Voici donc un excellent groupe à côté duquel je suis complétement passé, We Shall Overcome étant sa cinquième réalisation en sept ans, et huit ans de carrière globale. Dommage, car LORD VIGO fait partie de cette caste de groupes underground qui méritent vraiment la lumière, comme en témoignent ces onze nouvelles compositions épiques, fougueuses et progressives. Originaires de Landstuhl, ces trois musiciens (Vinz Clortho - batterie/chant, Tony Scoleri - guitare/basse et Volguus Zildrohar - guitare/basse, accompagnés à l’occasion par des musiciens live et de session) ont donc choisi d’emprunter un chemin escarpé pour se rapprocher du soleil, et nous proposent donc une randonnée aux proportions assez conséquentes, et surtout, le second chapitre d’une trilogie entamée par leur album précédent, Danse de Noir.
Dans les faits, LORD VIGO est relativement inclassable. Se revendiquant d’un Doom épique et d’influences de la NWOBHM, les allemands profitent donc d’une inspiration plurielle pour se démarquer de la masse grouillante d’adorateurs de la lenteur. Assez proche de ce qu’un mariage d’amour entre le vieil OPETH et KATATONIA pourrait produire de plus floral, LORD VIGO fascine de son attirance pour les mélodies les plus Folk, à la manière d’un PARADISE LOST des grands jours pré-New Wave, mais convainc aussi de son potentiel d’arrangements en sous-couches, avec en exergue de splendides soli mis en avant, et de nappes de guitares qui s’empilent comme des cadeaux sur la table des noces.
Diabolique, puissant et paranormal.
Voilà comment ce trio de tête aime à se définir, et à l’écoute de ce monstrueux (dans tous les sens du terme) We Shall Overcome, on ne peut que soutenir cette affirmation. Et même si la mythologie du groupe trouve ses racines dans la comédie Ghostbusters (Lord Vigo von Homburg Deutschendorf est en effet l’un des personnages de Ghostbusters II, et les pseudos des musiciens proviennent du diptyque aussi), rien n’est vraiment drôle dans cette musique incroyablement efficace, et surtout, d’une versatilité extraordinaire. Loin du Doom statique, LORD VIGO a recours à des astuces provenant du Heavy Metal traditionnel, mais aussi du Hard-Rock moderne, avec l’utilisation de tempi enlevés (« From Our Ashes We Will Rise », endiablé et totalement dansant), et de nombreux chœurs éthérés qui confèrent à cet album des allures de quête mystique.
Tels des chevaliers se battant contre les dragons, les démons et autres ectoplasmes, LORD VIGO fait vivre sa musique, l’incruste dans une logique épique de blockbuster, et développe de vrais chapitres de roman d’Héroïc-Fantasy, envoutant l’auditeur et l’entraînant dans un monde fantasmagorique au sein duquel la musique est une arme létale, mais aussi un sanctuaire inviolable. « The Heart of Eternal Night » met d’ailleurs le feu aux poudres après un générique sobre, et nous titille d’une intro space-opéra, avant que la guitare ne déroule le tapis rouge d’un Heavy noble, au sang bleu.
On reste scotché par cette production gargantuesque, aux graves polis et aux médiums tranchants, mais on est surtout estomaqué par l‘imagination des trois allemands, qui ne reculent devant rien pour nous surprendre. A la manière d’une guerre sainte menée par les SAVATAGE, MANILLA ROAD, ARK et HAUNT, We Shall Overcome embrasse la grandiloquence la plus flagrante pour donner du relief à son histoire, et entre ces changements de rythme incessants, ces nappes synthétiques, ces chœurs en sous-couche, et ces thèmes mélodiques principaux, le tout est conséquent, luxurieux, et dessine un décor de bataille moyenâgeuse légendaire.
Sans pousser le bouchon de l’ambition trop loin en nous assommant de morceaux à rallonge, les LORD VIGO n’ont recours à de longues suites que lorsqu’il le faut, en deux occurrences. D’abord, à l’occasion de « We Shall Overcome », title-track emphatique et truffé de petites idées estampillées Metal Progressif (acoustique, longues évolutions mélodiques, emprunts à MAIDEN), puis via le final dantesque de « A New Dark Age », qui célèbre la mémoire d’ICED EARTH et TROUBLE, entre Power Metal de premier choix et lancinance en anesthésie des sens.
A la fois unique et ancré dans le réalisme old-school actuel, LORD VIGO échappe aux travers habituels de la génération nostalgique, grâce à une habile appropriation des codes. Et sans savoir si les fans du groupe trouveront cet album à la hauteur des précédents, je peux affirmer que je m’en suis délecté comme d’une trouvaille perdue dans les coffres de la NWOBHM, oubliée après avoir monétisé SATAN, DEMON et ASHBURY.
A écouter d’urgence pour son parfum Tolkien qui, transcrit dans l’univers cocasse des chasseurs de fantômes, allège un peu la quête de l’anneau par des nains souriants.
Titres de l’album :
01. Blessed Are the Meek
02. The Heart of Eternal Night
03. Natural Habitat
04. Since the Sun Was Young
05. From Our Ashes We Will Rise
06. A Journey to Eternity
07. We Shall Overcome
08. A Gathering of Clouds
09. A Necessary Evil
10. 1986 (Book 1: The Vision)
11. A New Dark Age
Merci pour la découverte Mortne2001, c'est plutôt intéressant, à creuser !
Le travail de production sur le chant est vraiment bon.
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15