Non, je n’ai pas pété un plomb et décidé de vous parler d’un obscur album sorti il y a presque trente ans au hasard ou par manque de nouveautés à traiter. Si aujourd’hui j’ai décidé d’écrire au sujet de WHAT IF, groupe d’un seul album sorti en 1987 sur la major RCA, c’est pour aborder un point plus générique et de très haute importance pour tous les fans d’AOR du monde entier.
J’aurais d’ailleurs pu en choisir un autre, mais laissez-moi d’abord vous expliquer pourquoi…
Vous ne le savez peut-être pas, et vous vous en moquez sans doute, mais l’AOR pour moi, reste un des mouvements musicaux les plus importants de la fin des années 70 et des années 80. Je suis fan de cette adaptation des standards Rock au sein d’une structure Pop, et je vénère des artistes comme Henry Lee Summer, Richard Marx, BALANCE, Greg Phillinganes, TOTO, LE ROUX, j’en passe et des centaines d’autres, et cent, c’est justement le chiffre du jour, ou de l’année, proposé par Sony Music Japon, dans leur entreprise de réhabilitation la plus vaste jamais entreprise pour un genre méprisé, honni, et mis plus bas que terre par des critiques peu portés sur la chose mélodique.
La branche nippone de Sony Music propose depuis quelques mois une collection époustouflante, emballée sous l’étiquette « AOR CITY 1000 », et qui propose contrairement à ce que son concept semble indiquer, la réédition deluxe de cent albums d’AOR acquis par le catalogue local, dans des versions remasterisées qui valent vraiment la peine d’être achetées.
Pourquoi ? D’une parce que le choix des artistes exhumés est d’un goût exquis, et de deux parce que chaque CD est vendu dans un packaging relifté pour la somme dérisoire de huit dollars pièce.
L’opération s’achèvera en mars 2017, et croyez-moi, une fois cette date butoir dépassée, attendez-vous à voir les prix grimper en flèche sur Ebay…
Alors autant en profiter, d’autant plus qu’au milieu de références évidentes (TOTO, Gino Vannelli, Art Garfunkel, MR MISTER, BOZ SCAGGS), on retrouve des noms beaucoup plus obscurs, comme celui de PAGES, ensemble pré MR MISTER drivé par Richard Page, et évidemment, celui de WHAT IF, dont le seul témoignage discographique patent sous cette bannière reste un album éponyme publié il y a vingt-neuf ans.
WHAT IF, n’était rien de moins que le vecteur d’expression musicale personnel de Tommy Funderburk, chanteur/choriste très demandé dans les eighties, et dont on trouve trace de la voix sur les œuvres d’artistes comme AIRPLAY, BOSTON, Stan Bush, THE CULT, Richard Marx, WHITESNAKE, j’en passe, et des dizaines d’autres. Il était un peu l’équivalent des frères Costa chez nous à lui seul, et décida un jour de voler de ses propres ailes en fondant en 1983 THE FRONT avec l’assise rythmique de Bob Wilson. Un album et une tournée plus tard, les deux hommes recrutent Larry Williams au clavier et au saxo, et se rebaptisent WHAT IF, pour enregistrer un album éponyme qui malheureusement sera leur unique trace discographique à ce jour.
Dans le cadre de l’opération « AOR CITY 1000 », Sony Music Japon a donc décidé de proposer ce titre dans sa collection, et je ne saurais jamais assez les remercier de cette décision. Non que What If, l’album, soit le plus emblématique ou l’épitomé d’un style qui a plutôt consacré des LP comme In For The Count de BALANCE, Repeat Offender de Richard Marx, ou même l’imputrescible IV de TOTO, parmi des milliers de références, mais c’est un des rares qui permettent d’apprécier in situ l’étendue vocale et le talent de chanteur de Tommy Funderburk, qui reste un des sideman de studio les plus recherchés des années 80.
Et dire qu’il éclabousse de son talent ce premier et unique album est un euphémisme que je me permets quand même de coucher sur papier virtuel.
Chaque piste porte son emprunte vocale profonde et gorgée de sensibilité, et l’homme évolue entre des morceaux typiques du créneau comme l’irrésistible ouverture éponyme, des moments de romantisme exacerbés et drivés par des synthés soutenus par une guitare toujours mordante en arrière-plan (« If This is Love »), ou surfe sur un tapis synthétique symptomatique d’une décennie qui avait érigé cet instrument en tant que base indispensable (« Love Is a Fire »).
Sur What If, l’album, rien à jeter. Il constitue un parfait résumé d’un style qui finalement aura traversé les années et incarné une décade mieux que n’importe quelle autre incarnation, comme le démontre le progressif « One Look », qui après des couplets tout en retenue explose d’un refrain exubérant, débordant de vitalité juvénile et ramenant à notre mémoire une génération de teenagers dansant et chantant au son de rythmiques synthétiques et de chœurs séduisants. Et un simple coup d’œil à la liste des participants (Michael Landau à la guitare, ainsi que Dan Huff des futurs GIANT, Bob Carlisle aux chœurs) suffit à appréhender le pedigree d’une telle réalisation sans avoir à trop y penser…
Basse slappée comme on frappe des claviers pour les faire sonner Funk endiablé (« She Rocked My World », climat lourd mais au groove sourd), sentimentalisme à fleur de peau pour une échappée vocale de toute beauté (« Ride The Hurricane », tube immanquable qui aurait fait les beaux jours du Billboard), et subtil mélange de Hard Fm, de Rock hargneux et de Pop pour les curieux (« Turn and Walk Away »), What If et sa production policée est une porte d’entrée pour tenter l’aventure AOR dans son parcours le plus tardif, mais aussi le plus productif, avant qu’il ne tombe dans l’oubli, méprisé par MTV et une nouvelle déferlante plus agressive et alternative….
Vous y trouverez ce saxo si connoté, ces lignes de chant si peaufinées, et surtout ces arrangements frôlant la perfection absolue, que d’aucuns jugeaient un peu stériles et aseptisés, mais qui finalement symbolisaient l’amour que certains musiciens portaient à une musique sincère, et beaucoup moins mercantile que les critiques ne le pensaient.
Alors évidemment, tout ça n’est pas très « Métal » dans le fond ou la forme, mais n’oublions pas que bon nombre de nos groupes favoris ont plus d’une fois flirté avec ces frontières, à l’instar de WHITESNAKE et de son éternel « Is This Love », d’Ozzy avec « Shot in the Dark », ou même de Ronnie James sur « Hungry for Heaven »…
Mais je salue l’initiative de Sony Music qui fait pour une fois preuve de bon sens et de salubrité publique en rééditant à moindre coût des albums indispensables pour redécouvrir tout un pan de la musique Américaine, au moins aussi indispensable que l’histoire du Hard Rock, du Disco ou du Funk…
A vous de voir, mais une fois que vous aurez le nez et les oreilles plongés dans cette collection de cent références, vous aurez du mal à ne pas craquer. Et c’est ce qui fait la différence après tout…
Titres de l'album:
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03/12/2024, 13:55
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27/11/2024, 09:15
8 lettres: KHOLOSPVÇa veut dire "coloscopie" en langage mec bourré en fin de soirée.
26/11/2024, 18:14
Je ne suis pas au courant.. il s'est passé quelque chose récemment avec le groupe Al Namrood?
26/11/2024, 14:44