RIAN est un groupe suédois au parcours ascendant, qui fête aujourd’hui son troisième album, et le second pour Frontiers. Voilà une bio succincte qui suffit largement pour comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire claire comme de l’eau de roche. En effet, un label italien estimé, un groupe suédois confirmé, pas de quoi se donner des céphalées à essayer de comprendre de quoi il en retourne.
Un Hard-Rock racé aux entournures, mélodique à souhait et pétri d’influences, broyées dans le robot scandinave pour un haché fin et gouteux. La Suède encore et toujours, soit deux sorties sur trois en mode nostalgie facile, mais une constante : de la régularité dans la qualité, et un mimétisme qui laisse souvent bouche-bée. Et une fois encore, tonton Serafino ne s’est pas planté au moment de dégainer son chéquier.
Après un premier album en autoproduction (Out To The Darkness), les RIAN ont évidemment tourné, ajusté leur line-up avant de décoller vers les cimes avec Twenty-Three, second long confirmant les avis dithyrambiques du premier. Il était donc évident que les attentes pour un troisième album allaient être énormes, et le quatuor a très bien anticipé les choses. En effet, Wings déploie immédiatement ses ailes pour nous faire survoler le paradis d’un Hard-Rock mélodique de premier choix, avec fleurs, nature, faune et autres merveilles à regarder de près.
Stabilisant leur line-up (Richard Andermyr - guitare/chant, Jan Johansson - batterie, Jonas Melin - basse et Tobias Jakobsson - guitare), les RIAN évoluent aujourd’hui en pleine confiance, et font montre d’un panache exemplaire. Ce troisième chapitre d’une saga que l’on peut prévoir longue est un modèle de puissance mélodique comme les années 90 pouvaient nous en fournir, et les quelques accents plus agressifs qui le strient permettent de le relier à une sorte de Heavy Metal light, chasse gardée des italiens et suédois évidemment.
Et Frontiers aiguille les chalands dans la bonne direction, en citant quelques sources d’inspiration possibles. Ainsi, les noms de BON JOVI, WINGER, DOKKEN, EUROPE, QUEENSRYCHE et SURVIVOR sont cités sur le papier, ce qui ne fait qu’aiguiser un appétit d’harmonies déjà féroce. Cet appétit est encore amplifié par l’entame « Carry My Wings », archétype de titre à gimmicks et arrangements flamboyants qui assure une prise de contact en toute confiance.
On retrouve avec plaisir la voix incroyablement douce et suave de Richard Andermyr, qui n’en fait jamais trop, mais qui tape toujours juste. Et si l’ambiance est évidemment classique, le rendu n’en est pas moins immaculé, grâce à un habile jeu de refrains accrocheurs et de couplets énergiques. Et plus que toutes les références citées plus haut, c’est certainement la tutelle de HAREM SCAREM qui semble la plus évidente, tant les suédois utilisent les mêmes méthodes que les canadiens pour parvenir à leurs fins.
Puissance et modulation, telles sont les deux qualités premières d’un groupe incroyablement attachant, mais surtout, performant. A aucun moment la pression ne retombe pour laisser place à quelques fillers malvenus, et en cinquante minutes, RIAN nous donne une véritable leçon de Hard délicat mais mordant, dans la plus pure tradition d’un chef d’œuvre comme Mood Swings.
Les amateurs d’images seront comblés par celle-ci : RIAN est l’enfant légitime de JOURNEY et HAREM SCAREM, et fait la fierté de ses deux parents. Ainsi, « We Ride » nous ramène à la glorieuse époque du JOURNEY nineties, tandis que le doucereux et romantique « Don't Wait For The Fire » se montre allusif à la scène californienne des années 80, lorsque les clubs ne désemplissaient pas.
Véritable best-of d’une pourtant jeune carrière, Wings est à l’image de sa pochette. Un envol définitif, sans filet ni corde, pour aller défier le soleil sans se brûler les ailes. Plongé à corps perdu dans la composition, le quatuor a choisi de briser la concurrence, et de faire honneur à son célébrissime label. Et entre des accès de tendresse sincères (« Dance The Night Away »), et des poussées de virilité soudaines, mais crédibles (« War Is Over »), le plaisir est immense, et proportionnel au talent de ces musiciens honnêtes et terriblement doués.
