Oublions s’il vous plaît un instant nos conceptions sur la musique (celles qui nous ont guidé pour la création de ce site et qui vous incitent à le lire), et intéressons-nous plutôt à l’essence même de cet art. Un art qui n’est pas différent des autres, peinture, sculpture, littérature, expression orale et corporelle, danse, gestuelle, dessin, et qui au départ, répond à un double besoin. Celui de l’artiste de formaliser ses émotions, et celui d’un public de s’y identifier, ou d’y prendre du plaisir. En partant de ce principe simple et élémentaire, et en imaginant les lecteurs ouverts d’esprit, il est alors possible de s’éloigner du schéma habituel resserré par l’utilisation du mot « Metal », pour se rapprocher d’un concept plus global du mot « Rock ». Je connais peu de gens ayant commencé leur apprentissage de la musique par le Metal, et s’il en existe, ils ont certainement depuis appris à découvrir que leur musique de prédilection n’était pas la seule existante. Par cette chronique, que j’aimerais simple, j’en appelle donc à votre éclectisme, à vos connaissances du champ lexical musical le plus grand, à votre envie parfois d’écouter autre chose qu’une litanie de guitares saturées prévisible, certes cathartique, mais pas toujours enrichissante sur l’instant. Ainsi, je pourrais mieux vous introduire au monde fabuleux d’un groupe qui entame sa carrière sous les meilleurs auspices : ceux de l’émotion, de la création, sans limitation, sans querelle de genre. Et quel autre style plus perméable à tous les autres que le Rock progressif, qui depuis son émergence à la fin des sixties n’a eu de cesse de combiner toutes les possibilités pour ouvrir de nouvelles perspectives ? Si le genre vous est connu, alors vous en connaissez aussi les plus grands dignitaires, les plus révérés, les YES, GENESIS, KING CRIMSON, ELP, PINK FLOYD, mais aussi les plus contemporains et proches de nous, PORCUPINE TREE, DREAM THEATER, Steven WILSON, PERIPHERY éventuellement, et pourquoi pas Devin TOWNSEND aussi. Alors, en imaginant qu’un fil invisible relie les deux générations pourtant séparées de nombreuses années, vous arriverez à visualiser l’incarnation musicale qu’est FREN, jeune groupe de l’est de l’Europe qui publie son premier album.
Pour simplifier les choses, FREN est un groupe originaire de Cracovie, Pologne, ville dans laquelle il s’est formé en 2017. Where Do You Want Ghosts to Reside est le premier vrai témoignage de ce quatuor (Oskar Cenkier - piano, orgue, synthé, mellotron ; Michał Chalota - guitares ; Andrew Shamanov - basse, synthé et Oleksii Fedoriv - batterie), qui jusqu’à présent s’était contenté d’un premier simple, en 2019. Et pour clarifier les choses, FREN propose donc un Rock totalement instrumental, détail important pour ne pas vous sentir lésé au moment de l’écoute. L’absence de chant peut-être rédhibitoire pour certains, chose que je peux comprendre, et pourtant, à l’écoute de ces six morceaux, aucune sensation de manque ne se fait ressentir. Et pour cause, puisque les quatre musiciens occupent intelligemment tout l’espace avec des textures et des sonorités étonnantes de beauté et de pertinence. Peu de renseignements à vous prodiguer quant au parcours des polonais, leur bio étant succincte et s’intéressant plus au présent qu’au passé. Ce qui n’est guère étonnant, puisque leur présent est ce premier album qu’ils portent seuls à bout d’instrument, et qui dévoile le visage d’une formation incroyablement mature, et qui semble accuser quelques années d’expérience. Niveau inspiration, le spectre balayé est vaste, mais prévisible dans ses citations, ainsi, on retrouve au tableau d’honneur des références KING CRIMSON, CAMEL, GENESIS, YES, PINK