields Of Forel
08. Comeuppance
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