A les regarder, tous les deux comme ça, sur leur photo promo, on pense à des PORTISHEAD amoureux en gondole à Venise, à un duo Leftfield un peu trop suave pour être dansable, ou à une alliance frère et sœur un peu incestueuse musicalement parlant, entre Indie Pop limite lounge et Shoegaze contemplatif sur les rails d’un métro bondé à dix-huit heures tapantes. Et pourtant, aucune de ces extrapolations n’est proche de la vérité, et ne peuvent d’ailleurs pas en être plus éloignées. TRAUMA BOND, duo londonien de l’extrême, est de ces surprises qui vous tombent sur le coin de la tronche au détour d’une recherche « Grind » sur Bandcamp, et qui s’avère l’un des projets les plus excitants du moment…du moins depuis la sortie de son premier EP, The Violence of Spring.
Un duo qui s’intéresse donc aux saisons, mais qui les traite à peu près de la même façon. Ce duo, c’est d’un côté la belle et féline Eloise Chong-Gargette, chanteuse, hurleuse, conteuse bruitiste, et de l’autre, Tom Mitchell, musicien omnipotent, mais aussi compétent en mixage et mastering. TRAUMA BOND, deux musiciens, qui font tout ensemble, contre le reste du monde, et qui font plus de barouf qu’un GNAW THEIR TONGUES réveillé en pleine nuit par un inédit de PRIMITIVE MAN.
Mories n’a pourtant rien à voir avec ça, mais autant admettre que ce nouvel EP ou premier petit album est d‘une qualité rare dans son créneau. Poussant encore plus loin les expérimentations bruitistes de The Violence of Spring, cette lumière hivernale est pour le moins blafarde, comme un lundi se levant dans le smog londonien, dans une Angleterre à la Thatcher, sans espoir, sans avenir, et sans perspectives. On connaît le principe d’une voix féminine sur un tapis Noisy, on connaît évidemment les exactions de la magnifique Jarboe, on connaît les CLOSET WITCH, les délires occultes de Chelsea WOLFE, Diamanda GALAS, Yoko ONO, mais surtout, et autant bien s’en rappeler, la collaboration entre FULL OF HELL et la poupée humaine Nicole Dollanganger. Alors, c’est simple, ici, c’est pareil qu’un clip de « Trumpeting Ecstasy », avec quelques nuances de taille : Eloise et Tom savent varier les ambiances, souffler le gelé et le brûlant, et naviguer entre Indus, Grind, Noise, quelque part entre les SWANS des débuts, NAILS, BELL WITCH et quelques fragrances d’Ambient. Domestiqué.
Ce disque est dangereux. Il est dangereusement bruyant, dangereusement Heavy, dangereusement addictif, et une fois plongé dans le délire, il est impossible de voir la réalité telle qu’elle est. La prod de Tom, ce son énorme est comparable aux meilleures collaborations entre Kurt Ballou et Brad Boatright, les graves éclatant vos tympans en mode LUSTMORD, et les grésillements de dame Chong-Gargette vous écorchant l’âme comme des rasoirs du destin. Le tout est évidemment concis, mais si varié qu’on a parfois le sentiment d’écouter plusieurs groupes différentes en mode random noise.
Il faut toutefois apprécier les interludes grondant, les nappes de sons qui s’empilent comme des corps dans un charnier, et surtout, accepter que le disque se termine de façon abrupte sans en rajouter. Doublé de sa propre longueur, Winter's Light eu été un poil trop long. Mais deux ou trois saillies supplémentaires n’auraient pas détruit la matrice d’une pouliche à reproduire. J’en veux pour preuve ce final impitoyable « Winter's Light » qui défie les FULL OF HELL sur leur propre terrain, et qui s’impose comme conclusion logique d’une démarche extrême.
Blafard, violent, aveuglé de stroboscopes fatigués, en pleine brume hivernale, ce second effort de TRAUMA BOND est un trauma à lui seul, capable de déclencher de nouvelles névroses et vous obliger à voir la vie en noir et blanc. « A Hollow Bed Awaits » est tel les proverbiaux ongles sur un tableau noir avec ses itérations agaçantes, « The Sea Saw What You Did » est un mur qu’on s’encastre dans la tronche au détour d’un virage Post mal négocié, et « House of No Man » est aussi glauque qu’une Siouxsie Sioux enfermée dans une maison unisexe.
Ça fait mal à son Indus, çà gratouille les plaies séchées Grind, et c’est ni plus ni moins l’un des albums les plus importants de ce mois de juin 2022.
Titres de l’album :
01. The Garden Has Gone to Sleep
02. A Hollow Bed Awaits
03. The Sea Saw What You Did
04. Engine Hum
05. House of No Man
06. Nails on the Bedside
07. Basking
08. Don't Forget to Smile
09. Winter's Light
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30