Soit je vieillis et je revois mes standards à la baisse, soit je me montre de plus en plus perméable à des styles qu’autrefois je conchiais de toutes mes forces. Mais il me faut admettre une complaisance de plus en plus évidente envers le Power Metal qui, fut un temps, représentait ma kryptonite au même titre que le Metal symphonique. Heureusement, je sais encore faire la part des choses et séparer le bon grain de l’ivraie, et tomber à chaque fois sur des groupes méritant amplement mon soutien/intérêt. Comment reconnaître en effet un bon groupe de Power d’un mauvais ? Sans se baser sur une subjectivité qui n’est pas de mise, la réponse est simple. La deuxième catégorie est polluée par des musiciens s’en remettant à des gimmicks putassiers et susceptibles de séduire le plus grand dénominateur commun, la première elle pouvant compter sur des compositeurs sachant faire la différence entre une bonne chanson et une accumulation de poncifs éculés depuis le premier HELLOWEEN. Dès lors, plusieurs écoles se tirent la bourre, les scandinaves étant une fois de plus rois en leur domaine, mais cette assertion serait injustice pour un autre peuple qui lui aussi a tout compris depuis longtemps. Je veux bien évidemment parler de l’Italie, qui a réussi à un instant T à mélanger l’exubérance de la Commedia Dell’arte à celle de Wagner, pour nous proposer un opéra métallique surpuissant et ultra mélodique, au point d’être devenue une nation référence en la matière. Un exemple probant m’en fut donné ce matin avec la sortie du nouvel album des héros nationaux de TEMPERANCE, qui à l’inverse de leur nom jouent l’exagération, l’emphase, le dramatisme harmonique et la puissance dévastatrice. Et si les qualités du groupe crèvent les oreilles après quelques minutes seulement, ce cinquième LP est en quelque sorte une apothéose en soi, avec son équilibre parfait entre démonstration et inspiration, sans jamais dévier d’un iota de la philosophie d’origine.
TEMPERANCE nous vient de diverses régions italiennes, et existe depuis sept ans maintenant, mais s’est déjà autorisé pas moins de cinq longue-durée, ce qui en fait l’un des groupes les plus prolifiques du genre. Mais qui dit prolifique ne dit pas forcément essentiel, sauf que dans le cas de nos amis transalpins, la quantité n’a jamais nui à la qualité. Et c’est ainsi qu’après un premier éponyme publié un an après la formation du concept, ce sont Limitless en 2015, The Earth Embraces Us All en 2016 puis Of Jupiter and Moons en 2018 qui se sont succédés pour asseoir la réputation d’un ensemble incroyablement doué dans son domaine, et qui semble tous les deux ans s’abreuver à la fontaine de jouvence pur retrouver l’impulsion nécessaire à son avancée permanente. En 2020, soit encore deux ans après leur dernier job, les italiens reviennent avec un Viridian gonflé à bloc, passant de Scarlet Records à Napalm Records, tout en conservant ses traits distincts. Ce cinquième tome des aventures vient donc étoffer une discographie déjà fort conséquente pour un quintet n’accusant même pas une décennie au compteur, et a bénéficié d’un traitement aux petits oignons, voyant son mixage et son mastering confiés à la légende Jacob Hansen (VOLBEAT, EPICA, AMARANTHE) et sa pochette au trait précis et coloré de Yann Souetre (AYREON), ceci afin de mettre toutes les chances de séduction de son côté. Et après plusieurs écoutes du produit en question, il n’est pas vain d’affirmer que Viridian risque fort de faire exploser le groupe sur la scène internationale, tant celui-ci se permet de tutoyer les légendes les plus confirmées du style. La recette est pourtant simple et d’usage, d’énormes riffs, des couplets rageurs mais abordables, pour des refrains fédérateurs entonnés à plusieurs voix comme l’exige la tradition. Le tout est fort bien emballé dans un packaging sonore énorme, mettant admirablement bien la rythmique en valeur, sans pour autant oublier les voix dans le mix ni les mettre trop en avant. Niveau voix, on retrouve toujours ce triptyque sacré qui se partage entre chant clair féminin et masculin, soulignés de quelques growls par le guitariste Marco Pastorino, seul membre d’origine aux côtés du bassiste Liuk Abbott. Peu de choses ont changé depuis le dernier LP, Of Jupiter and Moons qui avait permis au quintet de se faire remarquer par son nouveau label, et c’est donc avec un plaisir certain que nous retrouvons Michele Guaitoli (FUTURE IS TOMORROW, KALEDON, OVERTURES, VISIONS OF ATLANTIS) au chant masculin et Alessia Scolletti au chant féminin, les deux se complétant à merveille pour faire de cet album une symphonie vocale ininterrompue qui loin de se contenter du minimum syndical, explore les climats et les ambiances, allant jusqu’à enregistrer un véritable chant de Noël pour satisfaire ses fans les plus attachés.
