A force de vouloir sonner à tout prix vintage, les groupes finissent par sonner comme des groupes qui veulent à tout prix sonner vintage. Oui, j’en suis conscient, tout ça est lénifiant, et pourtant, cette constatation est d’une vérité absolue. C’est bien d’aller chercher dans le passé de quoi planer dans le présent, encore faut-il le faire avec intelligence et pertinence. Et surtout, d’aller puiser ailleurs que dans le réservoir pas si inépuisable que ça, des références les plus évidentes. Parce que LED ZEP, BLACK SAB’, DEEP PURPLE, CACTUS, ST VITUS, BLUE CHEER, c’est certes très cool, mais ça devient tellement surcoté qu’on en bouffe par tous les naseaux. Alors, pourquoi ne pas aller pelleter ailleurs histoire d’exhumer des restes un peu moins bouffés par tous les archéologues musicaux en herbe ? Nous sommes d’accord, et les TRANSIT METHOD aussi. Non qu’ils ne respectent pas les icones usuelles, mais ils ont au moins le flair d’associer des sons un peu moins recyclés pour nous faire vraiment croire qu’ils auraient bien aimé voir le jour plus tôt. Tiens, jetez un coup d’œil à leur bio et leurs influences, ça nous change non ? SOUNDGARDEN, RUSH, PINK FLOYD, JANE'S ADDICTION, VAN HALEN, ALICE IN CHAINS, THE MARS VOLTA, LED ZEPPELIN, MEGADETH, METZ, MASTODON, NIRVANA, TOOL, même si quelques allusions sont classiques, le reste l’est beaucoup moins, et surtout, colle à une réalité artistique subtilement psychédélique et noisy fabuleusement décalée et délicieuse…
Et puis en plus, Matt LoCoco chante comme Perry Farrell ayant pris des cours nasillards auprès de Geddy Lee, alors, tout va bien…Et comme il joue de la guitare comme Dave Navarro en jam avec Kim Thayil…
Bon, sinon, les TRANSIT METHOD risquent de vraiment faciliter votre transit auditif. Après deux EP introductifs, les natifs d’Austin, Texas se sont lancé dans le grand bain du LP via Brutal Panda Records, et nous offrent en ce mois d’août pas si estival que ça, une des dernières grosses surprises de l’été, de celles que Loudwire et New Noise célèbreront avec tout le panache qu’elle mérite. Parce que ces mags virtuels ne parlent pas de n’importe qui à n’importe quoi, ou l’inverse, et si vous trouvez trace d’un combo lambda dans leurs colonnes, c’est rarement un hasard malheureux. Et après écoute attentive de l’objet en question, We Won't Get out of Here Alive, celle-ci ne se pose plus d’ailleurs, parce que c’est un des disques les plus bouillonnants, créatifs et culottés que j’ai pu écouter depuis très longtemps. On pense au gré des pistes à une rencontre pas si improbable que ça entre un RUSH vraiment lysergique et un JANE’S ADDICTION complètement lubrique, qui s’évertueraient à recréer l’esprit libre des seventies au sein d’un cadre dissonant typiquement nineties. Je sais, on vous a déjà fait le coup, mais pour une fois, buvez-le à ma santé, parce que c’est gratuit et honnête. Et du haut de ses neuf chansons aux durées variées, ce premier album toise tout le reste des nouveautés, justement parce qu’il fait du vraiment neuf avec du pas vraiment vieux, et que c’est assez rare pour être souligné. Et puis jetez un coup d’œil aux photos promo. Trois mecs aussi anonymes et fringués comme de jeunes rockeurs propres sur eux, ça cache forcément quelque chose…
Le look ici, que nenni, c’est la musique qui parle, et quelle musique. Un genre d’absurdité psychédélique de 92/93 joué à la sauce 76, avec la tête ailleurs, et une propension indéniable à empiler les idées pour voir si le mobile tourne sans tomber. Une section rythmique volubile (Danny Cruz Borja, Jr. – basse et Mike LoCoco – batterie), qui n’hésite pas à utiliser les aigus du bas du manche d’un côté et les toms en peau de veau de l’autre, mais aussi un maître de cérémonie qui sait jouer, sans s’exciter, et chanter, sans brailler ou imiter Robert ou Ozzy. Secouez le tout, et vous obtenez un cocktail salement allumé, qui vous fait boire de l’alternatif MTV pour des lanternes progressives de Rolling Stone, et qui croise l’audace instrumentale d’un A Farewell To Kings avec la perversion électrique d’un Nothing’s Shocking. Et comme en plus ces trois-là s’y entendent comme personne pour nous entraîner dans leur délire sans avoir l’air de nous forcer, ils commencent leur mind trip par un machin instantané de moins de quatre minutes qui nous explose au nez d’une basse gironde et d’une guitare rouillée.
