Encore une diva ? Oui et non, puisque assez loin des arabesques vocales irritantes de ses consœurs s’étant coincé les cordes vocales dans les couloirs d’un opéra désaffecté, Martina EDOFF se concentrerait plus volontiers sur son timbre chaud et puissant, qui transcende des compositions simples, mais servant d’écrin parfait à sa voix enflammée. Pas de crainte à avoir, ni d’envolées lyriques calquées sur un délire symphonique de Prisunic, ici, tout est Rock, Heavy, AOR, en somme, les trois matières dans lesquelles les suédois excellent depuis la nuit des temps.
D’autant plus que la vocaliste n’en est pas à ses premières armes, puisque ce We Will Align succède à deux LP acclamés dans sa Scandinavie natale, Martina Edoff en 2014 et Unify en 2015. Entre temps, la belle bottée a eu le temps de se roder sur les scènes internationales, en jouant en ouverture de TARJA et des WINERY DOGS lors de tournées, et on retrouve d’ailleurs des traces de ces collaborations scéniques sur ce troisième chapitre, toujours aussi bien écrit d’une plume nette et racée, qui place le Hard-Rock largement au-dessus de la mêlée. Bien que leader de son propre groupe (Martina Edoff – chant, Stefan Bergström – guitare, Björn Höglund – batterie, Nalle Påhlsson - basse et Jona Tee – claviers), Martina n’a pas hésité à partager la composition à parts égales, en enrôlant dans son armée Jonas Törnqvist (DEATHRIDERS, BLEED THE HUNGER, TREASURE LAND), Erik Mårtensson (ECLIPSE, NORDIC UNION, W.E.T), Benny Jansson (RIDE THE SKY), Billy Sheehan (MR BIG, THE WINERY DOGS) et Jona Tee (H.E.A.T), qui se sont donc partagé les compositions, pour donner encore plus d’allant à leur meneuse de son.
Le résultat ? Du suédois, pur et dur, et les deux à la fois, puisque la musicienne n’hésite pas à varier son propos et à jouer des nuances que proposent les courants en question, en prenant garde de ne pas perdre l’énergie de vue pour ne pas sombrer dans la guimauve. On connaît ce genre de jeu par cœur, des guitares à haute teneur en riffs hargneux, des soli merveilleux, une rythmique appuyée pour quelques arrangements enjolivés, et surtout, des lignes vocales qui passent par toutes les émotions, et qui jouent sur la puissance pour mieux nous mettre en transe. L’approche est connue et reconnue, mais admettons quand même que l’ensemble dégage un potentiel indéniable, et surtout, une énergie de tous les diables.
Difficile pourtant de gloser des heures sur un album qui a tout dit en moins d’une. Certes, tout ceci est incroyablement carré, calibré, parfois assez libéré pour tenter des choses moins formatées, mais les mots peinent à décrire une musique convenue et dodue, qu’il vaut mieux écouter pour pouvoir l’apprécier. On se croirait presque faisant face à une nouvelle sortie Frontiers (qui partage quand même pas mal de vues avec ses collègues d’AOR Heaven), spécialement en sachant que le grand Billy Sheehan a trempé les mains dans le cambouis. Niveau ambiance générale, le nom de EUROPE, celui de la reformation, titille les oreilles, bien que le timbre de voix de Martina se rapproche surtout de celui de ses collègues Ann Wilson ou Robin Beck, sans avoir la technique si fine de la première, ni l’émotion à fleur de peau de la seconde. Elle se situerait donc à mi-chemin de ces deux chanteuses, qui elles non plus ne parvenaient pas toujours à insérer leur talent dans un cadre trop restrictif.
De là, vous choisissez, il y a de tout pour vous séduire, et dans le sens des poils vous caresser. Du Hard, du Heavy, des ballades, des choses en ligne médiane, du clavier, des sons bien intégrés, en gros, de quoi vous faire passer quarante minutes sans (presque) vous lasser. Martina sait moduler ses interventions pour s’adapter, ce que confirme la très jolie power-ballad « Face The Mirror », que les HEART auraient pu nous léguer sur leurs albums des années 80. Mais la musicienne n’est pas là pour se la jouer enjôleuse, c’est une rockeuse, et on sent qu’elle a vraiment envie de nous en persuader. Elle n’a pas grand-chose à faire d’ailleurs pour y arriver, sans même parler de son look sur une pochette assez cliché, puisqu’il lui suffit d’entonner un « Turn The Page », aux accents Heavy envoutants, ou un « Champions » au riff presque Néo, et symptomatique des LP de la bande à Joey, de Secret Society à War of Kings. De cette ouverture tonitruante au final en demi-teinte « Brand New World », qui se veut plus celtique et ambiant dans ses accents, l’écart est conséquent, sinon impressionnant, et passe en revue tout ce que le Heavy cru et le Hard-Rock mélodique ont à proposer de plus charnu. L’originalité une fois mise au placard des idées à ne pas exploiter, le groupe déroule, et fait évidemment honneur à son pedigree, en multipliant les petites astuces techniques à peine discernables, mais qui donnent une plus-value à des compositions assez banales. Le propos n’est pas de révolutionner le Rock, qui en a déjà assez vu, mais bien de lui rendre hommage via sa facette la plus adaptée, en signant des hits que l’on se prend à fredonner sans vraiment faire exprès (« We Will Align », au refrain salement bien troussé).
Production bien burnée pour mid tempo appuyé (« Set You Free »), acoustique mystique qui se veut presque progressive dans la tension incisive (« Lay Down Your Arms »), et déclaration d’intention chaloupée qui se love au creux d’un Boogie Hard rondement mené (« I’m Invincible »), le tour de chant est aéré, et revisite à sa sauce les figures imposées d’un Hard scandinave qui n’a rien perdu de sa superbe. Tout est huilé, et la machine tourne sans hoqueter, en évitant la redite de titres trop moulés pour vraiment éclater. Propre sans l’être vraiment, versatile sans se perdre dans les mouvements, We Will Align aligne justement des chansons impeccables, qu’on aurait souhaitées un peu plus culotées pour vraiment nous mettre la fessée. Il aurait fallu pour cela penser à digresser un peu plus en mode mineur, et oser s’aventurer sur le terrain de la radiophonie bien dosée, pour parfois plus se frotter à un AOR que Martina pourrait faire briller de son gosier chauffé à blanc. Mais ce troisième LP, à la forme incritiquable et au fond discutable saura contenter tous les amoureux d’énergie bien restituée, et exhale même parfois un parfum PURPLE/UFO retraité pour correspondre à une époque moins figée, sans toutefois atteindre les sommets atteints par ces vénérables vétérans.
Une carrière qui commence à assurer ses arrières, mais qu’on espère un jour voir décoller un peu plus haut en larguant du lest Heavy qui pèse encore un peu trop. Mais une voix, une attitude et quelques harmonies qui ont moins l’habitude, et We Will Align assure le job loin des turpitudes d’un Metal moderne dont ils ne réfute pourtant pas tous les principes.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09