La pochette, le nom et le style, tout était fait pour me plaire. Un noir et blanc granuleux pour un portrait sombre et sobre, une appellation pleine de sens et totalement adaptée, et un Black Metal très personnel, voilà ce qui vous attend avec Whirlwind, premier album de DEÇU, ex-MORNE, aka Hugo Carmouze. DEÇU, concept solitaire est donc une des nouvelles forces vives de la scène DSBM française, et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette force se met au service d’une humeur assassine, terriblement autocentrée, et d’une amertume redoutable et létale. Inutile donc d’attendre une quelconque lumière au bout du tunnel, l’objectif étant de baigner dans les ténèbres le plus longtemps possible.
Voire éternellement.
Six morceaux pour près de quarante minutes de timing, l’album se montre généreux. Parfois à la limite d’un Raw Black ordonné et compréhensible, Whirlwind ne ménage pas l’auditeur, et le malmène de ses médiums stridents et prononcés, et de ses graves qui s’écrasent sous les tympans. Difficulté pour percevoir la rythmique, riffs lancinants et très répétitifs, le mantra est classique, et le résultat relativement hypnotique. Encore faut-il être rompu à l’exercice du DSBM pour supporter cette symphonie très habilement dédiée à la lune, qui n’a pas encore dû se remettre de ses émotions.
Enregistré par Hugo Carmouze entre le 18 et le 24 octobre 2023, mixé et masterisé entre octobre 2023 et avril 2024, Whirlwind est un magma sonore qui rebutera les amateurs de BM classique et les passionnés d’avant-garde. Son propos est linéaire, autant que cette guitare qui répète les même thèmes d’un morceau à l’autre, avec en arrière-plan une voix indicible qui sert de strate sonore plus que d’une expression proprement dite. L’écoute est donc âpre, parfois difficile, et le concept est exigeant quant aux émotions suscitées. Sans dire que DEÇU est le parangon d’un style qui peut encore aller beaucoup plus loin, on peut affirmer qu’il en respecte les dogmes, et qu’il les applique avec beaucoup d’engagement.
D’aucuns me diront, « la production est exécrable ». Je répondrai simplement : « si tu aimes le lisse et que tu détestes les aspérités, que fais-tu là ? ». On sent la guitare agoniser sur « Dormir Sous les Sanglots (Berceuse I) », torturée par une distorsion maladive et trop accentuée, ce qui a pour don de transformer cette simple mélodie en gimmick cauchemardesque. Pas certain qu’elle fonctionne en tant que berceuse, ou alors pour les plus suicidaires et les malades incurables du pessimisme.
Comme tout projet atmosphérique qui se respecte, DEÇU garde pour la bonne bouche ses plus puissantes cartouches pour la fin de l’album. En deux morceaux qui égalent en durée les quatre premiers, Whirlwind tape sur la même blessure pour la rouvrir, et laisser couler un mince filet de sang. « Today I Realized About How Much Destruction Reminded Me of You » ressemble d’ailleurs à un inédit de Trent Reznor époque The Downward Spiral, eu égard à ces sonorités abrasives et maltraitées. Sauf qu’ici, le résultat ne tient pas du bidouillage sonore de bandes parfaitement enregistrées, mais bien d’une harmonie simple et pure souillée par un traitement analogique primitif. Et lorsque le chaos explose soudainement, on est autant surpris qu’horrifié, DEÇU jetant toutes ses forces dans une bataille cacophonique gagnée d’avance.
Mais le chaos laisse brusquement place à la désolation, puisque « Glaciale Décadence des Lamentations », épilogue froid et Ambient se traîne sur dix minutes de couches sonores empilées, et dépourvues de mélodies ou de lignes vocales.
DEÇU est donc un projet abouti qui nous propose un produit fini, un album construit, pensé comme une suite logique, partant d’une douleur intérieure immense pour arriver à une conclusion morbide inéluctable. On imagine ce qui peut se passer dans la tête d’un dépressif en stade terminal qui à force de loucher sur sa lame de rasoir finit par l’utiliser pour se trancher les veines.
Rien de vraiment joyeux, mais pas de quoi être DEÇU du résultat.
Titres de l’album:
01. Être Dans tes Bras
02. Dors, ne Souffre Plus
03. Morose Regret & Malheur Éternel
04. Dormir Sous les Sanglots (Berceuse I)
05. Today I Realized About How Much Destruction Reminded Me of You
06. Glaciale Décadence des Lamentations
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