« Snake Wine », wah-wah en avant, quatre-cordes qui sinue et ondule avec sensualité, et groove imparable digne du meilleur hit de Ritual de Lo Habitual de qui-vous savez (c'est-à-dire « Been Caught Stealing »), joué avec la puissance Thrash-Funk d’un MINDFUNK perdu dans la réverb’ et l’écho puissant d’un APRIL WINE en beaucoup plus déjanté.
Claque, première, mais loin d’être la seule.
Et j’ai eu beau tourner le truc dans tous les sens comme un Rubik’s Cube à couleur unique, je n’ai trouvé ni chemin de sortie, ni solution. En même temps, en appelant leur aîné We Won't Get out of Here Alive, le trio savait exactement ce qu’il faisait, et en se vautrant dans la fange sexy de « Beside Moonlight », on se dit que finalement, on verra plus tard pour le lub’. Et si le vieux Perry ouvrait sa braguette pour montrer son kiki à Geddy, alors qu’un band oublié de l’ère Sub-Pop de la fin des années 80 malmenait sa wah-wah d’un air chafouin, ça pourrait donner un truc comme « One More Beyond Need ». Lick de guitare qui insiste sur les cocottes, et lâché seventies en plein vol, pour un chant qui se veut plus hargneux et une rythmique plus teigneuse. Format court, ou presque, format moyen souvent mais aussi format long, pour deux pépites qui valent n’importe quel solo de saison, et « Constriction » de débouler en premier tous riffs dehors, avec une ambiance salement Heavy, mais crument loopy. Mood planante, un peu comme si le FLOYD de Gilmour trouvait quelques notes par hasard du côté de chez les SMASHING PUMPKINS et RATM, grosse grave qui martèle un leitmotiv sur fond de feedback totalement maîtrisé, c’est si libre mais bien fait qu’on en oublie le treizième café. Et même la guitare se prend pour Page, sans y toucher. On croit vraiment rêver…
« Outlaw By Disguise », en fermeture, est méchamment bien placée. On y trouve pendant plus de neuf minutes toutes les astuces de créativité d’un groupe en pleine possession de ses moyens, qui fuzze, qui larde, qui plane et qui frappe, sans oublier de ménager des pauses et des faux silences, en palm-mute, en staccato, et qui mixe les époques avec un brio de gros salauds. Du RUSH/ZEP à la sauce éthérée d’il y a vingt-cinq années, lorsque les kids redécouvraient les 70’s via SOUNDGARDEN le temps d’un été.
Et des clins d’œil subtils en sus (« Cloud Zeppelin », instrumental à la « Planet Caravan » revu et corrigé KINGDOM COME), des gerbes de flammes Rock baroques sur fond de Speed mastoc (« Parasight », ou comment singer la première vague Speed/Thrash en jouant de l’alternatif qui crache), et de l’intimisme pour introspection à la maison (« Worlds Apart », le plus ADDICTION du lot), pour un festival ininterrompu de Rock noisy, fruity, mais tout sauf cheesy.
Avec We Won't Get out of Here Alive, les TRANSIT METHOD démontrent que pour sonner vintage, il faut tout faire pour ne pas sonner vintage. Jouer la musique qui vous sied, d’époque ou plus ancrée, mais sans chercher à copier le son des influences les plus respectées. Et en agissant comme tel, ce trio sorti de presque nulle part nous donne une leçon d’hybridation sans pareille. Merde, j’aimerais bien voir la tête de Geddy et Perry en écoutant cet album. Sûr qu’on les retrouverait à la colle en train de pondre un projet de grandes folles…
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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