« Ça y est les mecs, je le sens on va enregistrer notre premier album. Quatre ans, deux démos, un split et un EP, je pense qu’on est assez préparés, on peut y aller. »
« T’es sur ? Tu ne crois pas qu’on devrait d’abord lâcher un deuxième EP pour faire les choses proprement ? »
« Non, on y va carrément et on verra bien. On fait partie de la première ligne Death de Suède bordel après tout ! »
« Ouais, t’as raison, on lâche les watts et on verra bien. Après tout y’en a des plus mauvais qui ont osé avant nous ! Let’s go !!!! ». (Conversation inventée, circa 1991)
Le destin : « Non non les gars, j’ai autre chose de prévu pour vous, et ça risque de moins vous plaire bande de petits malins bourrins… » (feinte malicieuse devinée, circa 1991).
Bah oui, parfois, alors que tout semble rouler sur des os, le destin s’en mêle et les pinceaux de la vie s’emmêlent, et vous vous retrouvez le bec dans l’eau alors que le gaz soufflait à plein régime. C’est peu ou prou ce qui est arrivé aux vaillants suédois de TOXAEMIA qui en 1991 ne s’imaginaient surement pas prêts à être cryogénisés pendant près de trente ans. Il faut dire que tout avait plutôt bien commencé pour eux, une naissance en 1989 sous deux noms successifs (O.S.S puis ANGUISH), trois ans d’activité pour une présence discographique assez fournie, et une voie toute tracée de précurseurs de la froideur made in Sweden, à la même hauteur ou presque que les cadors de GRAVE, DISMEMBER et ENTOMBED, UNLEASHED, et tous les autres depuis longtemps passés à la postérité. Mais que voulez-vous, les choses les plus évidentes ne sont pas forcément les plus viables à envisager, et c’est d’une façon assez inexplicable que les originaires de Motala s’en sont retournés dans leur caverne, acceptant la misère d’un destin décidément plus capricieux qu’ils ne l’avaient prévu. Mais comme à cœur vaillant, rien d’impossible, c’est vingt-six ans après leur séparation que les musiciens se sont retrouvés au coin du feu de la motivation, avec pour seule ambition le plaisir de se revoir, et éventuellement de se rappeler les bons souvenirs d’une époque lointaine, en jouant un peu et en gravant quelques morceaux au passage. Mais le destin - décidément - n’en fait qu’à sa tête, et cette réunion plus ludique qu’autre chose a pris une tournure professionnelle, et c’est armés de leur premier album que les suédois effectuent leur comeback, épaulé par la filière danoise d’Emanzipation Productions.
Trente-et-un an après leur émergence, les membres de TOXAEMIA peuvent donc savourer leur vengeance sur l’histoire, et tout en sachant pertinemment qu’ils ne feront jamais partie des leaders de leur vague, ils n’en prennent pas moins grand plaisir à nous agresser de leur Death Metal de puristes, très accrocheur, grogneur, puissant, grave et méchant. Et c’est ainsi que nous découvrons largement à postériori les effets de la musique de Where Paths Divide, qui incarne avec un panache certain cette tradition scandinave de lourdeur et de moiteur glaciale que des albums comme Left Hand Path ou Into the Grave ont instauré il y a de longues années. Certes, rien de bien novateur là-dedans, les morceaux donnant le sentiment d’avoir été couchés sur bande à l’époque, malgré une production qui elle sonne contemporaine. Mais les années n’ont eu aucune emprise sur ces instrumentistes de la débauche, et le quintet (Stevo Bolgakov: guitare/chant, Pontus Cervin: basse, Rasmus Axelsson: guitare, Dennis Johansson: chant et Per “Perra” Karlsson: batterie, soit deux membres originels seulement) se présente sous un jour revanchard, prêt à en découdre avec l’attente interminable que les fans ont dû subir pour obtenir enfin satisfaction. Dans les faits, ce premier LP est une véritable tuerie, se situant en convergence des premières influences des suédois, et évoquant avec acuité le parcours initial d’ENTOMBED, INCANTATION et DISMEMBER. Et c’est après une courte intro de circonstance que les TOXAEMIA nous aplatissent d’un premier véritable morceau déboulant comme un diable sortant de sa boite. Tout y passe, le cri d’intro tétanisant, le solo hystérique, la rythmique mythique et le riff velu. La suite confirme que la bande n’est pas revenue des enfers pour rigoler, et l’alternance des tempi, la double grosse caisse impitoyable, et le chant raclé et possédé de Dennis Johansson font admirablement bien le job en évoquant une entité diabolique ayant enfin réussi à briser ses chaines pour venir foutre le bordel dans la société.
Aussi classique soit-il, ce premier LP n’en conserve pas moins une énergie de tous les diables, et un sens du groove très à-propos. Les morceaux ne sont pas de simples excuses au recyclage de plans déjà moisis avant d’avoir été retraités, et les chansons en sont vraiment, et non pas de brisures de mâchoire gratuites. Le son est idoine, un peu passéiste sur les bords, mais c’est l’approche qui convainc de ses allusions exhaustives à une période de l’histoire de l’extrême que nous chérissons tous. Beaucoup plus chaleureux que nombre de leurs homologues de la scène suédoise, les TOXAEMIA proposent une synthèse intéressante, et se montrent plein de flair au moment d’aménager des breaks ludiques qui font monter la vapeur (« Pestilence »), suggérant que les scandinaves et les bataves de l’orée des années 90 partageait plus de points communs qu’on aurait pu le penser. Morceaux courts qui ne rechignent pas à placer des blasts à intervalles réguliers, guitares faisant feu de toute église, pour un résultat qui dépasse toutes les espérances et qui en dit long sur l’appétit des musiciens. Leur appétit, mais leur enthousiasme aussi, celui de pouvoir enfin prouver de quoi ils sont capables, et des massacres en bonne et due forme comme « Toxaemia » ou « Leprosy » donnent envie de se replonger dans un pan de la légende Death telle qu’elle a été écrite il y a bien longtemps. Je parlais de nostalgie réorganisée, mais c’est vraiment le sentiment qui émerge de cette réalisation, qui ne se satisfait pas d’une reprise de contact timide et formelle. Les méchants suédois le sont, mais ne perdent pas cet esprit musical un peu tongue in cheek, ce qui permet à Where Paths Divide de sonner comme une fête organisée dans une boucherie du centre-ville de Motala.
Une réunion à la croisée des chemins qui saura satisfaire tous les amateurs de Death macabre, mais ouvert et n’empestant pas les références.
Titres de l’album:
01. Where Paths Divide
02. Delusions
03. Pestilence
04. Buried To Rot
05. Betrayal
06. Toxaemia
07. Black Death
08. Six-Fold Revenge
09. Psycotic Pandemic
10. Leprosy
11. Hate Within
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