Voilà ce qu’on obtient en mélangeant SAXON et MERCYFUL FATE.
Il y a quand même pas mal de prétention dans cette assertion promotionnelle certes destinée à attirer les fans éventuels, mais il y a aussi beaucoup de passion. Pour la NWOBHM, mais aussi pour cette vague européenne des années 80, lorsque chaque pays engendrait ses propres héros ou assimilés. Et je ne saurais dire si ce dosage respecte vraiment la posologie de We’re Gonna Take Your Soul. Parce que le traitement semble être plus ouvert que les deux composantes citées. On y trouve des fragments de THIN LIZZY, de faibles doses de TRESPASS, et quelques millièmes de milligrammes de seventies encore soignées par le boogie.
Un titre à la TWISTED SISTER pour un groupe roublard au possible. Les américains de BLOOD CULT ne sont pas nés du dernier bukkake, et connaissent la chanson qu’ils veulent interpréter. Un long parcours au long cours depuis la première moitié des années 90, un changement de nom et un glissement progressif du plaisir pour passer d’un Black formel et un peu anonyme à du Black n’Roll à la DARKTHRONE…avant de sombrer dans le stupre d’un Heavy Metal subtilement occulte, mais franchement nostalgique.
We’re Gonna Take Your Soul va donc nous voler notre âme, en nous trompant sur ses intentions. Si la première impression est celle d’un chanteur se prenant pour KING DIAMOND sans en avoir le talent, la seconde place en avant les qualités d’un instrumental fédérateur, avec gimmicks putassiers, et envolées lyriques maîtrisées. Le line-up, dominé par l’homme-orchestre J.R. Preston pose les bases d’un Heavy Metal ombrageux, colérique, mais aussi terriblement pragmatique. On sent l’attirance d’un déodorant typé musc des eighties, qui de titre en titre répand son parfum et ses guitares serpentines, bluesy, assassines, et finalement, assez proches du tournant entre les seventies et les eighties, lorsque le Blues et le Boogie laissaient place au Heavy, totalement hors contexte.
Difficile dès lors d’être complètement d’accord avec cette formule un peu facile. Assez influencé par les débuts de DEATH SS, mais aussi les errances de COMUS, BLOOD CULT célèbre le diable en tenue officielle, mais n’est pas dupe du caractère fantasmagorique de ses croyances. Il n’y a nul désir de nous impressionner d’incantations funestes, mais ce nouvel album - qui intervient un an seulement après Tomb of the Unknown Redneck - se propose de nous faire découvrir une autre Amérique musicale, celle inclassable qui se sèvre d’horreur européenne et d’Halloween US pour laisser les monstres en liberté dans les rues de Kenney.
Bricolé, sonnant comme un artefact bradé par accident sur une brocante quelconque, parfois témoin d’une ouverture manifeste sur l’extérieur via la froideur Post-Punk de « Bully », qui crache à la tronche des brutes de lycée. Cette basse économique à la JOY DIVISION/KILLING JOKE, ce chant échappé des geôles privées d’Anton LaVey prouvent que BLOOD CULT a plus d’un tour dans son sac, et plus d’un sac dans son coffre.
Il est très plaisant d’écouter un disque qui a pris soin de diversifier ses refrains. Porté sur la luxure comme sur le stupre brut, BLOOD CULT répand sa semence comme un gourou repeuplant son cheptel, et nous contamine de sa bonne humeur sournoise et de son regard torve. « Playground Creeper » propulse les MISFITS dans l’univers de la firme Amicus, et se joue des peurs enfantines du boogeyman en prise avec la faune locale. Parfois à la limite d’un Rock plus généraliste, We’re Gonna Take Your Soul est beaucoup plus versé dans les messes noires de pacotille que dans les sacrifices d’animaux innocents.
Pas toujours assuré, de temps à autres reposant sur un riff éprouvé piqué à ACCEPT ou tout autre monstre Heavy né la bonne décennie, ce nouvel album se calme parfois pour regarder le spectacle, qui ne ménage ni le cuisseau, ni les bravos. « The Devil’s Child », qui bat le rappel d’un Udo rassemblant ses troupes sous la lune, « In the Full Moon » qui laisse glisser les jours comme le sable dans un sablier, les histoires racontées sont peut-être trafiquées, mais elles sont accompagnées par un son très chaud, aux amplis bloqués, et à la distorsion souple. Je vois là-dedans une forme très brute de proto-Hard-Rock à la BLUE CHEER ou CACTUS, remis à niveau par des lignes vocales plus assurées et moins fleuries.
Sérieux dans le fun, souriant dans la provocation facile, BLOOD CULT pourrait venir d’Athens, d’Akron ou d’autres couffins où sont nées des créatures étranges, DEVO, les B52’s, revisités Metal gentil mais légèrement corsé. Une belle continuité dans la diversité pour les américains qui ont vraiment du mal à se fixer. Mais on peut aimer à parts égales Glenn DANZIG et COVEN, sans pour autant trahir DIAMOND HEAD.
Enfin je pense.
Titres de l’album:
01. Demon Seed
02. No Escape from Rock
03. We’re Gonna Take Your Soul
04. I’ll Never Go Away
05. Bully
06. Playground Creeper
07. The Devil’s Child
08. In the Full Moon
09. Love
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30