Première chronique de l’année 2020, autant bien la choisir. J’aurais pu aller contre ma nature et opter pour une musique pleine d’espoir et porteuse d’illusions en tout genre, mais j’ai préféré jouer la lucidité. Après tout, il y a peu de chances que 2020 soit plus clémente que son aînée 2019 et qu’elle m’offre ce dont je rêve, alors autant plonger dans les affres de l’underground bruitiste qui rythmera mon quotidien pour les douze mois à venir. Mais je concède avoir poussé loin mon concept de métonymie, et si cette année est à l’image sonore de cette bande-son cauchemardesque, je ferai mieux de m’attendre à des turpitudes infinies…Et comme une fois n’est jamais coutume, en ce moment, je me noie dans les eaux troubles et sombres du Doom pour cacher ma lassitude de flotter à contrecourant, en optant pour le second album d’un trio beaucoup plus créatif dans les faits que sur le papier. Nous en venant de Naples, les NAGA proposent leur concept de lourdeur depuis 2013 et la parution d’un premier EP éponyme, qui avait de quoi attiser la curiosité. Proposant une sorte de Post Metal terriblement noir, les italiens se jouent donc des codes de l’extrême pour mélanger des saveurs épaisses à base de Post Black, de Doom, de Crust, pour aboutir à un mélange de Blackened Doom que revendique visiblement leur label national. En 2014, un premier longue-durée avait permis de jauger le potentiel de la troupe, Hēn, mais en 2019, les musiciens reviennent plus remontés que jamais pour remonter le temps et l’arrêter, avant de l’accélérer d’une façon tout à fait incongrue, histoire de mieux brouiller les pistes. C’est ainsi que vous pouvez apprécier depuis quelques mois le très bien nommé Void Cult Rising, qui érige le vide au rang de dogme absolu, et le statisme en vertu cardinale. Mais s’ils adorent progresser au ralenti, les napolitains sont loin de faire du surplace, ce que ces six nouveaux morceaux confirment de leur puissance.
Puissance est le bon mot. C’est en tout cas ce qui ressort de ce second LP qui appuie encore plus là où ça fait mal, et qui distille des ambiances toutes aussi poisseuses les unes que les autres. Enregistré et mixé au Sulfur City Studio de Naples par Alessandro Pascolo, masterisé aux USA par James Plotkin, et emballé dans un artwork signé Abomination Imagery, Void Cult Rising est un monument érigé à la gloire de l’oppression musicale et de la créativité vénéneuse, à cheval entre les courants, mais parfaitement en équilibre sur le sien. Utilisant des codes déjà existant pour mieux les détourner, le trio (Lorenzo - chant/guitare, Emanuele - basse et Dario - batterie) s’amuse beaucoup à détourer le Doom pour lui offrir des contours plus Post que la moyenne, un peu comme si les NEUROSIS et UNEARTHLY TRANCE faisaient cause commune pour rendre hommage à la douleur des sens. Véritable plaidoyer pour la dépression universelle, ce nouvel album ne se contente pas des sempiternelles litanies du Doom, mais épaissit le Heavy pour le rendre presque palpable, osant un chant hurlé et cathartique pour contrebalancer des mélodies vraiment plombées. Mises en exergue par une rythmique la plupart du temps monolithique, ces théories mi-harmonieuses mi-bruitistes sont fameuses, et parviennent à convaincre les fans du genre qu’il est encore capable d’évoluer, pour peu qu’il accepte des influences extérieures. On sent beaucoup de choses à travers cette musique, des mélodies amères du Post qui contaminent le sang de « Pyre », le plus symptomatique de cette ouverture d’esprit, jusqu’aux à-coups de l’extrême contemporain qui ne supporte plus les costumes trop étriquées et autres appellations trop précises via « Only a God Can't Save Us ». C’est d’ailleurs très intelligent de la part des musiciens d’avoir placé ce titre en ouverture, puisqu’il est le plus à même de convertir les réfractaires du Doom de ses cassures soudaines et de sa pluralité brutale.
Mais pour ne pas jouer les hypocrites, je me dois de préciser que la lourdeur et la lenteur sont les deux valeurs les plus prisées ici. Rien n’oblige les napolitains à accélérer le mouvement, et ils le font avec parcimonie pour en garder l’effet de surprise. « Melete » le démontre avec beaucoup de conviction, se rapprochant d’un Post Doom vraiment traumatique, pour mieux nous attraper dans ses filets. On manque d’air, on se souvient des tortures en apnée infligées par le NEUROSIS le plus létal, mais on savoure ces blanches à la batterie qui martèlent un leitmotiv hurlé, comme un Post Metal qui n’en est pas vraiment, mais qui en a des airs. C’est appuyé, écrasé, hurlé à plein poumons, et on pourrait presque visualiser le mal-être sortir des enceintes tant le groupe insiste sur la vacuité de l’existence. La superbe production, dense et ample permet d’apprécier les volutes d’une basse qui sinue, mais aussi cette guitare qui s’inspire des sonorités Stoner et Desert Rock tout autant que du côté abrasif et sans concessions des UNSANE, et il n’est d’ailleurs pas incongru de voir en NAGA une version italienne des maux New-yorkais, en mode considérablement ralenti. Mais c’est bien NEUROSIS, voire CRAFT, ISIS, AMENRA qui sont pourtant les plus à même de cibler le public potentiel, sans que le trio n’ait vraiment besoin de références précises. Ce qu’on apprécie par-dessus tout, c’est cette façon de jouer avec les figures imposées pour les désincarner, de ces breaks doucereux et mélodiques qu’on sent très dangereux jusqu’à ces soudaines explosions qui vous martyrisent les tympans, et croyez-moi, lorsque la tension explose, le malaise est terriblement concret.
Le gros morceau dans tous les sens du terme, « Void Cult Rising », est une sorte de résumé exhaustif des méthodes, mais aussi une ouverture sur un avenir qu’on pressent fécond et terrifiant à la fois. La voix de Lorenzo se fait de plus en plus écorchée, sa guitare tournoie comme un présage funeste, tandis que la batterie de Dario joue de plus en plus la parcimonie, tanguant même sur son immobilisme. L’effort est notable, la puissance encore plus assourdissante, mais l’effet est maximal, dans un tourbillon de Doom joué à la NOLA, mais acceptant les concessions harmoniques du Post. On se plaît à imaginer dans un délire masochiste un morceau de NEUROSIS repris en live par EYEHATEGOD, le tout amplifié de la sono de SLIPKNOT, et le résultat n’est pas si loin du fantasme que ça. Encore une fois, la puissance dégagée par NAGA les empêche d’être simplement affiliés au Doom, mais bien à une sorte de Proto-Post-Blackened-Doom infernal et majestueux à la fois, comme une dernière démonstration de superbe avant…le néant. Le vide n’a d’ailleurs jamais été aussi bien rempli que par cette musique monstrueuse, et si 2020 se veut à l’image de cet album, nous n’avons pas fini de souffrir. Pour notre plus grand plaisir évidemment.
Titres de l’album :
01. Only a God Can't Save Us
02. Melete
03. Bedim the Sun
04. Thanatou
05. Pyre
06. Void Cult Rising
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