Nous aurons ce que nous méritons.
Alors, en ce cas, nous ne sommes pas dans la merde. La nature étant très généreuse, mais aussi très rancunière, nous risquons de nous manger sous peu une pluie de catastrophes à faire passer les dix plaies d’Egypte pour dix épisodes de Soda, la série pour ados débiles et fiers de l’être. Mais nous le méritons, alors autant affronter ça avec toute la dignité possible, ce qui il est vrai n’est pas dans la nature de l’homme qui profite de chaque catastrophe pour piller, se constituer des réserves personnelles, et tirer à la chevrotine tout ce qui ose pénétrer sa sacro-sainte propriété privée.
Nonobstant ce constat plutôt pessimiste, avouons que la seconde réalisation du trio danois DETEST est à la hauteur de mes prédictions les plus funestes quant à notre sort prochain. Fondé en 1990, ce groupe a connu une trajectoire assez peu linéaire, avec une première existence de six ans leur ayant permis de publier un premier et unique long, Dorval, intéressant et symptomatique, avant de tirer le rideau deux ans plus tard, pour mieux revenir remonté comme une pile nucléaire en 2013, et nous asséner une petite manchette sous la gorge via le EP A Moment of Love, très ironiquement baptisé. Aujourd’hui solidement campé sur ses positions, le trio de Brøndby daigne enfin nous offrir un second tome à ses aventures chaotiques, via ce second album distribué par le label national d’esthètes macabres Emanzipation Producitons.
Reconstitué autour d’un des membres originaux, DETEST repose donc sur les épaules et la foi de John Petersen, bassiste devenu guitariste avec le temps, et cédant ses fonctions au frontman Simon Springborg qui assure aussi le chant. Le duo devient trio avec l’adjonction du mercenaire Danni Jelsgaard à la batterie, au CV bien fourni (VANSIND, HEIDRA (live), ex-INDOCTRINATION, ex-SATANIC ASSAULT DIVISION, ex-BLACKHORNED, ex-CAUSTIC, ex-DREADLORD, ex-RAVISHING, ex-SHADOWSPAWN, ex-SVARTSOT, ex-SYLVATICA, ex-AKOMA (live), ex-ARTILLERY (live), ex-DISINTEGRATED (live), ex-ELDJUDNIR (live), ex-FJORSVARTNIR (live), ex-MANTICORA (live), ex-VANIR (live), ex-IMPALERS (live), ex-FAIRYTALE ABUSE, ex-ILLNATH, ex-FALL OF PANTHEON (live), ex-HULDRE (live), ex-PREVAIL (live), ex-POISONED LEAVES), et ce second LP a donc enfin pu voir le jour après vingt-sept ans d’attente de la part de fans qui commençaient sérieusement à avoir faim.
Gageons que ces mêmes fans sont maintenant repus, et plus qu’il n’en faut. Ils doivent même avoir la panse auditive à la limite de la régurgitation, tant We Will Get What We Deserve contient d’informations, de redondances, d’itérations et de violence, à la mesure de la réputation du groupe. D’ailleurs, le titre même de l’album pourrait s’adresser à eux, qui patientent dans l’ombre de l‘underground depuis des décennies, et si Dorval était symptomatique de son époque, We Will Get What We Deserve l’est aussi, en prônant des valeurs de Death solide, épais, rétrograde juste ce qu’il faut, et assez puissant pour souffler une petite ville et la rayer de la carte.
Doté d’une monstrueuse production, aux graves qui rebondissent sur les cranes et aux médiums tranchants comme des rasoirs, We Will Get What We Deserve se rapproche des valeurs les plus américaines en la matière, avec en exergue cette brutalité compacte des SUFFOCATION, aérée par quelques plans plus légers et soli construits. Boosté par un groove diabolique qui fait méchamment taper du pied dans les accents médiums les plus prononcés, ce nouvel album est presque un cas d’école de traditionalisme crédible retranscrit dans une époque vouée aux gémonies de la nostalgie, mais pour une fois, le groupe a l’excuse d’avoir existé durant l’âge d’or, et donc de rester fidèle à ses racines.
Si la référence The Metal Archives ose proposer comme artistes similaires les OBITUARY ou NOCTURNUS, c’est plus par facilité que par pertinence. Non, DETEST ne ressemble ni à l’un ni à l’autre, mais plus à un MORBID ANGEL sous stéroïdes, ou à un ANGEL CORPSE moins frappé du ciboulot, avec quelques accointances évidentes (HATE ETERNAL, voire CANNIBAL CORPSE en manque de mélodies), mais surtout, une foi sans limites pour un Death violent, compact, musclé et traditionnel, dans la plus pure lignée des réalisations les plus carrées des mid nineties.
Alors évidemment, inutile de chercher le moindre détail original, et mieux vaut se concentrer sur le professionnalisme et le soin apporté au moindre arrangement et au plus petit break. Propre, lourd, rapide, We Will Get What We Deserve reste concentré sur son propos de brutalité, bande les muscles, impressionne, et ne faiblit jamais le long de ses quarante minutes et quelques. Superbe comeback donc pour les danois qui confirment qu’ils avaient encore de choses à grogner, et un album qu’on se prêtera entre initiés pour se rappeler de l’air suffocant des années 90.
Et après eux le déluge, éventuellement.
Titres de l’album:
01. This Is The End
02. The Process of Doom is On
03. Red is All I See
04. We Will Get What We Deserve
05. Something You Disgrace
06. Start All Over
07. Fear Attracts the Fearless
08. The Solution
09. Vengeance is Mine
10. You Wish
11. I Always Knew
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