On ne juge pas un livre sur sa couverture, et heureusement : sinon le premier album des norvégiens de WARZAW aurait fini à la poubelle de l’histoire, déjà encombrée des premières œuvres de PANTERA ou des horreurs graphiques de TORMENT. Enfant du Metal boom des années 80, j’ai pourtant connu les pires illustrations de BATTLE AXE et autres WOLF, et pourtant, je reste perméable à bientôt cinquante ans aux erreurs graphiques les plus flagrantes, dont celle de cette pochette immonde avec ses quatre motards de premier plan, fuyant un arrière-plan aussi chargé qu’une vodka de Boris Eltsine. Mais on ne juge pas un livre sur sa couverture, on le juge sur son contenu, et de ce côté-là, les norvégiens ont bien joué leur jeu, en nous proposant un Hard n’Heavy de première bourre, joyeux, décomplexé, sans prétention, mais percutant et entêtant.
Venus de Trondheim, les WARZAW sont nés l’année dernière en tant que collectif, après avoir mis leur talent au service de combos comme SHOTGUN RODEO, PELAGIC ou BLÅNÆGGEL, inconnus dans nos contrées. Et pour séduire l’Europe et éventuellement les Etats-Unis, les quatre bikers (Daniel Rønning – chant, Håvard Alvarez – guitare/chœurs, Trond Jullumstrø – guitare/basse/chœurs et Mats Sødahl – batterie/chœurs) ont rendu hommage à un vieux film datant de l’année de ma naissance, 1971, Werewolves on Wheels de Michel Levesque, qui narrait les aventures de motards maudits par un culte satanique ayant jeté un sort à la petite amie de leur leader se transformant alors en louve-garou. Totalement ancré dans son époque avec ce mélange d’horreur cocasse et de bruits de moteurs de moto, ce film de série B, voire C se voit aujourd’hui gratifié d’une bande-son méritée, et bien plus appréciable que ses images ringardes et son intrigue improbable.
En substance, et en respectant un équilibre stable entre Hard-Rock burné et Heavy fluide et saccadé, les WARZAW ont de faux airs de neveux de ZODIAC MINDWARP et des HELLACOPTERS, le tout élevé au sein d’une mère au fait des tendances mélodiques nordiques de notre époque. Pas de quoi se réveiller la nuit en cas de pleine lune de peur de voir ses poils et crocs pousser, mais une BO sympathique et entraînante, qui fait la part belle à des refrains efficaces, et à de sacrés duels de guitares dans la plus droite lignée de la NWOBHM, JUDAS PRIEST et MAIDEN.
Loin d’un Heavy rustre et primitif, Werewolves on Wheels joue donc l’ambivalence entre l’odeur de graisse et celle de la liberté sur la route, n’hésitant pas de temps à autres à en appeler à notre sensibilité, et à se rapprocher du CORROSION OF CONFORMITY le plus sudiste (« Midas Touch »). Beaucoup de doigté donc de la part de musiciens qui connaissent bien leur boulot, et qui se montrent plus subtils qu’on aurait pu le croire. Evidemment, le Hard sévèrement burné et les burners se taille la part du lion pour des hymnes à la vie sur les highway, conduisant la nuit à la lumière de la lune (« Burner », titré fort à propos). Ces greasers là sont donc humains le jour, et loups garous la nuit, troquant leur cuir contre une toison venue une fois le soleil couché. Très agréable en oreilles, ces cris venus de loin nous entraînent dans une épopée SF de premier choix, avec étapes nostalgiques au coin du feu, et courses poursuite dans les rues de village effrayés.
Chacun de leur côté, les quatre motards font preuve d’un flair imparable pur alléger leur sauce, et ne pas laisser couler leur pot d’échappement. La paire Håvard Alvarez/Trond Jullumstrø tricote non seulement des riffs très accrocheurs dans la plus droite lignée de KISS, KIX ou WHITE ZOMBIE, mais aussi des soli très propres et mélodiques, tandis que le chant roublard de Daniel Rønning souligne le tout avec la morgue des créatures de la nuit. Sans autre ambition que de nous faire headbanguer dans la fumée des Harley, les norvégiens tapent dans le mille en montant dans les tours façon BACKYARD BABIES (« Spitfire »), ou façon RAVEN/TANK/MOTORHEAD (« Deathwaves »). Onze morceaux pour autant de hits à beugler sur le siège d’une grosse cylindrée gobant les miles, mais aussi quelques traces de freinage à la mode NOLA light du nord (« Swamplands »). En gros, de tout, pas n’importe quoi, une foi indéfectible en une musique simple et percutante, et un album qui tient la route sans avoir à se reposer sur sa béquille.
Belle surprise donc que ce premier LP qui joue sur pas mal de registres, taquinant du Dark Rock pour s’adapter à la transformation nocturne (« Mind Eraser »), avant de terminer sa route à bon port, après un dernier coup de gaz efficace (« Switchblade Renegade »).
On ne juge donc pas un livre sur sa couverture, et encore moins un album. Si parfois le plumage prévient du ramage, méfiez-vous des piafs moches qui chantent avec énergie et conviction. Ce sont les plus dangereux, et leurs poils remplacent les plumes à la lune ronde.
Titres de l’album:
01. Werewolves on Wheels
02. The Second Banana
03. Adieu
04. Dragging Knuckles
05. Midas Touch
06. Burner
07. Spitfire
08. Deathwaves
09. Swamplands
10. Mind Eraser
11. Switchblade Renegade
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49