De façon générale, j’aime être surpris par un groupe que je découvre. Ou que je redécouvre, c’est selon. Rien ne m’ennuie plus qu’un album qui se contente de répéter des recettes déjà éculées, ou qui reste collé à des préceptes déjà digérés depuis des années. Je ne demande pas pour autant une originalité de tous les instants, ce qui est difficilement possible (et souvent franchement décevant), mais plutôt une variété de ton dans le déroulé, et une logique sous-jacente dans la concision, ce qui suffit amplement à transformer une anecdote en quasi évènement. Et ce nouvel album des américains de DOG DAY SUNRISE, sans être l’épiphanie qu’il n’est assurément pas, joue admirablement bien son rôle de trublion classique émergeant d’une production hautement prévisible. Et il a le flair de le faire sans se reposer sur des effets cheap et pseudo choc, mais en privilégiant une ouverture d’esprit qui fait beaucoup de bien aux oreilles. Et surtout, en proposant des compositions d’une étonnante maturité, butinant un peu toutes les fleurs d’inspiration pour trouver la sienne, à cheval entre les époques et les genres, sans s’égarer sur les chemins de l’incertitude. Présenté comme un combo se référant à des courants divers, le quatuor (Matt Zurat - guitare/chant, Anthony Manning - guitare, Bill Cox - basse et Joe Bishop - batterie) navigue donc à vue entre les nuances de vagues, et se permet d’évoquer tout autant la NWOBHM que la NWOAHM de la moitié des années 80, tout en lançant de sévères œillades à la vague Thrash de la fin de la même décennie, sans pour autant renier l’époque dans laquelle il évolue. En résulte une musique assez étrange, aussi inclassable que profondément décalée temporellement, qui suggère tout autant une admiration aux défricheurs européens de la charnière 70’s/80’s, qu’une sincère conviction dans les théories agressives du tournant 80’s/90’s, ramenant tout autant à la mémoire ICED EARTH qu’IRON MAIDEN, sans rechigner à taper du pied sur un groove que les PANTERA auraient pu imposer.
Etrange ? Pour le moins, mais fascinant dans les faits, d’autant plus que les quatre instrumentistes sont d’un niveau excellent. Et balayant du coude tout effet facile, les originaires de Pennsylvanie se paient le luxe de conférer à leur puissance Heavy un allègement Rock parfaitement en place, sans pour autant trahir la cause pour laquelle ils sont dévoués. Nous passons ainsi d’un morceau purement Heavy progressif et riche comme « Temple Of Anger » à une bousculade groovy teigneuse comme « Vinyl », et sa profession de foi que Phil Anselmo n’aurait pas reniée en duo avec les LEGS DIAMOND, sans que la transition ne paraisse incongrue ou hors-contexte. Il faut dire que les mecs ont le talent nécessaire pour assurer des translations paraissant difficiles à suivre, et qui sont pourtant d’une logique limpide. Et si « Leviathan » entame les hostilités d’un ton grave et presque sentencieux, c’est pour mieux nous prendre à revers d’un refrain à la mélodie entêtante et nostalgique. L’art consommé pour passer du coq Heavy à l’âne Rock des DOG DAY SUNRISE est vraiment bluffant de naturel, et chaque intervention est truffée de petits plans qui nous interrogent, mais ne nous laissent pas sans réponse. Et en faisant le grand écart entre la grandiloquence de « 6 Seconds In Dallas (Camelot is Burning) » et son ternaire chauffé à blanc, et l’agressivité directe et fondamentalement Speed birth de « Goodnight America », les quatre pistoleros ne dégainent jamais pour rien, et prouvent que leur chargeur n’est pas rempli à blanc. Les dégâts occasionnés aux cervicales sont patents tant le headbanging est autant conseillé que l’enthousiasme, mais la sensibilité n’est pas pour autant remisée au placard des sentiments à brider, puisque « Telling The Wolves » se paie le luxe de nous chatouiller la corde sensible avec la même virilité qui animait les ALICE IN CHAINS sur leur début de carrière.
Il n’est donc pas étonnant de constater que la troupe a pu partager la scène avec des cadors de la trempe de DEATH ANGEL, SLAVES ON DOPE, BLUE OYSTER CULT, LA GUNS, SEBASTIAN BACH, DOG FASHION DISCO, DOPE, JOAN JETT, NUCLEAR ASSAULT ou les RAGING SLAB, certainement tombés sous le charme de cette pluralité affirmée, et de cette ouverture d’esprit incarnée. Le son même de l’album, produit par la référence John Custer est très difficile à rattacher à une période particulière, et échappe à toute contrainte trop pesante, ce qui ne fait qu’ajouter à l’aura de mystère qui entoure ce groupe décidément très attachant. Aussi attachant que le chant de Matt Zurat, qui évoque un peu celui du Pepper Keenan des mid 90’s, dont on retrouve d’ailleurs un peu l’approche sur le gluant mais remuant « Cheating The Gallows » au riff ample et à la rythmique grondante. Et puisque nous n’en sommes pas à une surprise près, DOG DAY SUNRISE termine son effort sur un clin d’œil particulièrement étonnant, en nous proposant une relecture très personnelle et dramatique du hit « In The Air Tonight » de Phil Collins, artiste assez peu cité par la vague Hard Rock depuis ses débuts. Si le tube a gardé sa mélodie d’origine, il se voit ici transfiguré façon jam sudiste acoustique, évoquant les paysages de la Nouvelle-Orléans décrits par DOWN, avec une délicatesse digne de la cover de « Planet Caravan » popularisée par PANTERA. Plus qu’une simple allusion racoleuse, cette reprise est véritablement le point d’orgue d’un album qui frappe la conscience de sa liberté totale de ton, mais aussi de son culot en termes de créativité débridée. On apprécie cette guitare acoustique en demi-teinte, mais aussi ces envolées vocales presque lyriques, et surtout, cette construction progressive envoutante qui éclaire le classique d’une lumière nouvelle, et qui lui confère une patine tragique vraiment incroyable et prenante. Le solo final à des allures homériques de références héroïques au LYNYRD SKYNYRD live, et le feeling transpire de tous les pores, nous laissant pantois devant tant de talent d’appropriation.
Et même si on peut regretter certaines lacunes dans le traitement sonore, parfois un peu faible et fouillis, on se retrouvera tous autour de la phénoménale émancipation d’un quatuor qui refuse toute catégorisation, pour jouer la musique qu’il aime, ou plutôt, LES musiques qu’il aime. Un groupe ouvert, aux perspectives multiples, qui sans esbroufe, nous convainc de son potentiel et nous séduit de sa sincérité. Energique, puissant, velouté ou pressant, When The Sky Comes Down est un crépuscule que l’on savoure en bonne compagnie, et qui conchie la vulgarisation pour privilégier la passion. Un beau disque, dans le sens le plus littéral du terme, et des musiciens que je suis heureux de connaitre à présent, et dont on sent l’expérience à chaque seconde sans que la fraîcheur ne soit sacrifiée sur l’autel du professionnalisme.
Titres de l'album:
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"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
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Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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