Warenta

Deficiency

11/03/2022

Metal East Productions

Déjà. C’est déjà l’heure du quatrième album pour les forbachois de DEFICIENCY, qui depuis leur émergence dans les années 2010 n’ont toujours pas montré le moindre signe de déficience. Forts de centaines de concerts en Europe en soutien de grands noms de la scène, les quatre musiciens n’en avaient pas moins imposé une longue période de silence depuis leur dernière œuvre, le solide The Dawn of Consciousness. Vous comprendrez donc que leur fanbase les attendait de pied et d’oreilles fermes, avec un soupçon d’esprit revanchard plaçant la barre des attentes très haute. Encore fallait-il franchir cette barre, afficher une confiance de qualité excusant cette longue absence, et proposer au public un travail digne de ce nom, synthétique et prospectif à la fois. Pas le droit à l’erreur donc, mais dès les premières mesures de Warenta dispersées dans les airs, la confiance est de rigueur : DEFICIENCY n’a pas pris les choses à la légère, et a mesuré les enjeux avec précision.

Nouveau concept donc pour le quatuor (Laurent Gisonna - chant/guitare, Vianney Habert - basse, Jérôme Meichelbeck - guitare, et le dernier petit arrivé Benjamin Jaksch -batterie), qui nous narre la vie difficile d’une ville minière dans les années 40, rongée par les superstitions, légendes et autres malédiction. C’est un thème pour le moins original de la part d’un groupe de Thrash qui préfère volontiers les thématiques de société ou les histoires fantastiques bien Gore. Il fallait donc l’illustrer d’une musique audacieuse, plantant le contexte, pour que l’auditeur puisse s’immerger dans cette histoire étrange, faite de dur labeur et de peur constante.

Une jeune fille tenant dans ses bras le squelette d’un enfant, alors que des plumes d’ailes d’ange flottent dans l’air sur fond d’architecture minière, telle est l’image qui nous est proposée avant même que nous n’écoutions la moindre note de ce Warenta. Mais à vrai dire, nous savons déjà ce qu’il va contenir, puisque le groupe insiste sur cette étiquette de Thrash mélodique qui accompagne même leur nom séparé d’un tiret. Mais le Thrash mélodique étant une affaire plutôt vague, il nous faut bien découvrir ces morceaux pour se faire une idée du désir d’ouverture du groupe, qui a concédé avoir ouvert ses portes à des influences extérieures. On nous parle donc de symphonique, d’épique, de Heavy et de modernisme, soit un crossover gigantesque, et après écoute du tracklisting complet, on pourrait même ajouter à cette liste des traces de progressif, de Techno-Thrash, de Melodeath et autres composantes qui transforment Warenta en histoire prenante dans laquelle on évolue en toute confiance.

Les guides ont préparé les balises et les cordes de rappel, ont battu celui de la créativité pour justifier de ces cinq années de silence radio, et ne tournons pas autour du pot, présentent le travail d’une vie, et plus simplement, leur meilleur album, car le plus réussi dans l’ambition. Sur Warenta rien ne semble impossible par ces musiciens à l’expérience conséquente, qui se permettent tous les détours et tous les breaks les plus inventifs. On remarque immédiatement du travail énorme effectué sur les guitares, qui parviennent à résumer la carrière de nombreux groupes des nineties et des eighties, avec des allusions à Jeff Waters, à Gary Holt, James Hetfield, mais aussi à la vague Néo des années 90, SOILWORK, AT THE GATES en tête de gondole. Il n’est donc guère surprenant de retrouver dans la liste des invités des noms aussi fameux que ceux de Björn Strid de SOILWORK et de Davish G. Alvarez d’ANGELUS APATRIDA, venus apporter leur touche à la note très personnelle de leurs hôtes. De fait, le title-track placé en ouverture, « Warenta », pose les bases, révèle les techniques mais ne dévoile pas les secrets cachés derrière les décors et les intentions/sorts de personnages. On sent que le groupe est au sommet de sa forme créative et instrumentale, mais on sait aussi que ce qui nous attend ensuite risque de nous surprendre.

Alors, on multiplie les couches et les strates, on solidifie la base rythmique, on affirme le chant, et on met en avant ces fameuses mélodies qui font la fierté du groupe. Riffs multiples et agressifs, harmonies douces, saccades fermes, tout y passe, et les fervents défenseurs de la six-cordes libre dans le Thrash seront aux anges tant Laurent Gisonna et Jérôme Meichelbeck multiplient les approches pour remplir l’espace sonore.

