Déjà. C’est déjà l’heure du quatrième album pour les forbachois de DEFICIENCY, qui depuis leur émergence dans les années 2010 n’ont toujours pas montré le moindre signe de déficience. Forts de centaines de concerts en Europe en soutien de grands noms de la scène, les quatre musiciens n’en avaient pas moins imposé une longue période de silence depuis leur dernière œuvre, le solide The Dawn of Consciousness. Vous comprendrez donc que leur fanbase les attendait de pied et d’oreilles fermes, avec un soupçon d’esprit revanchard plaçant la barre des attentes très haute. Encore fallait-il franchir cette barre, afficher une confiance de qualité excusant cette longue absence, et proposer au public un travail digne de ce nom, synthétique et prospectif à la fois. Pas le droit à l’erreur donc, mais dès les premières mesures de Warenta dispersées dans les airs, la confiance est de rigueur : DEFICIENCY n’a pas pris les choses à la légère, et a mesuré les enjeux avec précision.
Nouveau concept donc pour le quatuor (Laurent Gisonna - chant/guitare, Vianney Habert - basse, Jérôme Meichelbeck - guitare, et le dernier petit arrivé Benjamin Jaksch -batterie), qui nous narre la vie difficile d’une ville minière dans les années 40, rongée par les superstitions, légendes et autres malédiction. C’est un thème pour le moins original de la part d’un groupe de Thrash qui préfère volontiers les thématiques de société ou les histoires fantastiques bien Gore. Il fallait donc l’illustrer d’une musique audacieuse, plantant le contexte, pour que l’auditeur puisse s’immerger dans cette histoire étrange, faite de dur labeur et de peur constante.
Une jeune fille tenant dans ses bras le squelette d’un enfant, alors que des plumes d’ailes d’ange flottent dans l’air sur fond d’architecture minière, telle est l’image qui nous est proposée avant même que nous n’écoutions la moindre note de ce Warenta. Mais à vrai dire, nous savons déjà ce qu’il va contenir, puisque le groupe insiste sur cette étiquette de Thrash mélodique qui accompagne même leur nom séparé d’un tiret. Mais le Thrash mélodique étant une affaire plutôt vague, il nous faut bien découvrir ces morceaux pour se faire une idée du désir d’ouverture du groupe, qui a concédé avoir ouvert ses portes à des influences extérieures. On nous parle donc de symphonique, d’épique, de Heavy et de modernisme, soit un crossover gigantesque, et après écoute du tracklisting complet, on pourrait même ajouter à cette liste des traces de progressif, de Techno-Thrash, de Melodeath et autres composantes qui transforment Warenta en histoire prenante dans laquelle on évolue en toute confiance.
Les guides ont préparé les balises et les cordes de rappel, ont battu celui de la créativité pour justifier de ces cinq années de silence radio, et ne tournons pas autour du pot, présentent le travail d’une vie, et plus simplement, leur meilleur album, car le plus réussi dans l’ambition. Sur Warenta rien ne semble impossible par ces musiciens à l’expérience conséquente, qui se permettent tous les détours et tous les breaks les plus inventifs. On remarque immédiatement du travail énorme effectué sur les guitares, qui parviennent à résumer la carrière de nombreux groupes des nineties et des eighties, avec des allusions à Jeff Waters, à Gary Holt, James Hetfield, mais aussi à la vague Néo des années 90, SOILWORK, AT THE GATES en tête de gondole. Il n’est donc guère surprenant de retrouver dans la liste des invités des noms aussi fameux que ceux de Björn Strid de SOILWORK et de Davish G. Alvarez d’ANGELUS APATRIDA, venus apporter leur touche à la note très personnelle de leurs hôtes. De fait, le title-track placé en ouverture, « Warenta », pose les bases, révèle les techniques mais ne dévoile pas les secrets cachés derrière les décors et les intentions/sorts de personnages. On sent que le groupe est au sommet de sa forme créative et instrumentale, mais on sait aussi que ce qui nous attend ensuite risque de nous surprendre.
Alors, on multiplie les couches et les strates, on solidifie la base rythmique, on affirme le chant, et on met en avant ces fameuses mélodies qui font la fierté du groupe. Riffs multiples et agressifs, harmonies douces, saccades fermes, tout y passe, et les fervents défenseurs de la six-cordes libre dans le Thrash seront aux anges tant Laurent Gisonna et Jérôme Meichelbeck multiplient les approches pour remplir l’espace sonore.
Entre tension old-school et fluidité moderne, DEFICIENCY se balade dans les couloirs du temps avec une aisance déconcertante, multipliant les allusions à la scène US, à la vague suédoise, aux motifs canadiens, se permettant même de planter des hits digne du Big 4 sur la route (« Dichtonomy »).
Le résultat est donc sans appel : la variété de Warenta suit les contours de son concept avec une intelligence rare, et la musique se veut donc audacieuse, inquiétante, solide et envoutante. On imagine sans peine le quotidien années 40 de ces pauvres travailleurs des profondeurs, et leur vie faite de dur labeur et d’affrontement permanent des superstitions et autres dangers spirituels. « I Am the Misfortune Herald » méchant comme une teigne a tout du coup de grisou, le lancinant et mid « The Black Book » est une fin de soirée exténuée qui attend le lendemain en sifflant un air mélancolique, alors que « The Feathers » accélère le rythme et impose les explosions comme un lundi perpétuel passé loin du soleil.
Progressif, lucide, ambitieux et incroyablement dense, Warenta impose une bonne dizaine d’écoutes avant de révéler son plein potentiel. Il est de ces albums rares qu’on ne consomme pas comme un vulgaire hamburger, et qui lâche ses nuances sur le palais auditif avec parcimonie. Entre sauvagerie pure et modulations harmoniques précises et précieuses, il prône l’alternance, la tergiversation, sans perdre de sa cohérence. On suit donc le chemin emprunté par ces personnages, on se glisse dans leur peau, on affronte leurs dangers, et même si parfois, les vignettes ont des airs de déjà-vu (petite baisse de régime en milieu d’album), la fin de l’histoire sait rester passionnante, avec un « Alliviate the Suffering » en dualité agression/passion, et un terminal « Real is Revealed » purement Thrash au phrasé diabolique.
Déjà.
DEFICIENCY avec son quatrième album fait preuve d’un professionnalisme que de grands noms peuvent lui envier, et signe son histoire la plus aboutie. Remercions-les de nous avoir gâtés après nous avoir longuement abandonnés, et célébrons Warenta comme il se doit : l’un des meilleurs albums du premier trimestre 2022, tous styles confondus.
Titres de l’album :
01. Warenta
02. Dichtonomy
03. I Am the Misfortune Herald
04. The Black Book
05. The Feathers
06. Lumpendoktor
07. Ludma
08. A Fire Asleep
09. Alliviate the Suffering
10. Real is Revealed
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