Certains aiment leur lundi matin chantant, grouillant d’insectes malicieux et mis en musique par le chant des oiseaux du jardin. Je peux comprendre ce point de vue, si bien chanté par l’électrique Claude François, mais permettez-moi d’opposer un point de vue différent. Le lundi matin est sans doute le moment de la semaine le plus douloureux, et il est difficile de le concevoir comme le point de départ d’une semaine s’annonçant éventuellement heureuse. Non, le lundi matin, ça pue, c’est pénible, et on se traîne du lit à la table du petit déjeuner, de la table du petit déjeuner à la voiture et de la voiture au bureau.
And it sucks.
Et ça, les suédois de BLACK WOUND l’ont parfaitement compris. Après trois démos au rayonnement confidentiel, et un premier moyen-format éclairé (Wither, tout un programme), ce trio de Stockholm nous met en terre avec un longue-durée souffreteux, maladif, mais épais come un glaviot de tuberculeux, et méchant comme une teigne atteinte de psychopathie.
Sorte de cire humaine stagnant à la surface d’une fosse commune, Warping Structure fait partie de cette caste d’albums volontairement dégueulasses qui ruinent les derniers espoirs d’humanité qui substituent en nous. Conçu comme une symphonie de l’horreur entre Death et Doom, ce premier album signé par Gustaf Magnusson (batterie), Daniel Lysatchov (guitare) et William Kaloczy (basse/chant) réconciliera les fans de MORTICIAN et GNAW THEIR TONGUES, et surtout, drainera dans son sillage tous les sociopathes du coin, avides de misanthropie et de sadisme bruitiste.
Intense, gravissime, infect et nauséabond, BLACK WOUND est capable de transformer une fête de famille champêtre en un massacre organisé par un petit-fils légèrement allumé et fasciné par les entrailles répandues au couteau de chasse. Pas le genre de bande qu’on invite à un mariage ou un baptême, et dont on parle sans le nommer de peur qu’il n’entende votre voix. Mais en termes de Death putride et repoussant, la créature s’y connaît, au point de sursaturer la basse pour mettre nos nerfs à rude épreuve.
Six morceaux pour quarante minutes de musique, on connaît la chanson. On connaît surtout la sauce à laquelle on va être bouffé, entre lancinance vomitive, brutalité ouverte et guitare dépressive. Plus efficace que la nouvelle d’un nouveau conflit armé en Europe, plus flippant qu’une nuit d’urbex dans un vieil hôpital désaffecté, Warping Structure est une déambulation nocturne dans les catacombes de l’histoire, à la recherche de ses épisodes les plus atroces.
Une lenteur assumée, un chant blindé de réverb et d’écho, une inclinaison à diluer un peu de Black Metal dans le Doom, et évidemment, quelques tranches plus épaisses que la moyenne pour garder la réputation intacte. Malin, cet assaut des sens n’est pas gratuit, et intelligemment agencé. A la manière d’un AUTOPSY plus morbide que d’ordinaire, BLACK WOUND privilégie la moiteur, le sang séché, les exactions les moins pardonnables, pour mettre au point son plan de destruction massive, parfaitement synthétisé par l’infect et odorant « Sworn ». Neuf minutes de torture auditive, de pression sur les tempes, d’évocations d’outre-tombe, pour un résultat évident : faire plonger le moral dans une tombe fraichement creusée, à la stèle déjà gravée de votre nom. Pas joli-joli, mais tellement intense qu’on en oublie les convenances et autres ficelles tirées avec plus ou moins d’inventivité.
De son côté, l’épilogue « Vermin Firstborn » n’est pas plus frais, loin s’en faut. Feedback, graves qui font trembler les murs, effets parcimonieux mais efficaces pour un petit détour par des enfers personnels bordéliques mais impressionnants. Passés maîtres dans l’art de malmener l’équilibre mental, ces trois suédois s’y entendent comme personne pour peindre en noir tous les murs qui nous entourent, transformant notre quotidien en prison sensorielle totalement oppressante.
On a bien sûr déjà entendu des trucs pareils, joués à cette vitesse et vomis avec la même application, mais le plaisir qui en ressort est sans cesse renouvelé, comme si le Death/Doom était le seul genre capable de traduire en langage musical une résignation absolue.
Alors, certes, c’est très, mais alors très vilain. Mais le lundi matin est lui aussi très vilain. Tellement qu’on préfèrerait le passer avec trois malades obsédés par l’au-delà, les linceuls pourris, les tumeurs malignes, les dents qui se déchaussent, l’haleine fétide, les yeux vitreux, et le cortège tout de noir vêtu sur le chemin du cimetière local.
La joie étant un sentiment facile que l’on réserve aux simples d’esprit, BLACK WOUND nous autorise pendant quarante minutes à envisager la vie comme un long chemin escarpé qu’on n’a pas systématiquement envie de suivre jusqu’à son terme.
And it’s allright.
Titres de l’album:
01. Dread
02. Warping Structure
03. Rag
04. Sworn
05. Trench Blast
06. Vermin Firstborn
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