FLOYD, VAN DER GRAAF GENERATOR, DEEP PURPLE, GENTLE GIANT, MAHAVISHNU ORCHESTRA, et les allusions ne sont pas gratuites. Pris séparément, ces parrainages de cœur sont discutables. FREN n’a pas la complexité avant-gardiste de KING CRIMSON, la théâtralité de GENESIS, l’étrangeté de VAN DER GRAAF GENERATOR, la technique pointue et métissée de MAHAVISHNU ORCHESTRA, et se rapproche finalement plus du PINK FLOYD de l’ère Waters et de son prolongement Gilmour, ce qu’on constate sur le très mélodique « Twin Peaks ». On pense évidemment à Dark Side of the Moon, pour cette façon de laisser les mélodies grandir sans prendre le pas sur le thème, et cette utilisation de la progression en maturation pour ne pas encombrer l’espace de dérives inutiles. Le parfum bucolique des harmonies est parfaitement délicieux sur ce morceau, et cette prise de contact est totalement charmante. Nous découvrons alors des artistes qui ne souhaitent pas impressionner par leur dextérité, mais par leur talent de compositeur, et leurs capacités à utiliser les possibilités de leur clavier/manche/batterie au maximum. Plus que des plans se succédant pour former un tout proche du Jazz, ces morceaux sont de véritables recherches harmoniques qui ne refusent pas la puissance, mais l’insèrent dans un contexte souple. Ainsi, « Surge » ne manquera pas de rappeler le meilleur de Neal Morse et de SPOCK’S BEARD, alors que les attaques de guitare se rapprochent du plus cool de Petrucci.
Ce qui n’empêche pas le groupe d’agencer ses structures pour laisser choir des breaks tout à fait pertinents. On apprécie aussi cette façon de digresser avec beaucoup d’humour sur des thèmes qui rappellent Mancini et JETHRO TULL, mais qui évite le dadaïsme de Zappa et de GONG. Pas question ici de s’égarer en terre d’ironie, même si la transition « Gorąca Linia » initie un bel équilibre entre Bossa Nova et Jazz. Le gros morceau de l’album, « Pleonasm » impose une entrée toute en délicatesse, avec un clavier discret et presque romantique, et une mélodie mineure qui suggère des lumières tamisées et une ambiance délicate. D’ailleurs, fait assez unique, ce long titre à tiroir ne dévie que très rarement de son ambiance, puisque toutes les cassures gardent l’importance de ces espaces négatifs ou le silence le dispute à quelques notes choisies. Véritable poésie musicale, Where Do You Want Ghosts to Reside est à la fois précieux et accessible : il s’adresse donc à tous ceux que la musique touche au plus profond, sans distinction de genre ni de culture. Bien sûr, l’absence totale de riff marqué et clairement Rock pourra surprendre les fans de Morse, Wilson et Petrucci. Mais c’est le parti-pris, ce qui n’empêche pas la musique de faire preuve d’amplitude, et de jouer avec la rythmique de façon très crédible (« Heavy Matter »). Mais ce qui frappe le plus chez les polonais, c’est cette capacité à ne pas parler pour ne rien dire. Si le morceau dure huit minutes, c’est qu’il le doit, c’est que les idées doivent prendre leur temps, avant de boucler la boucle. Et en allant jusqu’à la fin du parcours (ce qui n’est pas insurmontable, l’album ne durant que trois quarts d’heure), on découvre le final superbe de « Time To Take Stones Away » qui une fois encore raisonne en termes de structures et de textures, plus qu’en termes de technique. La sensation, l’émotion, le ressenti, telles sont les armes utilisées sur Where Do You Want Ghosts to Reside, qui s’impose dans la pièce, à côté de vous comme un fantôme à la présence bienveillante.
Titres de l’album :
01.Twin Peaks
02.Surge
03.Gorąca Linia
04.Pleonasm
05.Heavy Matter
06.Time To Take Stones Away
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