Vous avez dit comeback ? Un retour inopiné vous ferait-il plaisir ? A n’en point douter, oui, en ce cas, je vous propose de retrouver des allemands enflammés qui n’avaient pas fait parler d’eux depuis plus de vingt ans. A l’annonce de la reformation de TSATTHOGGUA il y a cinq ans, les esprits s’étaient échauffés. Sans vraiment savoir à quoi s’attendre, les apôtres du vice sans vertu commençaient déjà à faire des plans sur la comète, à peine confirmés par une compilation publiée en 2020 sous le nom de Hallelujah Messiah.
Mais avant de ressortir nos cornes de diable, nos chaînes, fouets, pince tétons et autre attirail SM un peu rouillé, il convenait de constater l’état de santé d’un des groupes les plus atypiques de sa génération. Les enracinés de l’underground bien cramé n’ont évidemment pas oublié les deux psaumes païens que furent Hosanna Bizarre et Trans Cunt Whip, dont les pochettes ne laissaient planer aucun doute sur les propos. Imparfaits mais sacrément sympathiques, ces deux albums très portés sur une vision sadomasochiste du sexe nous prenaient comme des brutes entre deux murs d’une ruelle peu fréquentée et pas du tout éclairée, pour nous souiller de riffs sans préservatifs et autres sévices rythmiques épileptiques.
Mais alors, plus de vingt ans après, TSATTHOGGUA est-il toujours aussi vigoureux et libidineux ? A la lumière de ce troisième album inattendu, la réponse est claire : il l’est encore plus. Moins approximatif et plus puissant, We Are God s’arroge le droit de blasphémer comme il l’entend, et nous étale sur le sol avec une virilité rare. Il n’est donc guère étonnant de retrouver Osmose derrière cette affaire, le label français se félicitant sans doute d’avoir à promouvoir cette nouvelle tranche de plaisir à plusieurs.
We are God, our 3rd full length album is aimed at all the perverted black sado-crazies out there.
Le message est clair, et ceux qui le répandent sont les mêmes que les années 90 avaient appris à craindre. Le line-up originel du groupe est donc de retour pour reprendre les rênes d’un Black Metal guerrier, sans compromis ni concession, et le résultat est tout bonnement ébouriffant. False Prophet (basse), Lightning Bolt (batterie), Nar Marratuk (guitare) et North Wind (chant) sont donc très en forme, et sans Viagra s’il vous plaît, leur membre turgescent étant prêt à pénétrer vos tympans sans lubrifiant.
Assez proche de ce que MARDUK propose depuis l’arrivée de Mortuus au chant, We Are God défie les dieux, mais aussi le diable, en arborant une musculature d’acier et en tenant un discours ferme et agressif. On reste bouche bée face à la puissance et la précision d’une production impeccable, qui met admirablement bien en valeur les thèmes les plus sombres et insistants. « I Drive My Dogs (To Thule) », le morceau le plus long de cette éjaculation bruitiste est un véritable modèle du genre, avec sa grandiloquence peu coutumière et son alternance de tempi qui donne le tournis.
Avec toujours cet art de l’arrangement qui tue, TSATTHOGGUA ne prend même pas la peine de sonner, ni le temps de vous déshabiller. Prêt pour une saillie express, le quatuor prouve que son immoralité ne s’est pas arrangée avec les années (« Master Morality »), et joue la franchise au-delà de toute mesure. Le résultat est donc simple et efficace, un War Metal précis, injurieux, mais enrobé dans un son aux graves ronds et à la caisse claire pertinente et matte.
Impitoyable. Voilà le qualificatif le plus adapté à cette attaque virulente qui ne nous laisse guère reprendre notre souffle. Cette tempête de blasts et de cris rauques et graveleux est l’exemple type de ce qu’on pouvait attendre du groupe, qui a quelque peu standardisé sa formule. Plus grand-chose de Bizarre dans cet enchevêtrement de riffs purement Black Metal et cette rythmique qui avance à une cadence redoutable. Mais ce qu’on perd en conjectures, nous le gagnons en violence, avec les implacables « True Black Love » et « Vorwärts Vernichter ».
Certains regretteront l’aspect plus amateur des productions précédentes. Sans jamais s’illustrer comme le meilleur élève de sa promotion, TSATTHOGGUA avait l’avantage d’une imagerie propre, et d’un développement artistique personnel. Aujourd’hui, la bestialité clinique a pris le pas sur l’ultraviolence obsédante, et il est tout à fait possible de trouver ça dommage. Mais en se prenant en pleine rondelle le torride « No Paradise for Human Sheep », la douleur est telle que les reproches restent lettre morte pour ne pas interrompre le coït.
On notera quelques dissonances sympathiques sur « Gloria Extasia », extase glorieuse qui nous ramène aux séances de coups de fouet sur le fessier déjà bien rougi, et la linéarité acharnée du final « Pechmarie » (qui ressemble quand même comme deux gouttes de liquide séminal au « Viktoria » de MARDUK), sans oublier la noblesse déchue du title-track, placé en pénultième psaume, et qui recense tous les commandements à respecter pour atteindre la plénitude dans la souffrance.
Un comeback aux opinions fermes et définitives. TSATTHOGGUA n’avait guère le choix, et se devait de rester fidèle à sa démarche tout en actualisant son approche. C’est chose faite, et je sens déjà vos chibres tressaillir d’excitation. Vous allez les mettre à contribution, mais attention à la surchauffe pour ne pas rompre le frein. Ça risque de faire encore plus mal, et il faut quand même avoir sa dose de plaisir.
Solitaire ou nom. Vous connaissez le syndrome de Stockholm ?
Titres de l’album :
01. Master Morality
02. Vorwärts Vernichter
03. The Doom-Scrawl of Taran-Ish
04. I Drive My Dogs (To Thule)
05. True Black Love
06. No Paradise for Human Sheep
07. Gloria Extasia
08. We Are God
09. Pechmarie
Et beh je vais m'écouter ça !
Toute ma jeunesse boudiou...
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