Au début, et sans recul, je me suis dit que Gunther nous refaisait le coup avec son ding-dong, et qu’on allait encore avoir droit à une tranche de vie luxure et vinasse bon marché, avec moustache luisante et nanas pas très farouches, ni très fraiches. Et puis en réfléchissant un peu, j’ai réalisé que Prague n’était pas Berlin, et que l’hypothèse ne tenait pas debout.
Et puis, un simple coup d’œil au label a suffi à me convaincre que je faisais salement fausse route et que le xanax me rendait un peu trop neurasthénique. Pensez-donc, Creative Labs Records, la chaumière des RESURRECTION MEN et de FÜTUMCHE, produire un ersatz de playboy en manque de pastiche. Nonsense isn’t it ? A Coventry, on fait les choses dans l’ordre et on a un minimum de classe quand même. Et d’esprit de clan d’ailleurs, puisqu’on va chercher près de sa porte de quoi mettre dans les boites aux lettres.
Les GUNTHER PRAGUE viennent donc de Coventry, ont été signés par Creative Labs pour une belle sortie en vinyle, mais ne sont pas facilement définissables pour autant. Difficile de les situer sur une carte de genre, puisqu’ils prennent un malin plaisir à effacer la légende de bord de page histoire de nous rendre la tâche encore plus ardue.
Mais eux ne sont pas des tâches, plutôt des cailloux dans la chaussure du Rock mainstream. Le mainstream, ils abhorrent, ils conchient. Eux, ce qui les amuse, c’est déconstruire le Rock pour le rendre plus punky et catchy. Ils tendent un élastique entre le Punk, le Stoner, l’Alternatif et l’expérimental pour vous balancer une salve de projectiles en plein dans la tronche. Et ça fait mal.
Quoiqu’il en soit, avant même d’avoir posé mes oreilles sur sa musique, un groupe qui cite les MCLUSKY mérite toute mon attention. Et s’ils y adjoignent des références comme HARVEY MILK, KING CRIMSON, KILLING JOKE ou BLACK EYES, alors je les vénère sans même chercher à les comprendre. D’autant plus qu’il n’y a rien à comprendre dans l’affaire, juste à ressentir et à ressortir. Refiler le truc à des potes libres d’esprit mais pas forcément sains, qui trempent leurs toasts dans la bière tiède le matin, en finissant un vieux mégot mal éteint.
Alors, vous qui regardez le monde en faisant le poirier, Wax Mask est fait pour vous, fans de nursery rhymes et des Goons. Mais aussi de la scène Punk de Londres d’il y a quarante ans, tout comme la scène Indie US des 90/00’s. Une pochette parfaite, avec un noir et blanc sobre qui rend parfaitement hommage à ce masque grotesque de chairs déchirées, à la Peter Jackson de Bad Taste et Braindead, et une musique qui navigue en se laissant porter par les courants qu’elle affronte. Alors parfois, ça vogue pépère, et parfois, ça cahote dans les cascades en menaçant de sombrer dans les profondeurs. Avec dix-neuf morceaux pour quarante minutes, les anglais ne jouent pas la facilité de quelques hymnes vite troussés, et se rapprochent même des standards de HUSKER DU ou des MINUTEMEN, sans pour autant toiser Danny Johnston et son minimalisme attardé attendrissant. Le DU et les MEN, ça leur va bien, un peu comme si Zen Arcade et Double Nickels on the Dime étaient repris par les MCLUSKY au détour d’un weekend particulièrement inspiré. La légende (qui est souvent vraie pour les anglais, comme la bataille de Hastings et la flèche dans l’oeil), veut que cet album ait été enregistré en trente-deux heures, un créneau digne des RAMONES ou de MOTORHEAD, mais quand même presque le triple du premier BEATLES, auquel les GUNTHER PRAGUE ne doivent absolument rien. Non, la Pop ne croise jamais leur chemin escarpé, et c’est tant mieux, ce qui ne les empêche pas de trousser vite fait quelques mélodies qu’on pourrait presque siffler dans les toilettes publiques (« December »).
Pas de règles, mis à part temporelles, puisque deux morceaux seulement parviennent à passer la barre des trois minutes, le premier et le dernier (mais ça aussi c’est faux, puisqu’il y en a un autre à mi-parcours), et tout ce qui rentre dans le sandwich est coupé fin, entre vingt-deux secondes et deux minutes et quelques, histoire de ne pas trop radoter ou de briser le concept.
Quel concept ?
Une musique en grande partie instrumentale, qui semble bricolée au mental, et qui glisse entre les gouttes pour nous mouiller le cerveau. D’ailleurs, les musiciens aiment à parler de leurs shows comme d’une « bonne demi-heure meublée de quinze décharges, à moitié instrumentaux, à moitié chansons, délibérément bizarre et beaucoup plus fort que nécessaire ».
Et on transpose sans peine des trucs basiquement Rock’n’Punk comme « Pete Hates The News » ou « Moonus » sur une stage quelconque, en Angleterre ou ailleurs, aux USA peut-être, genre à Minneapolis ou Boston, pour se mettre un public d’amateurs dans la poche.
Alors non, tout ça n’est pas très sérieux, et pourtant, ça fonctionne comme un machin qui ponctionne sa dime de force. C’est bancal, et pourtant élaboré, c’est amateur, mais pro dans les recoins. On sent l’inspiration libre, un peu comme si Zappa et Ted Falconi des FLIPPER avaient eu le temps de partager leurs vues sur la composition dadaïste (« Slogan »), ou si les CANDIRIA tapaient le bœuf avec les BREACH, sous la baguette aiguisée des JESUS LIZARD moins déchaînés que d’ordinaire (« Catbasket »).
Ça pulse parfois assez sévère (« Ganglords »), c’est de temps à autres carrément n’importe quoi (« Thirtysomething Thugs », vingt-deux secondes de NOMEANSNO un peu de traviole), ça imite à merveille la guitare et la rythmique des SEX SNOBS et d’Andy "Falco" Falkous (« No No No, Get Your Own »), c’est parfois franchement naïf (« As You Were », comme un vieux truc des années 70 repris par un groupe qui ne connaît pas grand-chose à l’histoire, mais qui sait placer une grosse basse upfront), et c’est finalement super Noisy (« Supercancel »), pour nous laisser avec un final qui abuse des dissonances et des cassures de rythme.
Bon, mais alors du coup, on en dit quoi parce que tout ça n’est pas très pertinent ?
On en dit ce qu’on veut, parce que ça laisse l’interprétation et la sensibilité de chacun assez libre en fait. Tout ce qu’on peut affirmer, c’est que Wax Mask ressemble un peu à Madame Tussauds la nuit, investie par une bande de branleurs qui remplacent les statues de cire par leurs propres héros. Qui bouffent derrière les cordons de sécurité et qui ne nettoient même pas avant de s’en aller.
Dix-neuf nouvelles figures moulées à la louche ou au scalpel, qui nous rappellent que le Rock est avant tout une forme d’expression sans entrave, et que Bob Mould, Andy Falkous, Zappa, et les frangins Wright peuvent cohabiter au sein d’un même espace.
Sans queue ni tête, sans début ni fin, comme une ébauche qui n’a pas besoin de finition. Et finalement, je pourrais facilement résumer toute l’affaire avec une formule telle que…
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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