Quelle que soit l’étymologie, l’acronyme F.U.B.A.R reste une notion fort peu sympathique. D’un côté, elle synthétise l’invective « Fucked up beyond all recognition », que vous comprendrez je le pense sans que j’ai besoin de vous la traduire, ou une mésentente et fausse adaptation de la locution allemande « furchtbar », qui une fois transposée dans notre langage maternel donne un truc du genre « horrible », ou « effrayant ».
Et dans un cas comme un autre, elle correspond tout à fait à la musique pratiquée par ces Hollandais affolés qui depuis 2001 se vautrent dans le Crust, le Grind, le Hardcore sale et véreux, sous tous les formats possibles.
Quinze ans de carrière et plus, et une discographie qui ressemble à un foutoir sans nom.
Des 7’’, des splits (beaucoup), des longue durée (deux, Justification of Criminal Behaviour en 2004, et Lead Us To War en 2012), puis trois avec ce Weltschmerz (« Mal du Siècle » en VF), en gros, tout ce qu’il est possible de sortir sur des formats divers, quitte à partager les faces avec les LYCANTHROPY, EMBALMING THEATRE, BLOOD I BLEED, TOTAL FUCKING DESTRUCTION et autres SYLVESTER STALINE.
Et pour quoi faire au juste ?
Rester véhément, cruel et dément, et se répandre en déflagrations de blasts et autres ambiances malsaines de dimanche matin pluvieux.
F.U.B.A.R, c’est un peu la caution Grind européenne, un genre de label de qualité qui ne trahit jamais personne mais qui se veut garant d’une certaine tradition bruitiste héritée des exactions anglaises de la fin des années 80. Une utilisation de la violence au-delà de toute raison, mais aussi des nuances en variations, tout en restant fermement campé sur ses positions.
En gros, une synthèse des boucheries les plus performantes, d’INFEST à PIG DESTROYER, en passant par les NASUM, WEEKEND NACHOS et autres TRAGEDY.
Mais surtout, en restant F.U.B.A.R et furibond, sans avoir peur de choquer les bonnes âmes en floraison d’un printemps qu’ils conchient à grands coups de Hardcore fort peu de saison.
Leurs deux premiers LP avaient révélé un potentiel de destruction assez conséquent, mais il faut reconnaître que ce Weltschmerz appuie encore plus sur le champignon pour atteindre une densité fort remarquable. Les rythmiques en chien de fusil sont toujours à l’affût, et la gravité des guitares empêche toute mise en fût, mais les Néerlandais savent composer, et c’est justement ce qui rend leur musique si performante et cruelle. Se partageant entre des vues modérées de vitesse et des embardées qui t’écartent les fesses pour un lavement Grind à confesse, le quintette (Luc: chant, Bas: guitare et chant, Mark: guitare et chant, Joris: basse et Paul: batterie) ose quatorze brulots qui tiennent chaud, et qui maintiennent les trente-quatre minutes de ce troisième effort à température d’ébullition tant que la casserole ne danse trop sur la gazinière.
Mais les mecs excellent dans l’art d’accommoder des restes brutaux sans que le tout ne sente le réchauffé, et parviennent toujours à nous enchanter à défaut de nous surprendre, comme une version épidermique d’un THE KILL trempant ses pieds dans un panier de crabes beuglant du TRAGEDY à la gueule des mouettes.
Dotés d’une production massive, les originaires de Limburg excellent toujours dans de multiples formats et partagent leur attaque en assauts brefs et marteaux, et sièges plus longs qui distillent un tempo plus posé et des dissonances moins larvées.
C’est du joli travail de bourrins, mais qui savent se montrer malins ce que démontre à merveille cette intro maousse « Weltschmerz » qui joue avec nos nerfs et quelques percussions tribales inondées de riffs taillés dans le NAPALM DEATH le plus ouvertement malmené.
En somme, et en addition ce qui est tout comme, du Grind, du Darkcore, du Crust qui avance et avance encore, mais qui sait marquer les pauses idoines au bon moment pour repartir de plus belle.
Cette dualité s’exprime parfois de façon marquée, comme à l’occasion de l’enchaînement « Storm »/« Light »/« Forsaken », qui allonge les minutes petit à petit pour nous prendre à revers comme des maudits.
D’abord une entrée en matière à cheval entre un Mathcore à tendance Grind qui dégénère en Hardcore, puis une énorme poussée Induscore dans la droite lignée du ND de transition des 90’s, avant de se stabiliser sur un melting-pot de l’outrance, cumulant les blasts, les accélérations Crust et les cris de démons, le tout en amalgamant trente ans d’extrême en une poignée de minutes.
Les plans s’entrechoquent, le paroxysme choque, mais le flair indéniable des F.U.B.A.R les retient constamment au bord de la cacophonie, et sur la berge de la répétition honnie, ce qui permet à leur Weltschmerz de se montrer aussi insistant que varié, sans jamais répéter les mêmes astuces de trop près.
C’est éminemment bruyant, mais aussi malséant, et entre les fulgurances impitoyables de BMP de « Tombs » qui d’ailleurs ressemble légèrement au groupe homonyme, et les digressions qui mettent mal à l’aise de « Demons » (pour un peu on se croirait en pleine déviance Post BM suffisamment mélodique pour être alléchante), qui alterne les arpèges acides et les brutales embardées décisives, le tableau de l’horreur est complet, et le groupe se montre sous son visage le plus imparfait dans la perfection.
Un reflet de violence dans un monde d’outrance, là est bien le leitmotiv de ces barbares, qui manipulent suffisamment bien leurs instruments pour passer pour de fins lettrés de l’extrême travaillé.
Nous sommes donc loin d’une explosion tuée dans l’œuf car mal dosée, et ce troisième LP des F.U.B.A.R vous laisse en effet dans un sale état décomposé, le faciès grimaçant et les muscles tétanisés.
Mais alignez pour tester votre résistance des bousculades intenses comme « Consumed » et son Néo Crust qui honore autant DISCHARGE que les INFEST, ou « Dead », qui instaure un climat étouffant de gravité, tout en restant accrocheur et saturé. Vous aurez un bon résumé de la philosophie de ces acharnés qui ne confondent toutefois pas immonde bordel et leitmotiv extrême qu’on martèle.
Alors horrible et effrayant certes, mais quand même séduisant. Et dangereux donc, par extension vous diront vos parents.
Titres de l'album:
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