Comme je l’ai déjà expliqué, le terme « Metal Progressif » a le don de faire fuir une certaine frange du public Metal qui ne se reconnaît pas dans cette flatterie d’ego permanente et ces masturbations instrumentales ou chacun tire le sopalin à soi. Dans le même ordre d’idée, le Progressif plus discret de TOOL ne fait pas non plus l’unanimité, beaucoup n’y voyant qu’une immense fumisterie onaniste que les élitistes louent comme le rapport sexuel musical le plus orgiaque qui soit. Mais le Progressif, ça n’est pas qu’une longue suite d’interventions personnelles agencées comme une jam logique, et composée d’inserts pénibles pour le commun des mortels qui n’a pas fait le conservatoire. D’ailleurs, même en ayant fait le conservatoire, il est tout à fait possible de se montrer hermétique à cette stérilité créative qui le confine souvent au vide le plus lénifiant. Mais lorsqu’on aborde les choses sous un angle rythmique, lorsqu’on voit la chose avec des yeux de passionnés, et qu’on n’hésite pas à parler le langage du Jazz, du Rock, du Metal et de tout autre genre musical, le Progressif peut devenir une merveilleuse machine nous transportant dans le temps et l’espace, pourvu qu’elle soit pilotée par le bon équipage.
Je n’ai pas honte de dire que je ne connaissais pas les héros de WELCOME X avant que ce cher Arno Strobl ne m’aguille en leur direction, à l’occasion de leur second album. Au fait des accointances du journaliste/musicien avec les entités culottées et les pairs créatifs, je me suis immédiatement plongé dans l’écoute de ce Vol. 2, qui comme son nom l’indique, fait suite à un premier album qui avait beaucoup fait parler de lui. Aux commandes de l’ensemble, Phil Bussonnet, bassiste de MAGMA depuis 1996 et Sam Kün, ancien chanteur de FLESH & DUST. La rencontre entre les deux hommes fut déterminante pour placer les points de repère du projet, et si le background éclectique de Phil, qui a exercé ses talents dans de nombreux ensembles, fut la racine même du projet, le chant très agressif de Sam en fut une composante non moins cruciale.
Soutenus par Thomas Coeuriot (guitare), Joseph Champagnon (guitare) et Julien Charlet (batterie), les deux hommes se proposent donc de continuer l’exploration d’une musique qui tient tout autant du Jazz Rock des années 70 que du Metal métissé des glorieuses nineties. Enregistré par Martin Antiphon, Vol. 2 reprend donc les choses là où le quintet les avait laissées, et nous propose un voyage unique dans les arcanes de la création de ces cinq hommes qui ne supportent aucune limite. Pas question ici de Metal progressif à la DREAM THEATER, PERIPHERY ou TOOL, mais bien de Rock à tendance Metal rythmique et mélodique, qui emprunte à PEROPERO, ZEUS, NOMEANSNO, Alan Holdsworth, Didier Lockwood de quoi alimenter sa chaudière à groove, et le résultat est évidemment aussi surprenant qu’addictif.
« Thylacine Blues » en intro, est le traquenard rêvé pour les afficionados du Progressif issu des années 90, contemplatif, et capable de faire traîner un motif pendant de longues minutes en le biaisant légèrement. Avec sa ligne de basse redondante à la Justin Chancellor, son tapis de guitare en arrière-plan et sa longue intro évolutive, ce premier morceau prend son temps pour imposer sa direction, mais fait immanquablement penser à TOOL, jusqu’à ce que le chant de Sam Kün n’entre en jeu. On sent immédiatement des musiciens affirmés, capitalisant sur leur parcours passé pour continuer d’avancer et oser des choses inédites, et ce groove, ce déhanché, ce chant soudainement Hardcore permettent de s’extirper d’un carcan trop serré et trop prévisible, et d’éviter les affres de la démonstration, malgré le pedigree des instrumentistes impliqués. Mené par un bassiste féru de Jazz, il était évident que les WELCOME X allaient poursuivre la piste rythmique jusqu’à ce qu’elle n’ait plus rien$ à offrir, ce qui ne risque pas d’être le cas avec une compétence pareille. Strié d’arrangements analogiques fins et racés, discrets et indispensables, ce second album passionnant nous révèle le visage complexe d’une formation bipolaire, capable d’une violence sourde et d’une empathie vraiment sincère. La dualité est d’ailleurs parfaitement illustré par la doublette « Bullseye » (très PEROPERO) / « Everesting Light Prelude » (magnifique de sensibilité sur fond d’harmoniques magiques), et se confirme tout au long d‘un album court, concis, et vraiment attachant.
