La Barbarossastrasse est une rue de Berlin. A partir de là, on peut toujours extrapoler sur l’origine de ce groupe qui adopte un patronyme très connoté, sauf que ces BARBAROSSASTRASSE là ne viennent pas d’Allemagne, mais d’Italie, et qu’ils ont vu le jour du côté de Sienne, en Toscane. Dès lors, pourquoi ce choix plutôt qu’un autre, un nom de rue italienne par exemple ? Mais le choix de leur baptême n’est pas la seule surprise que nous réservent ces musiciens qui ont en outre opté pour une pochette nous aiguillant sur la voie d’un extrême assumé, ces masques de la commedia dell’arte en forme de crâne grimaçant semblant indiquer des accointances avec le Thrash, l’Industriel ou tout autre sous-genre éminemment bruyant. Et il n’est pas incongru de voir en cet artwork un démarquage futé du Theater of Pain des MÖTLEY CRÜE, ce qui finalement reste l’indice le plus probant pour les situer…Car en effet, les italiens se rapprocheraient plus d’une version modernisée du Hard Rock des eighties, légèrement Sleaze sur les bords mais pas trop, et les chansons de Waiting In The Wings ne font que confirmer cette drôle d’impression de seconde lecture à prendre au sérieux. Au-delà des interprétations diverses, ce groupe presque sorti de nulle part ne s’est pourtant pas constitué hier, puisque sa formation remonte à l’orée des années 2000, et c’est en 2003 que la machine s’est mise en branle. Pourtant, il faudra attendre dix ans avant de pouvoir juger sur pièce des capacités de création des BARBAROSSASTRASSE, qui publièrent enfin, après une décade d’existence leur premier long en 2013, avant de connaître un nouveau hiatus de cinq ans pour nous en offrir la suite. Et n’ayant pas eu la chance d’écouter cette entame en temps et en heure, je ne saurais dire si Waiting In The Wings propose une quelconque évolution, ne pouvant me baser que sur ces dix morceaux pour jauger du potentiel du combo. Et après écoute des chansons en question, je peux résolument affirmer que ce second chapitre est pluriel, partageant son temps entre Hard-Rock léger mais solide, FM intrépide et Glam subtil, à tel point qu’on aurait sans doute pu le retrouver au catalogue des amis de Frontiers.
Les BARBAROSSASTRASSE sont donc quatre (Dario "TanzarHell" Tanzarella - chant, Riccardo "Richie" Ciabatti - guitare, Alessandro "Pozze" Pozzebon - basse et Marco "Lookdown" Guardabasso - batterie et chœurs), se prétendent « durs comme le Rock », et nous offrent donc une traduction transalpine des standards en vogue aux Etats-Unis dans les eighties, n’hésitant pas à faire jouer leurs influences pour nous délivrer un message Rock assez fort, et surtout, diversifié pour offrir un petit quelque chose à tout le monde. Ces influences sont d’ailleurs clairement indiquées sur leur page Facebook, et les traditionnels GUNS N' ROSES, AC/DC, LED ZEPPELIN, BON JOVI, AEROSMITH, KISS, MOTLEY CRUE, POISON, SCORPIONS, EUROPE, SKID ROW, IRON MAIDEN, VAN HALEN, TWISTED SISTER et Ozzy OSBOURNE de rivaliser avec les plus contemporains PEARL JAM, SMASHING PUMPKINS, FOO FIGHTERS, ou SYSTEM OF A DOWN, sans oublier les classiques RAMONES, QUEEN, BEATLES, WHO et consorts. Une tendance donc à assimiler le passé et à regarder dans le rétro musical pour se sentir à l’aise dans le présent, et si ces références ne suffisent pas forcément à cerner la démarche des BARBAROSSASTRASSE, elles représentent une base suffisamment explicite pour savoir où on va mettre nos oreilles. Et ces dernières seront tour à tour caressées, bousculées, bichonnées, par un groupe qui connaît bien son sujet, et qui tient à ce que chaque morceau soit différent du précédent, tout en gardant une ligne directrice cohérente. Nous avons donc affaire à une grosse dose de Hard-Rock qui bouffe à peu près à tous les râteliers, passant sans vergogne d’un Hard Rock trépidant et subtilement boogie à une ballade à user les briquets, sans paraître opportuniste ou trop généraliste pour inspirer les puristes.
