Alors d’une part traduire une bio du Taïwanais en Français, je ne suis pas encore payé assez cher pour ça. (Sans parler de mes compétences limitées en la matière…). D’autre part, tout en connaissant une myriade de groupes, il y en a encore des milliers dont j’ignore l’existence, et donc la teneur de leur musique par extension.
Alors, non, je ne connaissais pas le quintette MASQUERADER, que j’ai découvert aujourd’hui, et qui fait partie des meilleures surprises de ce mois, ce qui est souvent le cas lorsqu’on n’attend pas grand-chose d’un combo dont on ignorait jusqu’à l’existence.
On le sait, la scène asiatique Metal est très portée sur le Metalcore, le Heavy classique et progressif, opératique parfois, sur le Power évidemment, mais assez rarement sur le Metal mâtiné de Thrash, joué d’une technique affinée. C’est pourtant le cas des MASQUERADER, qui tout en faisant parler la poudre, préparent les cartouches avec minutie et précaution.
Fondé en 2009, et ayant connu quelques changements de line-up, le quintette (Ian – chant, Zhan et Wayne – guitares, Roger – basse et Ron – batterie) a uniquement sorti deux EP, visiblement suffisamment remarqués pour qu’ils obtiennent quelques reviews sur la bible The Metal Archives.
Ainsi donc, Masquerader en 2011 et Singular Point en 2013 posaient déjà les jalons d’une musique assez spéciale et métissée, qui a évolué au fil des années, pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui sur ce premier album, Vortex Day Zero.
Et ne le cachons pas, elle est aussi envoutante que créative, et m’a laissé sur une formidable impression de dextérité instrumentale agrémentée de rigueur de composition, qui n’empêche pas pour autant quelques libertés de ton soufflant un gros vent frais sur les nuages Power Thrash US et Européens.
Si j’en juge par les opinions exprimées sur le sujet, il semblerait que les Taiwanais aient entamé leur carrière sous l’égide d’un Metalcore plus ou moins efficace, nuancé de quelques poussées Heavy/Thrash de bon aloi. De ce que j’ai pu entendre sur ce premier longue durée, visiblement ils ont changé leur fusil d’épaule pour se consacrer à un Power Thrash allégé de Heavy technique, qui doit autant à l’héritage des FATES WARNING qu’à celui des WASTEFALL ou même d’un WATCHTOWER en version light. Les noms vous allèchent ? Je vous assure qu’ils ont été choisis sciemment et patiemment, ce qui fait donc de ce Vortex Day Zero un des albums les plus intrigants et fascinants de l’année. Et oui, ce constat est aussi très posé et murement réfléchi.
Première constatation, le niveau individuel est très relevé. MASQUERADER dispose dans ses rangs d’une paire de guitaristes aussi à l’aise dans les parties en shred que dans le tricotage de riffs élaborés et efficaces, d’une rythmique polyvalente et puissante, et d’un vocaliste versatile et mordant qui n’en rajoute jamais trop dans la théâtralisation.
Le tout assemblé donne lieu à des compositions souvent alambiquées, qui utilisent des arrangements placés très intelligemment, mais qui reposent toujours sur des thèmes très accrocheurs et volubiles.
Je parlais donc de références en la matière, Techno-Thrash évidemment, et il est certain que la musique des Taiwanais est emprunte de ces influences, tout en affirmant une identité personnelle très marquée.
Et une fois l’intro spatiale « Steady State » évanouie dans les étoiles noires, le ballet prend forme autour d’un extraordinaire « Fast Forward Genesis », qui rappelle sans conteste le fabuleux comeback des WATCHTOWER sur l’époustouflant Concepts of Math: Book One. Même imbrication de plans dignes d’un mathématicien funambule, même propension à casser la technique Thrash de poussées mélodiques cotonneuses, et même talent pour rendre des parties alambiquées puissantes et purement Metal. A ce moment-là de l’album, et après une entame pareille, on est tenté d’attendre le meilleur de la suite, ce qui est exactement ce qui arrive, à des degrés divers et différents.
Outre WATCHTOWER dont l’ombre jaillit de facto sur ce premier morceau, « Second Guessing » le second chapitre évoque aussi les astres FATES WARNING et CRIMSON GLORY, pour leur propension à utiliser la mélodie de façon appuyée dans un contexte purement Proto-Metal. La technique est toujours aussi présente, mais plus diluée dans les dédales de riffs, de breaks et de parties qui s’enroulent autour d’un axe Heavy progressif symptomatique de la scène US des late 80’s.
« Anonymous Existence » joue plus sincèrement la carte de la franchise et exhale même d’un délicieux parfum uni des fragrances NASTY SAVAGE/WASTEFALL, tandis que « Rehabilitation Sequence » ose enfin lâcher la carte du up tempo, agrémenté de quelques assemblages iconoclastes entre un Metalcore abordable et synthétique et un Thrash sympathique et léger.
Comme je vous le disais, la linéarité n’est pas de mise sur Vortex Day Zero, sans que la versatilité ne perde les musiciens et l’auditeur en route. L’art consommé des Taiwanais pour faire passer les idées les plus complexes pour de simples couplets/refrains est indéniablement digne d’une filiation directe WATCHTOWER/RUSH, eux-mêmes parents inavoués. Une fois de plus, les soli sont de toute beauté et pertinents en diable, relançant sans cesse l’intérêt de morceaux qui en dégagent déjà suffisamment.
Et ce qui rend ce premier jet encore plus entêtant, est cette alternance entre longs titres en équilibre et petites pièces plus nerveuses posées en toute connaissance de cause, comme le démontre sans ambiguïté « Exit Wound » qui joue le radicalisme ciselé et se pose en gros hymne Power Thrash sans détour. On se plaît à penser à un méchant LAAZ ROCKIT qui aurait enfin appris à composer en compagnie de Ron Jarzombek, avant que « A Minute Past Midnight » ne nous ramène sur les chemins techniques avec fermeté. Cette fois ci, c’est le BELIEVER le plus récent qui effleure l’esprit, avec toujours cette grosse touche de Heavy futuriste et sans complaisance qui empêche le quintette de tomber dans la démonstration pure.
MASQUERADER termine le travail presque comme il l’avait entamé, avec deux compos épiques à souhait, dont un « Dream Escape » de toute beauté, qui cisèle des arpèges troublants de pureté, que le QUEENSRYCHE le plus inspiré n’aurait pas renié sur Empire. Et alors qu’on attend au bout du crescendo l’explosion de rage inévitable, le titre ne dévie jamais de ses harmonies pures, et se fond discrètement dans le final « Rabbit Hole Singularity » qui nous laisse sur une détonation Heavy Power plus symptomatique de la scène asiatique, sans ses tics les plus énervants de facilité. Et lorsque le final retrouve l’essence complexe du début d’album, nous comprenons que la boucle est bouclée après presque une heure de jeu et que…Vortex Day Zero est sans conteste le LP le plus intéressant du style, et qu’il se hisse sans efforts au niveau du dernier EP de WATCHTOWER…
Un disque intelligent, mais qui ne vous regarde pas de sa technique avec condescendance, puissant mais nivelé, et qui utilise toutes les astuces possibles pour passer du coq à l’âne sans sauter par-dessus la vache. Logique, magique, abstrait mais évident, c’est une démonstration de puissance hallucinante de maturité qui démontre que les groupes d’extrême orient en ont encore beaucoup sous le coude, et qu’ils n’ont vraiment plus rien à envier à l’occident.
Une révélation ? Le terme est bon. Je le valide.
Titres de l'album:
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