Je m’adresse à toi petit écureuil. Si ton totem est un cadavre décomposé et que tu as déjà obtenu les badges d’embaumeur et de charcutier, j’ai l’hymne de ton prochain anniversaire qui t’attend chez le disquaire. Frais moulu comme une côte de porc charnue, le premier album des bordelais de ROTTEN BRAIN est un véritable plaidoyer pour l’euthanasie pas volontaire, et une symphonie de sévices physiques post-mortem à rendre vert de jalousie Ed Gein.
ROTTEN BRAIN, c’est une échoppe familiale qui sent bon l’Amérique des années 90. Des étals un peu sales sur les bords, une viande subtilement avariée, mais forte en bouche et qui laisse les naseaux sur le flanc. Fondée en 2018, cette boucherie s’était contentée jusque-là de quelques produits vendus à la sauvette, avant de décider de s’activer dans le labo pour débiter des steaks à la trentaine et cuisiner les abats dans une marinade de sang et de tripes. D’ailleurs, les leurs à la mode de Caen sont savoureuses.
A la caisse, aux commandes, et aux relations pubiques, Darkness Prevails (guitare/basse/chant). Dans l’arrière-boutique, à la préparation et l’équarrissage en règle, Eddy Polo (batterie). Les deux compères connaissent leur boulot sur le bout de la feuille de boucher, et débitent le jambon en tranches épaisses, neuf plus exactement, pour ensuite les refourguer à tous les fans de tartare un peu sanglant, et peu regardants sur l’origine de la viande. Ce qui tombe à pic pour nos deux amis qui s’approvisionnent chez les psychopathes et qui parfois, ne rechignent pas à retourner la terre encore humide du cimetière.
Vous aurez lu entre les lignes, suffisamment écartées pour que vous n’ayez aucun effort de décryptage à faire, ROTTEN BRAIN joue un gros Death à tendance Doom de la mort, blindé de riffs faisandés et de cris porcins subtilement restitués. Et autant préciser que les deux associés n’ont pas lésiné sur l’hommage.
Dès le départ, la tutelle de CANNIBAL CORPSE gicle au visage comme une veine plantée d’un couteau. Rythmique heurtée, guitares déchaînées, voix enrouée, le mimétisme est flagrant, et la sensation assez agréable. Mais n’envisager Wait for Putrefaction que sous l’angle de la révérence directe serait d’une injustice crasse. Car Darkness Prevails connaît très bien son job, et en accomplit les basses besognes avec passion, comme un mad butcher entre deux crises d’épilepsie. C’est pour cette raison que ce premier album fait preuve de beaucoup de motivation, mais aussi d’un sens aigu de la digression. Loin de se contenter d’un Death brutal déjà dix fois régurgité entre les dents, ROTTEN BRAIN joue la carte de la variété et des différents produits maison proposés entre les murs de carreaux blancs et la chambre froide humide et moisie.
De fait, plus le cauchemar progresse, plus la boucherie prend des allures de vieille cave poussiéreuse, aux parois maculées de sang séché. Pas vraiment le genre d’endroit où l’on souhaite passer ses vacances, ni rester enfermé dans une petite cage pendant des jours, mais qui a le mérite de planter un décor différent. Pour la faire courte, le duo joue sur l’alternance entre vitesse raisonnable et lenteur provinciale, histoire de faire le lien entre la première génération floridienne, et les modèles de DEATH, CANNIBAL CORPSE et AUTOPSY. Ajoutez au plat un soupçon de poivre Doom purulent qui sent bon la putréfaction, et vous obtenez la recette d’un album parfait, généreux, aux proportions conséquentes, et qui laisse un fort goût de bidoche pas saine sur la glotte.
Ces deux petits malins le sont donc plus que la moyenne. Leur travail est agencé avec beaucoup d’intelligence, et contrairement à MORTICIAN qui nous les brise avec ses inserts de films Gore incessants, l’atmosphère est renforcée par des effets espacés, mais très efficaces, comme le démontre l’intro du terminal et macabre « A Slow Agony Pt.II ». D’une évidence de surface à une profondeur classe, Wait for Putrefaction nous soigne aux petits oignons, et charcute Death pour mieux accommoder Doom.
Un premier jet très professionnel, et qui se déguste comme un mets rare et fin. Certes, il faut faire gaffe aux petits bouts d’os qui restent coincés dans les filets, mais la saveur globale, la préparation minutieuse et le service sur le pouce me poussent à accorder deux étoiles au guide Micheton à ce resto-routier de saison.
Et bon appétit bien sûr.
Titres de l’album:
01. So Sweet When She Sleeps
02. Forest Of The Thousand Hanged
03. Lacerated
04. The Cursed Basement
05. A Slow Agony Pt.I
06. Madness-Hallucination
07. Cut Into Pieces
08. Man In The Madhouse
09. A Slow Agony Pt.II
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