Il est de notoriété publique que les suédois ont horreur du remplissage inutile pour justifier du coût d’un album. Et même en quarante-neuf minutes de jeu, RIAN déjoue tous les pièges et évite les faux-pas, pour nous enivrer de pureté mélodique digne des grandes années du Sunset. « Look At The Stars », tube immense que l‘on se prend à siffler dès la première écoute, « One In A Million », tendre comme du EUROPE sentimental, « On The Wind », aux voix doublées et angéliques sur tempo élastique, les exemples ne manquent pas pour affirmer la suprématie d’un groupe aux nombreux clins d’œil passéistes, mais passionnés.
Tobias Jakobsson de son côté nous en donne pour notre argent en multipliant les soli incisifs et lyriques, contrebalançant ainsi la stabilité d’une rythmique à l’abattage conséquent. Les esprits chagrins regretteront peut-être la présence de trois ballades sur l’album, mais tout le monde se retrouvera sur le final « Eternity » pour louer les qualités incroyables d’un disque qui laisse des traces profondes dans le cœur.
Encore une sacrée performance, mais surtout, un réservoir de chansons joyeuses, optimistes et cajoleuses. Ces satanés suédois ne partagent toujours pas le secret de la salsa, et continuent de piétiner les opposants de leur talent insolent. Mais comment en vouloir à des musiciens capables de vous faire croire dotés d’ailes pour vous envoler vers le paradis ?
Titres de l’album:
01. Carry My Wings
02. We Ride
03. Don't Wait For The Fire
04. Dance The Night Away
05. War Is Over
06. Look At The Stars
07. One In A Million
08. On The Wind
09. When You're Gone
10. The Silence Of Our Dreams
11. Eternity
+1J'en dirai autant de Testament, Kreator ou Exodus.Leur musique ne me fait plus autant vibrer qu'avant.
28/01/2025, 19:43
Pardon mais pour les "vétérans", les édentés qui ont connu la sortie de "Reign In Blood", c'est quoi " Quill" et "Coasters"?
28/01/2025, 13:48
Plus d'éditions que de tracks; s'il y a une chose que Dani n'a pas perdue au fil des ans, c'est bien le sens du business.
28/01/2025, 13:24
Le milieu de metal aura poncé le truc des années 80 jusqu'au bout - j'en peut plus de voir des néons rose partout.
28/01/2025, 13:15
Testé y'a quelque temps et en effet c'est pas mal. Cela démonte un peu les clichés sur la faible qualité de la scène Russe (contexte géopolitique mis à part).
27/01/2025, 11:35
Merci pour ces tops et les suggestions d'albums.6 albums qui m'ont beaucoup plus en 2024 :Black Curse – Burning in Celestial PoisonBlood Incantation – Absolute ElsewhereChat Pile – Cool WorldKanonenfieber – Die UrkatastropheSpectral Wou(...)
25/01/2025, 14:23
Le grand drame du metal est de mal se marier à l'audiovisuel généralement. C'est très vite too much. Hâte de découvrir la 3e partie de ce passionnant dossier néanmoins. Merci mortne2001.
25/01/2025, 14:18
Vu à Rennes à L'Étage mardi dernier, il y avait un concert de Clara Luciani au Liberté juste à côté. 2 salles 2 ambiances :)Le concert ayant pris un peu de retard, j'ai trouvé Carcass un peu expéditif mais l'ex&ea(...)
25/01/2025, 14:15
Même affiche à Audincourt samedi passé, même tarte dans la gueule, les 3 groupes ont vraiment assuré ! Love !
24/01/2025, 15:54
Bien que ce soit pas ma tasse de thé je suis content pour Phil Anselmo qui voulait un groupe de black-metal crédible depuis des décennies.
22/01/2025, 13:18
Morceau excellent ! Je ne m'étais jamais vraiment trop penché sur ce projet, je trouvais que leur BM sonnait trop... US, on sentait trop les influences "groove" d'Anselmo, mais là ça sonne carrément BM européen je trouve ! Et bordel c&(...)
22/01/2025, 13:16