C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs kits, de 75 ou 110, au choix. Et après avoir écouté le premier album des suédois d’EXIL, je me dis qu’ils ont opté pour la seconde solution, avec deux ou trois autres bidouillages pour aller encore plus vite. Il y a longtemps que je n’avais pas dégusté en pleine face la rage et la vitesse de l’Umeå Hardcore, ce Hardcore scandinave aussi légendaire que le NYHC, ou que la haine de Boston. Et malgré le choc au front, assez conséquent, l’impression est toujours aussi délicieuse, comme de constater que certains font face aux problèmes de ce monde sans jouer la politique de l’autruche, comme des millions d’entre nous. Premier album, mais pas bal des débutants, puisque les quatre membres d’EXIL sont tous sauf des bleus, et ont déjà traîné leur colère dans un nombre conséquent de formations. On cite à leur sujet des implications actives dans DEMON SYSTEM 13, INVASIONEN, THE LOST PATROL, THE VICIOUS, TRISTESS, U.X. VILEHEADS, AC4, BRUCE BANNER, EPILEPTIC TERROR ATTACK, FERAL BRAIN, IMPERIAL LEATHER, RIWEN, SONIC RITUAL, SUICIDE BLITZ, AXIS OF DESPAIR, INFANTICIDE, PROTESTSTORM et bien d’autres encore, et un simple coup d’œil aux photos promo suffit à piger que ces mecs-là ont suffisamment roulé leur bosse de contestataires pour ne pas hurler dans le vide.
T.B (chant), Kristofer (guitare), 138 (basse) et André (batterie) se proposent donc de nous guider dans les méandres de la société actuelle et ses travers, et le voyage n’est pas de tout repos. Dans la grande tradition du Swedish Core engagé et enragé (mais en existe-t-il un autre ?), les quatre complices abordent des thèmes d’urgence, la vie dans les grandes villes, en Europe de l’ouest, l’injustice économique, le fait de devoir se plier aux règles des propriétaires de banlieue qui imposent leur diktat de bon vivre, la pauvreté de l’individualisme à l’heure où seul un soulèvement général pourra changer les choses. On fustige ceux qui se construisent des bunkers pour se protéger d’une fin du monde annoncée, alors que seul le peuple dans sa globalité peut changer les choses, on hurle, on vitupère, on souligne les travers, mais on a le bon goût de le faire sur une musique directe, simple et déchaînée.
Ici, pas question de Crossover ou de dilution de la haine dans un courant trop mélodique, la rythmique castagne, la guitare circule, la basse roule et le chant, très juvénile et exhorté, vomit ses paroles avec un certain sens de l’ironie. Enregistré par Kenko (MEANWHILE, NO SECURITY) au Communichaos Media Clay Station, et masterisé par l’increvable des mille bornes Brad Boatright à l’Audiosiege, Warning est un pamphlet immédiat ne dépassant pas les vingt-cinq minutes de revendication, qui vous explose à la tronche comme une bombe programmée un peu plus tôt que prévu. Feedback menaçant, riff pesant, avant que tout ne parte en vrille pour une démonstration D-Beat très proche des URSUT et de toute la clique d’Umeå, « Warning » est l’exemple type de morceau d’entame dont ce genre d’album à impérativement besoin. La colère et la rage sont traitées brutes, le jeu est ultrarapide mais coulé, et l’ambiance surchauffée, tant l’enregistrement donne le sentiment d’avoir été capté live. Et il l’a certainement été, puisque l’énergie développée par ce premier titre est aussi destructrice qu’un réacteur nucléaire hors de contrôle, mais le reste de l’album ne l’est pas moins. Acceptant parfois de ralentir quelque peu le rythme pour agencer la discussion, EXIL a adopté un raisonnement intelligent, mais n’a pas non plus hésité à augmenter le nombre de BPM selon le thème abordé (« Maniac », du GBH sous acides et complètement débridé).
Il faut néanmoins attendre « The History Of Cleanliness/Idiot Face » pour connaître un court moment de répit avec ce mid tempo écrasant qui fait encore plus monter la tension, avec toujours en exergue ces riffs simples et traditionnels et ce chant presque adolescent. Avec une utilisation très pertinente des chœurs pour renforcer l’esprit d‘unité, ce premier album est d’une maîtrise absolue et d’une maturité incroyable, se posant presque déjà en classique de l’histoire du Hardcore suédois, l’un des plus puristes et exigeants du genre. On pense à un VERBAL ABUSE délocalisé à Stockholm, mais surtout au meilleur de la scène locale qui depuis les années 80 n’en peut plus de devoir cracher sa bile à la face d’un monde qui refuse l’évidence.
Alors, tout va très vite, tout joue très bien, « Poison » impose quelques bruitages et une intro à la NOMEANSNO avant de reprendre le rythme de croisière, mais c’est bien « Dear Landlord » qui s’y prend le mieux pour convaincre, avec son beat plus maîtrisé, mais pas moins furieux. Fustigeant l’attitude des propriétaires, le groupe suédois pointe du doigt la dictature des faubourgs qui réclament de leurs résidents une attitude impeccable, et un niveau de vie certain. On pense aux BAD BRAINS les plus Hardcore, avant que le lapidaire « Melting Teeth » ne joue les « Necrophobic » Hardcore de sa brièveté intense.
Les mélodies sont bien évidemment présentes pour rendre le tout plus persuasif, et jusqu’au bout, la basse de 138 frappe grave, roule des mécaniques, et tape dans le mille, tandis que les percussions d’André cognent toujours au bon endroit et au bon moment. On se plaindra seulement du caractère un peu bref de l’affaire, sans vraiment râler puisqu’il est l’un des points forts de cette première réalisation. En vingt-quatre minutes, Warning pousse un cri d’alarme vital, et nous avertit que la revanche ne tardera pas à emporter le vieux monde sur son passage. Du Swedish Hardcore dans ce qu’il a de plus noble et de plus sincère, et un EXIL nécessaire avant de revenir armés, et prêts à en découdre.
Titres de l’album:
01. Warning
02. Maniac
03. Damaged
04. The History Of Cleanliness/Idiot Face
05. Poison
06. Dear Landlord
07. Melting Teeth
08. Security
09. Downward Spiral
10. Internalized Extinction
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