Alors qu’un nouveau volet de l’Exorciste s’apprête à envahir nos écrans cet automne, KARRAS a joué le bon timing en proposant son second long dans la même période. Bien joué de la part de nos frenchies qui s‘adjugent une promotion béton, quoique We Poison Their Young n’a pas vraiment besoin d’un coup de pouce pour déchirer l’actualité et réduire la concurrence à néant.
Welcome back dont à Yann Heurtaux, Etienne Sarthou et Diego Janson, power-trio dans le sens le plus Crust du terme, et qui nous décoiffent une nouvelle fois de leur violence Hardcore, avec cette puissance métallique qui épaissit encore plus les régurgitations de bile. A l’écoute de ce nouvel album, on est rapidement pris de convulsions, blasphémant à tout va, tournant la tête à 180 degrés, pour mieux diffuser la bonne parole de ce cher Pazuzu qui décidément, trouve toujours un moyen de nous pourrir la vie.
Le père KARRAS a donc changé de camp, et supporte aujourd’hui les diableries de son ennemi, toujours travesti en petite fille pour attirer la pitié et la sympathie. Trois ans après la bombe d’eau maudite None More Heretic, le trio s’enfonce encore plus dans l’hérésie, allant jusqu’à provoquer les seigneurs du chaos. Inutile de tourner autour du pot, We Poison Their Young est une gigantesque calotte, qui profite d’une guitare vraiment teigneuse, et d’une section rythmique en béton armé.
Pas le temps de coller des marque-pages dans la Bible pour savoir quel psaume utiliser, ici, tout va trop vite pour qu’on puisse s’accrocher à des repères bienveillants. Le trio est toujours aussi tête brûlée, appliquant les dogmes du Death Metal, du Powerviolence et du Crust pour décrire une situation hors du commun, et il ne serait guère étonnant de surprendre la jeune Regan avec ce disque entre les mains pour y apprendre quelques nouveaux tours pendables.
Agressif, bruyant mais cohérent, méchant mais attachant, We Poison Their Young est un second souffle qui ne risque pas de tourner court, et une cérémonie en l’honneur des diablotins qui n’attendent qu’une seule chose : que vos pieds dépassent du drap pour vous les lécher.
Aussi sexy qu’un dégueulis pris en pleine face, aussi fourbe que Satan lors d’une brocante de village qui augmente ses prix en fonction de votre âme, KARRAS est d’une brutalité sans faille, et nous sert encore tout vert un répertoire qui risque de faire date dans l’histoire du Crust et du Death. Mais avec un MASS HYSTERIA et un FREITOT dans les rangs, il était inutile de s’attendre à une réunion de scouts cherchant leur totem et leurs badges manquants.
Alors, on se cogne la tête contre les murs, on fait léviter le lit, on prend des voix diverses, et on se marre bien lorsque le prêtre nous balance de l’eau pour nous punir. Il n’est guère difficile de comprendre que le trio a signé un pacte avec le malin, qui malgré ses gros sabots, parvient toujours à ses fins. Et ses fins dans ce genre d’épisode traumatique sont toujours les mêmes : déféquer sur la Vierge Marie pour la convertir aux plaisirs blasphématoires et aux vices sans vertu les plus intenses.
Seul bémol, la durée de l’album, bien trop courte au regard du plaisir ressenti. On aurait aimé une bonne dizaine de minutes supplémentaires, d’autant que les trois larrons ont varié leur discours, acceptant parfois la lourdeur d’un confinement dans une chambre fermée à clé, pour invoquer un Dieu qui décidément a autre chose à foutre.
KARRAS est tout sauf une brebis égarée, et plutôt un dévot fidèle. Un dévot qui hurle sa foi avec insistance (« Negative Life », vraiment vilain et chaotique), qui ne crache pas sur un brin de fantaisie (« Demons Got Rhythm », huit secondes de barouf), qui avoue sans détour son adoration d’un Death/Grind aussi efficace qu’un péché mortel (« A Chaplain's Breath »), mais qui sait aussi finasser pour nous donner l’impression que tout va s’arranger, alors que non (« Roland Doe »).
Et entre des conseils judicieux (« Fear Me, Go Fast », hystérique), des aveux francs (« My Aim is Violence », je crois qu’on avait compris), et des coups de reins aussi sensuels qu’une profanation nocturne (« Final High »), le bilan est lourd, et la pauvre Regan condamnée aux flammes de l’enfer.
Mais diantre que est enfer est séduisant. Beaucoup plus qu’un paradis chiant avec petits nuages et angelots jouant de la lyre, où tout est toujours propre et immaculé, mais où les gens s’emmerdent fermement toute la sainte journée.
Préférez à cette mascarade divine le discours égoïste de KARRAS, et renseignez-vous. Juste pour savoir si votre maman suce toujours des verges en enfer. Et surtout, si elle aime ça.
Quel bordel nom d’une pipe.
Titres de l’album:
01. Prelude to the Depths
02. A Chaplain's Breath
03. Roland Doe
04. The Hermit's Anger
05. Lutheran Blade
06. New Pariah
07. Demons Got Rhythm
08. Ritual Overdose
09. Fear Me, Go Fast
10. The Ouija
11. My Aim is Violence
12. Final High
13. Negative Life
C’est vraiment super très bien ce nouveau album. un peu différent du premier tout en conservant le côté direct du premier que j’avais déjà adoré, il a tourné une dizaine de fois depuis le début de la semaine. Je range l’album avec ceux de Disfear, un peu plus punk, et ça tombe bien parce cette corbeille n’est pas très remplie ! Bravo 1000 fois, et vivement le prochain cassage de dents, en concert ?
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