Prognathe : Caractérisé par le prognathisme.
Prognathisme : Saillie en avant de la mâchoire inférieure ou supérieure.
(C’est Larousse qui le dit, parce que la blonde était occupée et que la brune est en stage.)
En gros, un homme de Cro-Magnon, ou une bestiole genre bien molosse comme le dogue de Bordeaux. Enfin, un truc qui grogne, qui bave, qui ronge tout ce qui passe à portée de gueule, qui hurle, qui bave, et par extension, une toute petite horde de créatures préhistoriques qui font du boucan depuis 2012 à peu près. Et qui bavent. Aussi.
PROGNATHE, ce sont deux olibrius, Lundi Galilao (guitare, programmation, yieaaaargl!) et Victor Bestiole (basse, art, Grüüüüüh!). Deux toulousains qui ont un jour dit à leur ville, je cite :
« Ta violence bouillonne jusque dans tes violettes, on se traite de con à peine qu'on se traite, il y a de l'orage dans l'air et pourtant »
Et pourtant d’une, ils n’ont jamais écrit ces vers chantés par le grand Claude, et de deux, il y a tellement d’orage dans leur air qu’il a éclaté depuis bien longtemps.
Autrement dit, autant se fier à eux lorsqu’ils affirment qu’ils ne sentent pas bon, qu’ils ne se rasent pas, qu’ils mordent et qu’ils ne sont pas très intelligents. (Et qu’ils bavent).
Pourtant, en écoutant leurs trois albums, on les sent certes un peu véhéments, le croc luisant et l’écume dégoulinante, mais aussi foutrement sympathiques dans leur protection de territoire Metal extrême. Il faut dire qu’avec ces deux-là au portillon du Death/Grind, le facteur mainstream cool ne risque pas de nous emmerder avec ses recommandés bien emballés.
Trois albums en cinq ans, la productivité n’est donc pas un problème pour Lundi et Victor, qui nous en reviennent donc après leur découverte de la viande cuite (cuvée barbecue Revelation Flesh, grillée en 2014), histoire de poursuivre leurs fouilles archéologiques paillardes et bavardes. Leur approche de l’exhumation des artefacts n’a pas changé d’un pouce, et leur pinceau a toujours les poils aussi gros, mais une fois encore, malgré la rudesse de la méthode, le résultat est probant, et les reliques ramenées à la surface assez précieuses.
Certes, pour le commun des mortels, la sauce risque d’être un peu épicée, et la violence pas assez diluée. Mais avec un nom et un style pareil, le fan lambda serait en droit de craindre un énième ersatz Gore Death aux tranches coupées super fines, et non un énorme plat de barbaque bien cuite aux morceaux costauds.
Pas radins les toulousains, puisqu’ils nous offrent quand même onze lardes pour cinquante minutes de casse-croute, ce qui n’est pas forcément courant dans les arrière-cuisines du Death Grind international. Ne comptez donc pas sur eux pour vous refourguer du MORTICIAN tiède ou du DEATHBOUND à peine passé au micro-ondes, leurs mets sont chauds bouillants, comme leur motivation.
Il est cependant vrai que leur troisième LP est un poil roboratif. Presque une heure d’assaut sonore massif, enrobé dans une production qui rend les titres encore plus maousse qu’ils ne le sont à la base, c’est sans doute un peu trop indigeste pour le néophyte, mais les amateurs se régaleront une fois encore. Car loin d’être de simples découpeurs de tendrons, les toulousains se montrent une fois de plus très à l’aise dans l’allusion finaude et le pastiche 51, et alternent les ambiances, les tempi, les riffs avec une belle prestance.
Vous avez dès lors le choix, entre les attaques médium à la « Wolves », le genre de truc hyper goûtu qui coule tout seul dans le gosier et qu’on digère sans problème, les trous normanlousains bien Death/Sludge à la « Sulphur The Children », lourds comme une choucroute après les tripes au saindoux, ou les apéros servis sur le pouce, mais préparés avec soin dans une charcuterie de saison qui mélange avec flair les tranches de saucisson NAPALM DEATH et les blinis de salami BENIGHTED.
Les bougres n’ont rien perdu de leur coup de fourchette, qui au-delà des clins d’œil potaches savent nous remuer le cul sans laisser de tâches (« Enter Caveman », ou comment - METALLICA®- sonner hyper bourrin - METALLICA®- tout en vous obligeant - METALLICA®- à secouer votre arrière-train), et aiment toujours autant étaler leur culture en reprenant à leur compte des thèmes antiques qui perdurent (« …And Thus Spake He », leur propre version du magnifique et emphatique Also Sprach Zarathustra de monsieur Richard Strauss, revu et corrigé multi Death/Grind dans ta gueule après une intro soignée aux petits riffs cognés).
Alors oui, bien sûr, parfois, ça traîne un peu en longueur, mais on pardonne puisque très souvent, le duo ose des idées qu’ils imposent à coups de pierres et de barres de fer rudimentaires («Running Amok », encore un machin qu’on réécoute en se demandant s’ils ne sont vraiment que deux à avoir inventé le feu). Et même lorsque les cinq minutes sont allégrement dépassées et truffées d’une dualité vocale possédée (« From Torments To Treatments »), on n’y voit que de la fumée et de la viande en train de chauffer. Les soli sont bien évidemment ultra primitifs, mais font mouche, la rythmique avance synthétique mais coule comme de la sueur sous la douche, et les malandrins ont même pris soin d’emballer leur machin dans une pochette griffonnée avec soin par Ivan Camilo Sierra, qui n’a pas la gaucherie graphique d’un babouin.
Et de toutes façons, un groupe qui assure à l’assemblée qu’il a bien toute sa tête et que fondées sont ses idées (« We’re Sane », en le hurlant d’une camisole Death bien serrée qui coupe la circulation et moule les tétons) ne peut résolument être mauvais, dans tous les sens du terme.
Alors, Cro-Magnon ou juste pas très mignons, paléolithique ou balnéocryptique (bah oui, c’est pas loin la mer, mais faut la comprendre), We’re Sane est une grosse tuerie, juste un peu trop soignée pour être datée d’un lointain passé.
Et oui, et non, désolé messieurs, mais même à un stade d’évolution fort peu avancé, vous êtes quand même complètement tarés. Et votre mâchoire brutale Death proéminente me fait penser à ma tante.
Tarés, mais pas pingres. Car pour la modique somme de douze euros sur leur Bandcamp, vous pouvez acheter l’album en version digipack, que les PROGNATHE vous ont coincé en premier CD d’un double qui contient leurs deux premiers LP. Cadeau, bavé, c’est pesé. Et inutile de marchander à ce prix déraisonné. Sinon, c’est le coup de massue sur la tronche pour impolitesse déplacée.
Et de la bave.
Titres de l'album:
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