Résumons la chose. Des suédois, une musique qui sent bon les années 80, et un résultat qui parvient sans peine à nous donner l’illusion d’un bond dans le temps. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Moi oui, soit environ quatre-vingt-dix pour cent des groupes scandinaves que je chronique depuis mon entrée en lice dans l’équipe de Metalnews, et dont je vous entretiens avec une régularité confondante…Je ne rentrerai pas une fois de plus dans le débat stérile consistant à savoir si les musiciens locaux sont capables de faire autre chose que de verser dans une nostalgie lucrative, et je me concentrerai donc sur les qualités intrinsèques d’un ensemble qui pour une fois dans sa carrière, semble s’éloigner de son influence majeure pour couvrir un peu plus de terrain. Pour les néophytes, GRAND DESIGN est un groupe de Västerås, formé en 2006 autour de la personnalité de son vocaliste/producteur, Pelle Saether. L’homme s’est vite entouré de musiciens capables partageant son obsession pour des eighties qui lui donnaient le frisson, et d’année en année, le concept suédois a empilé les albums, partant du séminal et célébré Time Elevation, pour en arriver à ce Viva La Paradise, en passant par les étapes Idolizer et Thrill Of The Night. Loin de faire l’unanimité dans la critique et auprès du public, le groupe s’est souvent vu reproché des accointances un peu trop prononcées avec les anglais de DEF LEPPARD, au point de susciter des vocations ludiques chez les auditeurs qui prenaient un malin plaisir à tenter de trouver quelle chanson des LEP était pillée via tel ou tel morceau. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, et si certains griefs restent patents, il est fort possible que ce quatrième effort longue-durée instaure une sorte de trêve à défaut de paix. Car cette fois-ci, les GRAND DESIGN ont vu les choses un peu plus grand, et nous offrent un survol très patent d’une décennie qui plaçait la mélodie et l’énergie sur un pied d’égalité.
Aujourd’hui quintette (Pelle Saether: chant, Janne Stark & Dennis Vestman: guitares/chœurs, Stefan Westerlund: basse/chœurs et Joakim Jonsson: batterie/chœurs), GRAND DESIGN nous invite donc à une visite guidée du paradis Hard-Rock tel que les croyants le visualisaient il y a une trentaine d’années, et autant dire que le tour-bus est richement décoré et que la bande-son est de très grande qualité. En choisissant de ne plus choisir et de se laisser influencer par les meilleurs représentants de l’époque, les suédois ont opté pour la meilleure solution, et nous offrent sans aucun doute le LP le plus varié et euphorique de leur carrière. Inutile donc de traquer une nouvelle version de « Action », « Photograph », « Animal » ou « Bringing On The Heartbreak » sur Viva La Paradise, puisque la nouvelle optique se veut plus généraliste, et prend même en compte l’héritage impérissable de groupes comme 220 VOLT, CRAAFT, POISON, MÖTLEY CRÜE et autres ardents défenseurs de la cause Rock échevelée mais mélodique. Nous approchons même en plus d’un virage des chicanes Glam et Sleaze, tant l’adjonction de riffs puissants et de mélodies insistantes sur le tapis vocal immédiatement reconnaissable de Pelle Saether nous évoque la scène mélodique suédoise des eighties, mais aussi la vague californienne de la même époque, tirant quelque peu sur l’AOR le plus musclé histoire de garder les cheveux en l’air. Dix morceaux pour autant de hits, qui se partagent entre groove infernal, mid tempo fatal et riff létal, et l’accumulation de refrains d’anthologie brillamment amenés par des couplets enflammés nous entraîne dans une sarabande chamarrée et colorée qui a des airs de concours de bulles de savon qui s’envolent vers un paradis amplement mérité.
Plus qu’un simple album, Viva La Paradise est un nouvel aveu d’allégeance de la scène scandinave à une décennie qu’elle vénère plus que tout, et qu’elle semble comprendre et capable de reproduire de bout en bout. Si les harmonies vocales dominent toujours l’ensemble, les riffs saignants et soli incandescents proposés par la paire Janne Stark & Dennis Vestman assurent une assise Heavy à l’ensemble, l’empêchant de fait de sombrer dans la mièvrerie d’une pâle copie Hard FM torchée à la va-vite. Il est certain que la voix éraillée et toujours aussi haut-perchée de Pelle pourra rebuter tous ceux qui pensent que le cristal est trop précieux pour être brisé, mais il est impossible de nier que le timbre félin et presque féminin du leader s’accommode fort bien de la nouvelle tournure que prennent les choses. Des titres félins, des accroches solides et malignes, et surtout, un instinct qui pousse les musiciens a toujours privilégier les plans les plus directs et séduisants, transforment ce troisième effort en épiphanie de party, et entre le groove méchamment balancé d’un « Love Shouldn’t Hurt », le Rock endiablé de « Rawk N’Roll Hysteria », le Heavy Pop martelé comme un leitmotiv de « Don’t Ice Me Out », et l’émotion acoustique de « Aim 4 The Heart » (l’un des plus LEPPARD du lot), le bilan est indéniablement positif, et transforme ce quatrième LP en juke-box d’époque, nous recrachant des versions adaptées de classiques que rien ne saurait périmer. Certes, l’exercice de style est confondant de mimétisme, mais le quintette à au moins le mérite de s’inspirer des meilleurs, et d’imposer sa patte sans heurts, prenant donc ses distances avec des influences trop marquées, même si un hit comme « It's Only Straight From The Heart » aura de quoi donner des suées aux fans de HEAVY PETTIN et des STAGE DOLLS.
Mais on ne refait pas une éducation qui trouve ses racines dans une histoire que tout le monde connaît par cœur, et l’entrain dégagé par ces cinq instrumentistes entièrement dévoués à leur cause fait plaisir à entendre, d’autant plus que la production sonne admirablement casher. Et si de temps à autres, les GRAND DESIGN s’égarent sur le chemin du quasi plagiat (« Too Late To Fall In Love » qui ressemble quand même méchamment à une option plus légère du « Too Young To Fall In Love » de Sixx & co.), et qu’ils ont tendance à abuser de la thématique amoureuse en nous plaçant le mot love à peu près aussi souvent que Whitney Houston sur son premier album, ils parviennent sans effort à nous séduire de leur fascination, en composant des chansons qui si elles paient leur tribut aux classiques des années perdues, n’en restent pas moins de formidable tubes qu’on reprend sans trop d’arrière-pensées. Et puisqu’il faut bien en revenir à la problématique de départ, admettons qu’en dépit de leur incapacité chronique à créer quelque chose de foncièrement original, ces damnés suédois restent les meilleurs dans le créneau du vintage appliqué, ce que Viva La Paradise prouve sans aucun doute possible pendant une grosse demi-heure. Le meilleur album du meilleur groupe de copieurs, c’est une dualité qui peut agacer, mais une réalité qu’il serait stupide de nier.
Titres de l'album:
01. Face It
02. Rawk ‘N’ Roll Hysteria
03. Viva La Paradise
04. Don’t Ice Me Out
05. Aim 4 The Heart
06. I Would Be The Wind
07. Love Shouldn’t Hurt
08. It’s Only Straight From The Heart
09. Too Late To Fall In Love
10. U Can’t Fool Love
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