Et sans vouloir jouer les chaperons, il est évident que les deux tutelles les plus marquantes de ce second effort sont évidemment le CRÜE, mais aussi SKID ROW, celui plus tardif de Johnny Solinger. On retrouve aussi dans les ingrédients de Waiting In The Wings des traces patentes de SLAUGHTER, de TYKETTO, mais aussi de petites touches de la scène AOR contemporaine de l’écurie Frontiers, soit la quintessence d’un Rock se voulant aussi agressif que mélodique, et sachant accepter le compromis d’un refrain fédérateur pour peu que la majorité des couplets mordent dans le lard et que les soli restent sans fard. Impossible dès lors de rejeter cet effort d’un seul bloc, puisque sa variété lui garantit l’adhésion d’une grande partie du public Hard Rock un peu nostalgique, voire beaucoup, même si les italiens font tout pour ne pas rester coincés dans une décennie trop connotée. Et c’est dans doute ce désir qui les pousse à citer quelques figures de l’Alternatif des nineties comme le JAM et les PUMPKINS, même si on sent en filigrane des preuves que la scène Punk de la fin des seventies les a marqués à vie. Et finalement ce groupe très sympathique finit par nous convaincre de la pertinence de sa démarche, lorsqu’on parvient à la fin de l’album sans avoir baillé ou skipé un ou deux morceaux un peu trop banalisés. Une production un peu défaillante dans la puissance pourra faire rechigner les plus exigeants, mais le talent de composition des italiens permet d’excuser cette approximation, ce qu’ils démontrent dès l’entame ambivalente et harmonique de « Here To Stay », que certains suédois auraient pu adopter comme intro. En découvrant ce titre, on se dit que l’affaire va vite être emballée, mais c’est sans compter sur la volonté du quatuor de ne pas nous laisser nous installer dans un confort trop rassurant, et « Backdraft » de nous secouer les puces de son riff syncopé et de sa rythmique chaloupé. Et ce sont finalement les ombres du MÖTLEY de « Kickstart My Heart » et du SKID ROW de « Sweet Little Sister » qui viennent tamiser la lumière de ce jugement un peu trop hâtif, permettant à l’énergie de se développer, et aux petons de s’agiter.
« Waiting In The Wings » associe Robin Beck et la scène AOR au parrainage des VAN HALEN via un riff symptomatique d’Eddie période grand public, tandis que « Nowhere Train » nous rappelle que le Glam et le Punk ont partagé plus d’une sauvagerie en bonne compagnie. « Hereafter » et son repos du guerrier acoustique nous ramène à l’arrière du bus des SKID ROW après un concert costaud, et en cinq morceaux, les italiens nous démontrent l’ampleur de leur savoir-faire, qui permet à chaque chanson d’avoir son identité propre. Les deux années (de 2015 à 2017) ayant été consacrées à la composition et l’élaboration de l’album n’auront donc pas été vaines, et la diversité de ce Waiting In The Wings est résolument son point fort. « On The Loose » trépide donc comme les SWEET et SLADE en tournée commune, tandis que « Praise The Storm » se place sous l’égide du Rock californien de 1988/89, pour une dernière ballade sur le Strip en bonne compagnie. Chœurs discrets mais efficaces, refrains taillés pour les radios, le travail est admirable et le rendu estimable. Rien à jeter donc sur ce deuxième longue-durée qui n’abuse pas du métrage pour s’éterniser, et qui de son début à sa fin refuse les facilités de la redite pour toujours tenter de trouver une idée qui fera avancer la machine. Des hits, des choses plus intimistes, de l’envie, de la hargne, mais aussi un certain flair pour les harmonies, et un final émotionnel et lacrymal, très inspiré du diptyque BON JOVI/CINDERELLA, pour un « It Will Take Some Time » au solo brulant et à la fièvre nostalgique. De l’excellent travail donc qu’ont accompli les BARBAROSSASTRASSE qui malgré leur nom très allemand et leurs origines italiennes sonnent très américain, même si leurs racines européennes ne sont jamais bien loin. Dommage finalement que Waiting In The Wings n’ait pas bénéficié des bons soins d’un Alessandro Del Vecchio, même si sa production un peu rêche lui permet de se démarquer.
Titres de l'album :
1. Here To Stay
2. Backdraft
3. Waiting In The Wings
4. Nowhere Train
5. Hereafter
6. On The Loose
7. Praise The Storm
8. Mexican Standoff
9. I'll Do It Again
10. It Will Take Some Time
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