Quand dès son premier album, on colle en hors-d’œuvre une bombe de la trempe de « Ready to Kill », c’est qu’on est en pleine confiance et en montée d’hormones. Très caractéristique de ce Power Metal à l’américaine dont LETHAL et RIOT furent les chantres les plus crédibles, « Ready to Kill » est sans aucun doute l’équivalent 2024 de l’immortel « Thundersteel », avec un punch légèrement plus Thrashy sur les saccades. Mais il y a pire moyen de faire connaissance avec son public n’est-il point ? D’ailleurs, « Welcome » continue sur la piste d’un Heavy Metal racé, en singeant l’addictif « Swords and Tequila » des mêmes RIOT, et en prenant soin d’aménager une cassure des plus lourdes et cathartiques. UNDERTAKKER, un clone de RIOT ou autre chose ? Autre chose sans aucun doute, mais entre les deux. Et fameux.

Un nom très catch(y), pour un combat sur le ring avec figures, pirouettes, clés de bras et autres jetés de cordes. Fondé entre le Brésil et les Etats-Unis, ce quatuor aux dents longues et à la nuque mulet a réconcilié Rio de Janeiro et la Californie, entre samba de Dieu et foutoir à Los Angeles entre deux poignets cloutés. Très en verve, après presque deux décennies d’existence, le quatuor (Marcelo Boneco - basse, Vicky Dragoon - batterie, Yuri Fachini - guitare et Rob Tombstone - chant) se lance enfin dans les grands travaux avec un premier long qui l’est, et intéressant qui plus est.

Un peu WILD DOGS contemporain, UNDERTAKKER creuse la tombe old-school la plus finement préparée pour y enterrer les cadavres des suiveurs sans imagination. Non que le quatuor international soit le plus culotté de sa branche, mais il a au moins la décence de se triturer un peu les neurones pour ventiler sa nostalgie d’une variété appréciée. Et surtout, de montrer des signes de panache au moment de composer des hymnes. Porté par le talent du guitariste Yuri Fachini, ferme en rythmique et fluide en solo, Welcome est tout sauf un paillasson posé sur le perron du Heavy Metal nostalgique. Il est une accolade franche, une poignée de mains virile, et un salut des cornes pour mieux souligner la foi métallique.

« Rest in Peace », « Justice », il y a du METAL CHURCH là-dedans, mais aussi du mysticisme à la SANCTUARY/NEVERMORE, avec cette fine patine LIZZY BORDEN, épaissie par le chant lyrique de Rob Tombstone. Grosse basse qui claque, progressif assumé mais bien dosé, ce premier album est impressionnant de maitrise. Les riffs ne sentent pas le réchauffé, et la puissance globale est merveilleusement bien dosée. D’autant qu’un certain nombre de breaks inventifs relancent la machine entre deux refrains d’airain. Pas radins les américains ? Non en effet, très généreux sur les mélodies, mais très à cheval sur la parcimonie. Le mieux étant l’ennemi du bien, le quatuor n’en fait pas des tonnes, et s’arrête toujours pile au bon moment. Ce qui n’empêche guère des références à la vague Power Metal des nineties, lorsque STRATOVARIUS et RHAPSODY se lançaient à la conquête des étoiles et à la quête du Graal, les guitares en avant, et la batterie en mode rouleau compresseur.

Des œillades à ANGRA lorsqu’il s’appelait encore VIPER, mais aussi des facilités à la MAIDEN sur l’impact « Protected by Odin » qui en dit long sur les croyances. Du médium qui roule, du Speed qui déboule, Welcome passe en revue toutes les tenues d’un Heavy Metal passéiste, mais produit contemporain pour ne pas sonner trop rétro ricain. 

A la première écoute, le tracklisting impressionne. A la seconde, il détonne, et à la troisième, il tonne, comme un énorme orage balayant les cotes californiennes, menaçant de tout envoyer balader d’une force démultipliée. Si parfois, UNDERTAKKER cède quelques pouces à la facilité un peu mièvre, il se rattrape très vite en lâchant un gros lick gluant, ou un bon refrain à la PRIEST pour faire monter la température sous la casquette de cuir (« Viper », justement, ça tombe bien).   

De tout, pour tout le monde, mais surtout, un respect de la charte de qualité. Des morceaux qui prennent leur temps pour construire une ambiance, pour tamiser la romance avant d’exploser la cadence. « Damned Time », d’obédience TESTAMENT du dimanche après-midi en est un exemple manifeste, et peut-être le plus beau titre du panier garni. Son intro toute en délicatesse, caressée par un solo qui vient du lointain peut même évoquer nos SORTILEGE durant leurs réflexions romantiques et fantastiques.

Aussi doué pour l’instinctif que pour le pensé/développé, UNDERTAKKER fait montre d’une force de persuasion assez impressionnante. « Evil Portrait », qui replace le portrait fatal de KING DIAMOND sur la table à l’entrée, et « The God of Heavy Metal » qui rend hommage aux aînés, le packaging est concentré, l’effet optimisé, et la foi renforcée. Quelques poncifs avec lesquels on joue par plaisir, mais une vraie envie d’en finir avec les astuces éventées, Welcome est incontestablement l’un des meilleurs albums de Heavy/Power de cette année pourtant comblée.

Etes-vous prêt à tuer ? Tuer dans l’œuf toute envie de rébellion de la part des factions modernistes ? Tuer les doutes quant au mariage impossible entre IRON MAIDEN et RIOT ? Encartez-vous et suivez le mouvement. Il peut vous faire entrevoir une vérité qui crève les yeux, mais que le manque de recul empêche de voir au mieux. 

Titres de l’album:

01. Ready to Kill

02. Welcome

03. Rest in Peace

04. Justice

05. Protected by Odin

06. Viper

07. Damned Time

08. Evil Portrait

09. The God of Heavy Metal

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