Que font les bruitistes quand ils s’ennuient des cinq minutes d’inactivité que leur laissent leurs groupes respectifs ?
Ils comblent ces cinq minutes avec du bruit. Généralement, celui des bouteilles qu’on entrechoque pour trinquer à la santé du Noise et du Crust, mais aussi parfois celui des instruments qui célèbrent l’infidélité commise à l’égard d’une femme légitime. Célébrons donc aujourd’hui l’hommage rendu à une maîtresse, au faux-pas de confiance qui finalement n’entache pas l’amour principal, hommage rendu par des anciens membres de HIS HERO IS GONE et INCINERATION à leurs compagnons de fortune et d’infortune habituels, qui les ont surpris au mois de mars dans une couche commune, bien loin de la maison.
On le sait, ces deux-là, chacun de leur côté ne sont pas des tendres. Mais ensemble, ils semblent privilégier une optique encore plus radicale. Et si leurs ébats usuels ne sont déjà pas forcément portés sur les bougies parfumées et les caresses subtiles, leur adultère en douce et commun paraît lui aussi occulter les mots doux et la vaseline subtilement introduite dans les orifices, histoire que ça…glisse.
De Memphis, Tennessee nous vient donc un nouveau projet brûlant, HELLTHRASHER, quatuor constitué de Patrick G. (demon rumble, la basse sans doute ?), Ian (drums of panic, là c’est plus clair), Jotunn (shocking grasp, guitare ?) et Michael (growls, inutile de préciser), qui nous propose donc ses vues sur un Crust à tendance Death fort peu complaisant, et qui semble prendre un malin plaisir à puiser son inspiration du côté des deux factions en présence (et ce, même si les HIS HERO IS GONE sont morts en enterrés depuis longtemps).
Nous avons donc droit à un bel étalage de sévices musicaux assez barbares dans le fond et sadiques dans la forme, forme qui épouse les contours d’une sorte de Crossover salement velu de Crust métallisé et de Death sauvagifié.
Veuillez pardonner ce néologisme malheureux, mais à l’écoute de la petite vingtaine de minutes de ce Windrot, aucun autre mot ne me vient à l’esprit. Avec une production digne d’une démo des nineties signée Matt Macrady et un mastering abrupt pas du tout peaufiné par Alyssa Moore, et flanquée d’un artwork assez naïf plaqué par Carl Auge, Windrot rappelle autant la rudesse de la scène Death US de l’orée des années 90 (genre AUTOPSY en version un tantinet moins glauque et plus rapide), que le mouvement Crust local que les HIS HERO IS GONE incarnaient avec panache.
L’addition des deux courants a donc donné naissance à un monstre impitoyable, à la crudité Death amplifiée d’une vélocité Crust, le rendant de fait quasiment invulnérable, mais aussi assez gauche dans ses déplacements et mouvements. L’aspect le plus intéressant de ce premier LP/EP est justement son refus de toute forme de modernisme déplacé, les morceaux préférant se focaliser sur une rusticité assumée, histoire de regarder plus en arrière qu’en avant. Nostalgiques les HELLTHRASHER ? Un peu certes, mais surtout, éminemment violents et abrasifs. Avec un son de guitare qui évoque sans nuances le bourdonnement d’une scie sauteuse en plein démembrement, une rythmique un peu étouffée qui semble se laisser porter par ses accélérations et non les dominer, et un chant tout en dualité, HELLTHRASHER se pose en contre-exemple de la théorie de l’évolution, et nous offre un joli spécimen de Death Crust aussi basique qu’il n’est viscéral. Mais les bougres ont quand-même la gentillesse de résumer leur entreprise de destruction d’une formule aussi lapidaire qu’idoine, présente sur leur page Facebook :
« Battle anthems heralding the dark conflicts openly answered by steel meeting flesh and bone.».
Phrase tout sauf sibylline qu’on pourrait traduire par un « Des hymnes de guerre qui annoncent de sombres conflits réglés par l’acier percutant la chair et les os ».
Et faites-moi confiance, malgré la provocation un peu puérile de ce postulat, sa véracité n’est pas à remettre en cause, et les soldats de la cruauté ne plaisantent pas sur leurs intentions.
Barbarie donc, simplicité et sadisme musical, tels sont les leitmotivs de ces anciens chevaliers de l’outrance qui apparemment n’ont pas perdu la main.
Si l’ensemble fleure bon le DIY jusqu’au bout des ongles, il se dégage de ce premier jet un goût de sang qui loin de donner la nausée, nous met plutôt en appétit d’un gros Death à tendance Crust qui ne cherche pas midi à quatorze heures.
Si les chapitres sont découpés aléatoirement, les plus longs se voulant aussi les plus épais («Windrot », massacre Death en règle dans un genre SUFFOCATION et IMMOLATION rentrant de mission et enregistrant leurs impressions sur un vieux deux-pites, « Annihilate », étonnamment mélodique en entame, et qui sombre dans un Death/Doom nauséeux et poisseux troublé d’une rythmique qui fait un peu ce qu’elle veut. Et quelle grasse basse mon neveu !), ils ont tous un intérêt certain, les plus brefs taillant les chairs avec une bestialité de circonstance (« Transformism », Death/Grind joyeux et concentrique, « Melifluous », même sentence, mais en pire).
Rarement modérés ou timorés, les HELLTHRASHER confirment la menace de leur patronyme à chaque intervention, et semblent s’attacher à conserver une éthique underground histoire de bien faire passer leur message (« Ritual Instincts » et son déluge introductif nous cassant les reins avant de nous extirper les organes par le nez façon embaumement Crust/Death/Grind dénué de toute empathie).
En somme, il serait assez facile de résumer cette entreprise par la somme des expériences de ses membres actifs. Et c’est finalement la formule la plus idoine et fidèle pour retranscrire le contenu de ce Windrot qui effectivement, se base sur le passif de HIS HERO IS GONE et INCINERATION pour regarder vers un avenir certes encore flou, mais d’ores et déjà bien vilain.
A conseiller aux nostalgiques d’une crudité sonore non altérée par des techniques modernes et des artifices de production édulcorés, et qui se repaissent volontiers de Death sanguinolent et tartare servi à la vitesse du Crust/Grind.
Tendre et fondant, mais quand même bien suintant.
Titres de l'album:
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@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
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@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
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