Un peu de légèreté ne pouvant pas faire de mal en ce début d’année plus que maussade, j’ai le plaisir de vous présenter deux musiciens au teint délicatement pas hâlé mais à la musique enjouée et ensoleillée. Il y avait bien longtemps que je ne m’étais pas aventuré en terre californienne, et le second LP de HESSLER tombe à pic. Sauf que ces messieurs ne viennent pas de Los Angeles mais bien de Chicago dans l’Illinois, ce qui ne les empêche pas d’avoir tout compris au Hard Rock légèrement sleazé des années 87/88. Fondé en 2008, ce tout petit collectif n’est pas vraiment un groupe à proprement parler, puisqu’on ne retrouve que deux membres au line-up, Erik Michael à la basse, guitare et chœurs, et Igz Kincaid à la guitare et au chant. Soit l’association d’un américain pur jus et d’un originaire de Bosnie Herzégovine, combo assez étrange dans les faits, mais redoutable dans la création.
Depuis son émergence, le duo n’a pas chômé, et nous a déjà gratifiés de plusieurs EP’s (Bad Blood en 2011, Ghost Dance en 2014 et Skeleton Crew en 2016), mais n’avait pas donné de nouvelles depuis cinq ans, ce qui commençait à soulever quelques interrogations sur sa survie éventuelle. Mais c’est armé d’un concept album en béton qu’HESSLER revient en 2021, concept assez éloigné de la légèreté de sa musique, et c’est encore Igz qui en explique le mieux la genèse et la concrétisation.
« Je suis retourné en Bosnie en juillet 2018, après avoir échappé aux horreurs de la guerre, contrairement à ma famille et mes amis. Je suis allé au Musée des Crimes contre l’Humanité de Sarajevo, et j’ai été submergé par cette expérience. Dès que je suis sorti de ce musée, je me suis assis sur un banc, et j’ai commencé à écrire les textes de l’album en me positionnant en victime de la guerre à Sarajevo. La pochette de l’album retranscrit d’ailleurs cette dualité entre le passé moderne d’une ville et son futur apocalyptique. »
Du Hard Glam sur fond de prise de conscience des horreurs de la guerre ? Voilà qui n’est pas courant, le genre s’accommodant d’ordinaire de sujets beaucoup plus légers et Rock n’Roll comme les groupies, la vie sur la route, l’alcool coulant à flot et les performances sexuelles backstage. Mais il n’est pas interdit de jouer une musique enjouée sur fond de lyrics engagés, d’autant qu’instrumentalement parlant, les deux hommes ont sorti le tapis rouge pour nous proposer un Hard légèrement Punky sur les bords, gouailleur au possible, rappelant la solidité des combos Glam anglais (WRATHCHILD, TIGERTAILZ), mais aussi la dureté de la scène française de BLACKRAIN.
Ce nouvel album l’est en partie, et s’autorise plusieurs incartades en dehors d’un répertoire original. Car ce ne sont pas moins de trois reprises que nos y trouvons, assez décalées, avec au menu des appropriations de TURBONEGRO, les rois de la fête, les horror-punks des MISFITS, mais aussi les plus classiques GOLDEN EARRING. Un mélange assez étrange donc pour ce second-longue durée, mais qui ne gâche en rien le plaisir musical ressenti. Concrètement, la musique de ce When the Sky Is Black est classique, festive dans ses accords fondamentalement Rock, subtilement sombre dans le ton et certaines ambiances, mais apte à satisfaire les fans d’un Hard-Rock enrobé de quelques cotillons qui peinent à cacher le propos sérieux. Bons musiciens, les deux hommes savent tirer d’excellents riffs de leurs guitares, et utilisent leur timbre un peu acide à bon escient. En découle un sentiment d’amateurisme assez délicieux, nous renvoyant aux meilleures heures du Sleaze acceptant ses racines punk, et dès « Crazy Horse », le ton est donné, il sera Rock et party ou ne sera pas.
Un up tempo diabolique, des chœurs à profusion, des cassures en caprice pendant la fête, et une attitude globale assez débridée. Loin du superficiel et du tape à l’œil de la scène californienne, les deux instrumentistes et compositeurs adoptent une vision plus européenne du Rock durci, sans toutefois occulter l’importance de refrains fédérateurs. « Akira » en donne un aperçu avec son refrain en forme d’initiales épelées façon spelling bee, et son approche rugueuse en arrière-plan. On pense même aux regrettés ZODIAC MINDWARP sont le séminal hymne à la débauche « Backseat Education » revient à la mémoire.
Entre big-mouth-Rock et sérieux du thème, HESSLER jongle avec précision, et les hauts-faits Rock s’accumulent sur le sol du salon, tous les morceaux étant plus ou moins construits sur le même moule. Il faut attendre le quatrième titre, « Fallen Star », pour que la pression retombe un peu et que les influences d’AC/DC et D.A.D reprennent le dessus pour un Hard-Rock plus classique. Les reprises sont à envisager individuellement, chacune proposant une approche différente, avec des relectures très classiques des MISFITS et de TURBONEGRO, et un « Twilight Zone » lifté plus personnellement.
Entre temps, le duo s’amuse acoustique sur « El Jefe », et si la boîte à rythmes sonne bien comme telle, on apprécie cette énergie qui ne se dément pas de tout l’effort. L’album se termine par une dernière charge high on energy (« Bad Blood »), et l’impression laissée est celle d’un brouillon magnifique qui garde des allures de premier jet à peine peaufiné pour ne pas perdre en spontanéité. Un LP engagé pour une musique endiablé, le cocktail est surprenant, mais le rendu gouleyant. De quoi aborder ce sale avenir de façon lucide sans oublier de se changer les idées.
Titres de l’album:
01. Crazy Horse
02. Akira
03. This Evil
04. Fallen Star
05. When the Sky Is Black
06. No, I'm Alpha Male (TURBONEGRO cover)
07. London Dungeon (MISFITS cover)
08. El Jefe
09. Twilight Zone (GOLDEN EARRING cover)
10. Bad Blood
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