Le développement des programmes nucléaires, les antagonismes entre les blocs de l’ouest et de l’est dès les années 60, ont mené à une obsession dans les années 80 : la guerre thermonucléaire et son cortège de morts violentes et de débris radioactifs. Les médias se sont rapidement emparés du sujet, puis les artistes, et nous avons eu droit à un joli florilège de films post-apocalyptiques ou pré-apocalyptiques, entre Damien, Apocalypse 2000, Mad Max, The Day After, j’en passe et de beaucoup plus dispensables étrons italiens. Musicalement, l’affaire était suivie de près par les puissances Metal, et l’émergence du champignon fatal dans les chansons se fit à la même époque, via le Ride The Lightning de METALLICA ou la naissance de groupes comme NUCLEAR ASSAULT. Depuis, le créneau a été déserté, et les obsessions ont changé, passant de la guerre totale à la déforestation, les inégalités sociales, la couche d’ozone ou la désertification, mais quelques résistants continuent de nous prévenir du danger à venir, qu’ils estiment encore proche. Il est certain qu’entre le programme iranien et la possession du gros joujou par le branque Kim Jong-un (sans parler des caprices dangereux de l’ex-président orangé), on peut encore s’estimer heureux de ne pas avoir volé en éclats en 2021. Et les brésiliens de KILLING FIELDS l’ont bien compris, et c’est pour cette raison qu’ils dégainent enfin leur première réalisation.
Fondé en 2002, puis mis en sommeil pour une durée indéterminée, le groupe est enfin sorti de son caisson de cryogénisation pour nous agresser les tympans de son Thrash solide et effectif. Après quasiment vingt ans de non-carrière, le quatuor (T-Rash - batterie, Otávio Magão - guitare lead, Roberto Phrankson - guitare rythmique/basse, et Cid Oliveira - chant) peut donc s’appuyer sur des bases de certitude au moment de proposer son premier EP, ce When Nuclear Nightmare Turns Real sympathique à défaut d’être indispensable.
Le groupe de Natal s’inspire donc des traditions modérées en vogue dans les années 80, et joue l’extrême comme il était joué à l’époque avant que la folie n’emporte le Thrash dans les égouts du Death et du Grind, et avant que les productions se normalisent dans la gravité pour toutes produire le même son édulcoré. Ici, la musique sonne comme une solide démo professionnelle des années 86/87, et le Metal des brésiliens, à défaut d’être original, reproduit les recettes de terreur mises en place par les LAAZ ROCKIT, NUCLEAR ASSAULT et autres passionnés de Heavy véloce. Légèrement punk sur les bords, le style des lusophones fond agréablement en oreilles, en gardant un tempo raisonnable, mais en lâchant un maximum de riffs voraces. On apprécie l’épaisseur de l’ensemble, même si quelques embardées rythmiques ne nous auraient pas dérangés.
KILLING FIELDS s’avoue bien volontiers influencé par l’arrière-garde de la Bay-Area, ce qu’on comprend assez rapidement en découvrant le title-track. Le riffing est made in California (uber alles), la rythmique sent bon la solidité des groupes de Frisco, et l’ambiance résolument Metal éloigne toute sensation de Crossover qui aurait pu rapprocher le groupe des modèles de NUCLEAR ASSAULT. Le maigre répertoire fait donc étalage de capacités d’agencement certaines, et d’un don dans l’accroche. Les riffs porteurs sont efficaces, la batterie sobre et sèche turbine à bon rythme, et le chant légèrement Core de Cid Oliveira apporte la niaque suffisante pour que le produit se montre compétitif. Certes, les défauts sont là, entre le formalisme assumé et l’amateurisme dans le maniement du mid tempo et des ambiances plus légères (« Devil’s Grip »), mais le doigt s’approche du bouton rouge avec une certaine facilité.
Le tout est propre et carré et nous replonge dans la peur des silos atomiques des années 80. On retrouve avec un certain plaisir cette paranoïa nucléaire de notre adolescence qui avait transformé en hymnes des morceaux comme « Nuclear Winter » et « Brain Dead », et ce trip passéiste remis au goût d’un jour aussi incertain laisse éventuellement présager d’un longue-durée digne. Après dix-huit ans de silence, les KILLING FIELDS ont donc choisi l’optique du discours bref mais concis pour revenir à la vie, en espérant que leur retour n’entraîne pas la fin de l’humanité.
Titres de l’album:
01. When Nuclear Nightmare Turns Real
02. Inner Rage
03. Killing Fields
04. Devil’s Grip
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30