« Everesting Light Part II », suite logique du prélude reprend peu ou prou les recettes des albums instrumentaux les plus fameux des 80’s/90’s avec cette alternance d’humeurs, mais toujours cette formable osmose basse/batterie, telle qu’on pouvait la retrouver chez un tandem comme Stuart Hamm/Jonathan Mover ou plus simplement chez les frangins Wright de NOMEANSNO.
« Ombromanie », le gros morceau de l’album nous renvoie à l’audace sans bornes des) seventies en France, lorsque tout était encore possible, et que les frontières étaient faites pour être franchies. Un peu Indus sur les bords avec sa voix traitée, surtout immensément percutant, ce long pamphlet démonstratif agit comme un mantra sur l’organisme, et mixe tout autant la Fusion que le Jazz-Rock, le Metal extrême parfois, tout en gardant prise sur une lucidité mélodique qui suggère parfois des accointances avec le DEEP PURPLE le plus classique. Formidable, ce long insert permet au groupe de se lâcher dans un labyrinthe rythmique aux parois mouvantes, mais un labyrinthe logique, avec entrée en sortie, mais quelques passages dérobés. A son rôle de pivot, Phil Bussonnet en fait beaucoup, mais jamais trop, souligne les notes, rend ses attaques rondes, percute ses cordes avec ce qu’il faut de doigté, et montre quel formidable instrumentiste il est, conscient de ses moyens individuels, mais au service d’un collectif. Et si les deux guitares accomplissent un travail extraordinaire, la batterie matte de Julien Charlet offre une souplesse incroyable à l’ensemble, liant les plans comme une colle élastique.
Evidemment souvent plus Rock que Metal, malgré des accès d’électricité intenses (« Inevitable Collapse »), WELCOME X n’en remontre pas moins aux plus agressifs des techniciens Metal, leur donnant une leçon d’efficacité au passage. Et si le tout donne parfois l’impression de résulter d’une jam session intense entre musiciens d’horizons différents (dans le bon sens du terme), on comprend rapidement que malgré cette liberté, les morceaux ont été construits en tant que tels. Une invitation musicale qu’on ne peut refuser, Vol. 2 prone la lumière dans les ténèbres, et la modestie dans la grandeur. Une œuvre unique, pour des musiciens ne l’étant pas moins.
Titres de l’album:
01. Thylacine Blues
02. Bullseye
03. Everesting Light Prelude
04. Scent of Sakura
05. Everesting Light Part II
06. Ombromanie*
07. Inevitable Collapse
08. 32GE
On en parle des groupes qui tournent en Israël ? (Comment ça, je trolle ?)Alors, pour moi [qui suis à 200% pro-ukrainien pour ce qui concerne le conflit actuel et 0% russophobe (je considère qu'il y a une différence entre la Russie et la Russie de Pout(...)
31/03/2025, 21:24
Bon...Je viens de me bouffer à peu près la première moitié de leur discographie là...Comme dirait le penseur, cela m'en touche une sans faire bouger l'autre.J'aurai essayé ma foi... ... ...
31/03/2025, 09:08
Quand je vois certains commentaires ici, on mesure à quel point la France (et pas que) est gangréné par les idiots utiles de la Russie. J'aimerais bien vous y voir si ce dégénéré de Poutine avait envahi la France : comment l'auriez-vous j(...)
31/03/2025, 08:54
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
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27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
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J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33