Entre tension old-school et fluidité moderne, DEFICIENCY se balade dans les couloirs du temps avec une aisance déconcertante, multipliant les allusions à la scène US, à la vague suédoise, aux motifs canadiens, se permettant même de planter des hits digne du Big 4 sur la route (« Dichtonomy »).

Le résultat est donc sans appel : la variété de Warenta suit les contours de son concept avec une intelligence rare, et la musique se veut donc audacieuse, inquiétante, solide et envoutante. On imagine sans peine le quotidien années 40 de ces pauvres travailleurs des profondeurs, et leur vie faite de dur labeur et d’affrontement permanent des superstitions et autres dangers spirituels. « I Am the Misfortune Herald » méchant comme une teigne a tout du coup de grisou, le lancinant et mid « The Black Book » est une fin de soirée exténuée qui attend le lendemain en sifflant un air mélancolique, alors que « The Feathers » accélère le rythme et impose les explosions comme un lundi perpétuel passé loin du soleil.

Progressif, lucide, ambitieux et incroyablement dense, Warenta impose une bonne dizaine d’écoutes avant de révéler son plein potentiel. Il est de ces albums rares qu’on ne consomme pas comme un vulgaire hamburger, et qui lâche ses nuances sur le palais auditif avec parcimonie. Entre sauvagerie pure et modulations harmoniques précises et précieuses, il prône l’alternance, la tergiversation, sans perdre de sa cohérence. On suit donc le chemin emprunté par ces personnages, on se glisse dans leur peau, on affronte leurs dangers, et même si parfois, les vignettes ont des airs de déjà-vu (petite baisse de régime en milieu d’album), la fin de l’histoire sait rester passionnante, avec un « Alliviate the Suffering » en dualité agression/passion, et un terminal « Real is Revealed » purement Thrash au phrasé diabolique.

Déjà.

DEFICIENCY avec son quatrième album fait preuve d’un professionnalisme que de grands noms peuvent lui envier, et signe son histoire la plus aboutie. Remercions-les de nous avoir gâtés après nous avoir longuement abandonnés, et célébrons Warenta comme il se doit : l’un des meilleurs albums du premier trimestre 2022, tous styles confondus.

           

             

 

Titres de l’album :                                              

01. Warenta

02. Dichtonomy        

03. I Am the Misfortune Herald

04. The Black Book

05. The Feathers        

06. Lumpendoktor    

07. Ludma     

08. A Fire Asleep

09. Alliviate the Suffering

10. Real is Revealed


Site officiel

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 28/03/2022 à 17:40
90 %    862
Derniers articles

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Bl00db4th

Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle

01/05/2025, 16:57

Simony

Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)

01/05/2025, 09:15

Simony

Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...

01/05/2025, 09:11

fecal prout

@LeMoustre : ok boomer

01/05/2025, 06:58

LeMoustre

C'est a chier l'affiche

30/04/2025, 18:41

Whiskey

C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !

29/04/2025, 13:37

Humungus

Hâte ! Hâte !

29/04/2025, 11:03

Buck Dancer

Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad

29/04/2025, 08:26

DPD

Bordel on l'avait tellement bien,on s'est pas remdi compte.

29/04/2025, 02:34

DPD

Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.

29/04/2025, 02:27

DPD

Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)

29/04/2025, 02:24

Ivan Grozny

Petit chenapan j’aurais bien aimé voir ça.

28/04/2025, 23:37

Sphincter Desecrator

@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.

28/04/2025, 19:40

Sphincter Desecrator

@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)

28/04/2025, 19:37

Sphincter Desecrator

Super concert! Avec un peu plus de monde que l'année dernière, il me semble.La chronique résume très bien le sentiment qu'on éprouve dans une telle soirée. Loin de la hype et des touristes, des posers ou des haters(...)

28/04/2025, 19:19

DPD

Mince je l'aurais pris pour la revendre et me faire du fric sur ton dos, occasion ratée. Ceci dit je suis très fan du groupe en question.

28/04/2025, 18:42

Ivan Grozny

La place vient d'être offerte   

28/04/2025, 18:24

Benstard

Malheureusement rien a voir avec les anciens albums. 

28/04/2025, 16:03

Ivan Grozny

Dernière minute    !!! J'ai une place en plus que j'offrirai volontiers au premier à me répon(...)

28/04/2025, 15:56

Jus de cadavre

Que de bons vieux souvenirs au Chaulnes metalfest ! Entombed, Summon (!!!), Garwall, Kronos, etc... Le tout dans une ambiance survoltée à chaque fois... L'orientation musicale à bien changée par contre à ce que je vois... 

28/04/2025, 10:31