Pour faire simple et plus précis, et à l’adresse des néophytes, TEMPERANCE est une alliance, celle de différents groupes référence du créneau, et il n’est pas incongru d’affirmer que les italiens sont parvenus à synthétiser les aspects les plus caractéristiques de combos comme EPICA, WITHIN TEMPTATION, DRAGONFORCE (en version moins cartoon), et AMARANTHE. En résulte une musique aussi Heavy que mélodique, aussi puissante que séduisante, et bénéficiant de l’apport indéniable de trois couches vocales différentes, technique utilisée par les mercenaires d’AMARANTHE pour faire plier les oreilles du public sans qu’il ne s’en rende compte. Mais si AMARANTHE a toujours eu ce petit côté populiste que les puristes détestent tant, TEMPERANCE n’a jamais trahi le Metal pour le faire plier aux exigences d’une Pop un peu trop facile, durcissant le ton des guitares pour ne pas que les arrangements vocaux ne fassent sombrer ses efforts dans la mélasse. On pense aussi évidemment aux anciennes idoles de STRATOVARIUS, de RHAPSODY lorsque l’ambiance devient guerrière, et l’ouverture musclée de « Mission Impossible » est clairement symptomatique de la démarche Power de ces dix dernières années, avec son riff Néo sur fond de rythmique Metalcore. L’art des italiens et ce qui leur permet de se démarquer de la concurrence est leur capacité à varier les approches, passant sans vergogne mais avec crédibilité d’un hit Modern Hard Rock sautillant de la trempe de « I Am The Fire », à un crossover Folk/Symphonique aussi charmant que « Nanook », sans oublier un arrêt sur la case Classic Metal avec le tube clippé « My Demons Can’t Sleep ». Tout est bien sûr calibré, les aspérités sont gommées, la perfection visée, et si le tout pourra paraître clinique aux allergiques du formatage, les fans se réjouiront d’une telle variété qui leur permettra d’apprécier les sonorités cajoleuses de la ballade « Gaia », emphatique au possible, tout comme les allusions Pop de « Let It Beat » qui parachève le parallèles avec les collègues d’AMARANTHE.
Il y a de la Suède dans ce Metal là, du second degré savoureux (le chant de Noël customisé Metal « Lost in the Christmas Dream » en bonus qui n’est pas sans rappeler la période charnière délicate d’HELLOWEEN avec Kiske), mais il y a surtout beaucoup de foi et de savoir-faire. Et avec ce cinquième album, il ne serait pas étonnant de voir les TEMPERANCE grimper jusqu’aux premières marches du podium Power Metal, puisqu’ils le méritent amplement.
Titres de l’album :
01. Mission Impossible
02. I Am The Fire
03. Start Another Round
04. My Demons Can’t Sleep
05. Viridian
06. Let It Beat
07. Scent Of Dye
08. The Cult Of Mystery
09. Nanook
10. Gaia
11. Catch The Dream
12. Lost in the Christmas Dream
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09