Il y en a pour qui le mot « urgence » n’a aucun sens. Prenons les cas de nos canadiens préférés de SACRIFICE. Un comeback inopiné en 2006, un disque de reformation en 2009, et puis…plus rien. Alors certes, un ou deux splits, un ou deux live, mais rien de vraiment consistant, et surtout, de nouveau. Car c’est bien là le nœud du problème : revenir, OK, mais avec du frais, de l’inédit, quelque chose à comparer à la grande époque. Or, seize ans de silence ne sont pas la meilleure façon de prouver aux fans son respect, encore moins son attachement à des valeurs de constance. Les canadiens seraient-ils devenus moins polis et un poil fainéants ? Jusqu’à un certain point, puisque 2025 célèbre leur nouveaunouveau retour, sous les auspices de l’ancien.
Alors que les cadors se réunissent chaque année, recréant la scène des eighties avec une envie qui fait plaisir, les seconds couteaux en font de même en s’appuyant sur une légende plus ou moins vivace. Mais admettons que SACRIFICE ait été l’un des représentants les plus violents de sa génération, celle des VOÏVOD, RAZOR, SLAUGHTER et autres agresseurs aux riffs majeurs. Il était donc logique de le voir réapparaitre un jour, l’esprit revanchard et une bonne à prendre sur le destin.
Volume Six de fait, sonne exactement comme il devrait sonner. Produit par l’incontournable Brian Taylor (INFERNAL MAJESTY, SALUGHTER), il incarne sa logique avec une simplicité désarmante, et ne cherche aucunement à se faire remarquer autrement que par ses qualités naturelles. Avec ses quatre membres d’origine (Rob Urbinati - guitare/chant, Joe Rico - guitare, Scott Watts - basse et Gus Pynn - batterie), ce nouveau chapitre de la saga du froid nous réchauffe le cœur de thrasheur, et colle à la réalité d’une nostalgie toujours plus active. Sans changer d’un pouce leur attitude, les quatre canadiens continuent donc leur chemin entre Thrash classique et Thrash/Death sadique, sans pour autant sombrer dans la gaudriole achevée d’une orgie de fin de journée. Non, leur musique est toujours attachée aux mêmes valeurs de brutalité, ne s’autorisant que quelques changements de rythme pour varier son propos.
Evidemment, nous sommes loin des plus grands achèvements. Le temps de Forward to Termination ou Torment in Fire est loin derrière, et le groupe sait très bien qu’il ne fera jamais mieux. Ce qui n’est d’ailleurs pas son but ; la seule chose importante étant de lâcher les compositions les plus efficaces et les plus franches pour satisfaire sa fanbase, avide de nouveaux titres. A la manière d’un EXUMER revenant sous la lumière, SACRIFICE sort les dagues, les couteaux et prépare l’autel pour sacrifier ce qui reste de vierges dans un monde de débauche. Soit, pas grand-chose, les vierges se faisant de plus en plus rares.
Volume Six se prend donc pour son titre, une simple nouvelle étape, et pas forcément une séance de rattrapage après presque vingt ans de disette. Sous cet angle, l’album est trop convenu pour s’excuser. Malgré quelques trouvailles mélodiques bienvenues, c’est toujours le radicalisme qui est en vogue. Ce qui n’empêche pas le quatuor de trousser un ou deux morceaux plus mystiques et atmosphérique, à l’image sonore de ce vicieux « Lunar Eclipse », qui plus qu’une simple transition de deux minutes, offre un visage plus complexe et des intentions plus sournoises. On reconnaît la patte d’un groupe qui n’a jamais dévié de sa route, et qui en 2025 joue comme s’il avait toujours vingt ans.
Basé sur une cadence rapide mais raisonnable, Volume Six s’échine à réconcilier l’Europe et les Etats-Unis, pour observer la trêve de son Canada natal. Constellé de soli très capables, et propulsé par une rythmique inépuisable, il charge et rue, mais ne détruit pas tout gratuitement. Et surtout, il est drivé par la voix incroyable de Rob Urbinati, vociférateur incroyable capable de renvoyer Mille Petrozza à ses chères études Thrash sans lui griller la politesse. La marque des grands, qui même après quarante ans de carrière envoient toujours du bois, tout en se permettant quelques fioritures de basse savoureuses (« Explode »).
Solide, vigoureux, à défaut d’être intrépide et aventureux, Volume Six est une bonne cuvée, dont il ne faut pas attendre des parfums trop boisés. On dégustera l’alternance des tempi qui permet de sauter d’une humeur à l’autre sans trop changer d’avis, et l’enchaînement « Comatose » / « Antidote of Poison » est une parfaite entame pour préciser les avis et les envies.
Loin du bourrin qui tâche et du bordélique qui fâche, SACRIFICE préfère le compact qui arrache, et développe encore une fois de beaux arguments à la DARK ANGEL malsain (« Underneath Millennia »). Contemporain des RECIPIENTS OF DEATH et autres INDESTROY, le quatuor prend donc beaucoup de plaisir à varier les délires, et construit sa progression avec beaucoup d’à-propos. En acceptant directement le manque d’originalité - totalement assumé - on déguste un disque qui n’est pas trop formaté, et qui se montre intraitable, de la production à la composition.
« Your Hunger for War », belliqueux et rageur, « Black Hashish », progressif et plein de fureur, le tracklisting passe en revue tous les impératifs, entre vitesse raisonnable et lourdeur éprouvante, pour faire un carton plein et rassasier des fans qui étaient à la limite de la malnutrition musicale.
« We Will Not Survive », permet au menu de lâcher quelques saveurs plus épicées, avant qu’une reprise bien Hardcore de DIRECT ACTION ne salue les convives.
SACRIFICE a su rester fidèle à son éthique tout en embrassant son époque, épique, concrète, mastoc. Un retour qui fait du bien, même s’il reste un non-évènement certain. Mais ce Thrash actualisé développe de belles qualités, et permet de de souvenir sans céder à la facilité d’un vintage moult fois recopié. Ça ne garantira certes pas l’éternité dans les flammes ou une extermination globale, mais ça fera suffisamment mal pour qu’on s’en souvienne.
Titres de l’album:
01. Comatose
02. Antidote of Poison
03. Missile
04. Underneath Millennia
05. Your Hunger for War
06. Incoming Mass Extinction
07. Lunar Eclipse
08. Explode
09. Black Hashish
10. We Will Not Survive
11. Trapped in a World (DIRECT ACTION cover)
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30