INSENSATE MACHINE trouve son origine en 1993, lorsque le guitariste/chanteur Billy Davis développe un concept musical autour d’une version Metal de La Guerre des Mondes d’H.G Wells. Trente ans plus tard, rejoint par Jamie Baldassano (batterie) et Patrick Foote (basse/choeurs), le leader peut enfin donner corps à sa vision via un premier album qui assume ses influences dès son titre. Sacrée gageure que tenter d’adapter cette anticipation en musique sans vulgariser le propos, mais cette tâche a été acceptée par Billy, qui en 2023 nous offre son propre War of the Worlds. Et quel meilleur vecteur d’expression qu’un Thrash progressif et évolutif pour retranscrire en partition les émotions intrusives de ce roman qui a traumatisé plus d’une génération.
Autoproduit, ce premier long est de ceux qui misent sur la nostalgie actualisée pour se faire remarquer. Et avec des invités de la trempe de Dan "Chewy" Mongrain (VOÏVOD), Kirk Passamonti (ZANDELLE) et Leo Bakman (IMMORTAL SUFFERING), il était important de viser le centre de la cible pour ne pas passer pour des amateurs à peine dignes d’une troisième division.
Le résultat ? Un sacré melting-pot d’influences, avec pour base l’inévitable BIG 4, relu et corrigé par la génération nostalgique des années 2020. Mais avec trente ans de préparation derrière lui, le projet INSENSATE MACHINE s’arroge une crédibilité qui fait parfois défaut aux plus jeunes représentants en passéisme, et la musique proposée par War of the Worlds trempe sa plume dans l’encrier Thrash US des eighties, mais aussi dans celui moins utilisé du Canada de la même période. Car inutile de se mentir, VOÏVOD a visiblement beaucoup compté pour les américains qui reprennent sa recette magique de transformisme actif.
Entre Snake et les siens et un BLIND ILLUSION trempé dans le psychédélisme d’un OBLIVEON, INSENSATE MACHINE séduit immédiatement. Moins porté sur le solfège acrobatique que WATCHTOWER ou SPIRAL ARCHITECT et plus volontiers concentré sur les ambiances, War of the Worlds utilise de nombreux samples pour donner corps à sa vision d’une invasion extraterrestre. Si les mélodies, les structures et les plans semblent clairement empruntés à un champ d’influences bien balisé, la performance générale - bien que loin d’une originalité indéniable - est à saluer, tant les atmosphères sont redoutablement bien dépeintes. Ainsi, l’immersif « War of the Worlds », dans toute sa noblesse de title-track attrape mouches rappelle le meilleur de la seconde moitié des années 80, lorsque les amateurs de violence commençaient à mettre un peu d’ambition dans leur fiel.
Le génie de cet album est d‘avoir opté pour une production d’époque, loin de la standardisation actuelle. On peut ressentir le moindre coup de grosse caisse, et les riffs, analogiques et tranchants respirent le naturel. Pas de compression excessive pour donner l’illusion d’une puissance éléphantesque, solidité d’un mix qui accepte d’ouvrir la fenêtre, l’impression est saisissante, et le retour en arrière particulièrement réussi.
Trois décennies n’ont pas entamé l’enthousiasme de Billy Davis, qui concrétise enfin ses visions en musique. Si l’adaptation reste à l’appréciation de chacun, on ne peut pas nier que le boulot accompli est sérieux, strié de stridences, de disharmonies, de fulgurances rythmiques, avec un chant qui ose même copier celui de notre bon vieux Snake, lorsqu’il se prenait pour la réincarnation de John Lydon dans P.I.L.
Quelque part dans la galaxie entre Killing Technology, Dimension Hatross, Deception Ignored et Master Project Genesis, War of the Worlds est une surprise que l’on apprécie écoute après écoute, et qui nous plonge dans le marasme de cette fameuse émission radio que le public avait prise au pied de la lettre. Mais si les aliens débarquent au son de cette musique, je veux bien être le premier à entrer en contact avec eux pour leur donner quelques tuyaux Techno-Thrash utiles.
Passionnant de bout en bout, avec des accès mélodiques qu’on devine empruntés à METALLICA ou MEGADETH (« Can’t We Live »), ce premier long, malgré ses attaches évidentes se montre suffisamment culotté pour ne pas se reposer uniquement sur le manque eighties de quinquagénaires avides de jeunesse par procuration. La performance générale assez hallucinante du poulpe hyperactif Jamie Baldassano permet de transcender le classicisme pour le rendre plus admirable, et si les soli ne sont pas toujours à la hauteur des débats, leur petit côté acide leur confère une aura particulière.
Ce disque, malgré toutes ses qualités, ne s’adresse pas à tout le monde. Il faut avoir traversé la galaxie du Thrash psychédélique pour en apprécier les détours un peu étranges (« The Cower », si FLIPPER reprenait du BLIND ILLUSION, son t-shirt serait jaune quand même), mais dès lors qu’on en accepte le postulat libre de départ, il nous rend le plaisir au centuple, nous replongeant dans un passé de défricheurs qui cherchaient à aller plus loin qu’une simple branlée auditive.
Si l’attente entre deux albums de VOÏVOD vous parait trop longue, INSENSATE MACHINE peut faire le lien avec beaucoup de pertinence. Non que je considère les américains comme des clones de série B, mais nier la parenté serait aussi malhonnête.
Titres de l’album:
01. The Eve of War
02. The Quiets of Space
03. Cylinder
04. Insensate Machine
05. War of the Worlds
06. Toxicloud
07. Can’t We Live
08. The Cower
09. Interplanetary Immunity
Acheté du coup. Ca m'a l'air fort intéressant.
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