Puisque la perspective d’un troisième confinement se profile à l’horizon sombre, et qu’une fois encore, nous allons nous retrouver coincés dans un boulot et des soirées at home, je vous propose une solution simple. Pas la meilleure certes, mais puisque les concerts ne seront pas à l’ordre du jour avant des mois, et que les boites de nuit ont encore les portes closes, pourquoi ne pas transformer votre appartement/maison en dancefloor géant, avec sono énorme et sons qui font trembler les murs de vos voisins ? L’idée n’est pas si folle, et avec la boombox adéquate, elle parait même la seule viable pour oublier ces océans de solitude et de névroses qui nous engloutissent encore un peu plus chaque jour. Pour ce faire, j’ai confié l’organisation de vos soirées les plus chaudes à un groupe de Besançon, spécialiste du déhanchement électronique et des pistes de danse enflammées. Laissez-vous donc guider par les HORSKH, qui depuis 2014 s’amusent à trafiquer les sons, à distordre les samples et malmener le beat sous influence. D’abord envisagé comme le meilleur moyen de réconcilier la danse et le headbanging, le concept est vite devenu une entité Indus/Electro très viable, qui a d’ailleurs arpenté la scène avec les plus grands, des sympathiques PUNISH YOURSELF à MINISTRY, en passant par CARPENTER BRUT ou IGORRR. Un sacré CV donc pour Bastien Hennaut (chant, machines, guitares), et Jordan Daverio (machines, guitares), qui nous ont pondu un premier manifeste témoignant de leurs orientations musicales en 2017.
Et quatre années après l’introductif Gate, (mais qui succédait au format court Dawn, le premier EP du duo), Wire se propose de vous brancher sur la machine, non comme le prônait Timothy Leary, mais plutôt à la façon d’un Al Jourgensen, d’un Daniel Bressanutti ou d’un Sascha Konietzko. Reconnaissant les références NINE INCH NAILS, PRODIGY, NIRVANA, ATARI TEENAGE RIOT, ou MARILYN MANSON, les deux complices nous orientent plutôt sur la piste de MINISTRY, de FRONT 242, FRONTLINE ASSEMBLY et KMFDM, ne s’autorisant une quelconque souplesse que lorsque la sensualité le réclame. Loin de l’Indus Metal rigide et frigide, dansant seul dans son coin comme un robot programmé par les KRAFTWERK, la musique de HORSKH, bien que foncièrement électronique, est viscérale, et aussi groovy qu’un vieux sample disco utilisé à bon escient. Mixé par Sam Munnier et Bastien Hennaut, Wire a donc un son gigantesque, de ceux qui font vibrer les membranes des boomers jusqu’à la limite de l’implosion. Et dès « Strobes » qui vos envoie les lumières 10K directement dans la face, l’ambiance est à la fête mécanique dominée par deux androïdes de chair et de sang qui ont compris depuis longtemps - à l’instar de leurs mentors - que le Metal le plus agressif et l’Indus le plus mouvant pouvaient cohabiter et provoquer chez l’auditeur des sensations épidermiques. On pense aux dernières années de MANSON en écoutant ce premier morceau, mais l’ombre de KMFDM plane bas au-dessus des arrangements rythmiques. Le chant lui-même semble émaner de la gorge nocturne de Sascha, et le démarquage est assez intéressant dans les faits. En mélangeant toutes ses influences sur la même platine, HORSKH honore les grands marchands du temple, tout en dégageant sa propre personnalité. Malin.
Embrassant totalement la philosophie des artistes susnommés, et sans être dupe de leur dépendance à leur son et méthodes, Bastien et Jordan nous proposent donc une nuit de confinement total dans un club qui pourrait être berlinois ou parisien, mais qui pourrait aussi être le vôtre, à petite échelle. L’intelligence du duo est d’avoir composé des titres courts, percutants, mais qui pourraient servir de base à des remixes très inspiré, de la part d’un Rhys Fulber par exemple. En traitant la musique électronique et le Metal comme la Pop, Wire est un câble data qui relie les consciences, et réconcilie le public avec cette musique underground, qui entre leurs mains pourrait passer sur des radios moins intimistes. Loin de se contenter d’un tissu de sons et de samples cousu au hasard, HORSKH travaille ses morceaux, et s’inspire parfois de la précision d’un FEAR FACTORY pour proposer un tube partagé entre les JESUS ON ECSTASY et MANSON (« Mud In My Wheels »). De vraies chansons donc, qu’on peut presque chanter en chœur sans tomber dans la vulgarisation évidemment, et qui mélangent les ambiances et les climats selon la salle dans laquelle elles sont diffusées. Les atmosphères dont donc assez variées, la plupart du temps agressives mais souples (« A Breath Before The Fall »), et de temps à autres en réminiscences de la scène Post-Punk et Cold Wave des années 80 (« Break Off »).
Entre la sensualité létale d’un FRONT 242 et l’efficacité meurtrière d’un KMFDM, HORSKH réussit le tour de force d’unir tous les publics. Avec une guitare qui intervient pile quand il le faut, et un tapis rythmique au binaire contagieux qui donne des crampes, le duo peint le tableau d’une jeunesse qui veut oublier qu’elle n’a pas d’avenir, et qui rêve de fin du monde sur fond de BO apocalyptique.
Factuellement, Wire est de qualité égale aux meilleurs efforts du KMFDM le plus récent. On y retrouve la même utilisation efficace d’un beat percutant, la même voix traitée, et l’album se rapproche même des années Naive du groupe de Sascha, avec cette acceptation du Disco dans l’intégration à l’Electro et l’Indus (« Pull The Wire »). Et ces morceaux qui ne dépassent jamais les quatre minutes nous entraînent dans une transe de dingue, nous lâchant sur la piste comme des marionnettes guidées à distance, ne trouvant de salut que dans la danse, la transpiration, et le passage vers un univers digital qui aujourd’hui représente une grosse partie de notre réalité. Plus qu’un album, Wire est un réseau social aux terabits sans reflux, qui relie les individualités pour former une communauté disparate, mais homogène de sentiments. Un album qui se trépigne comme il s’écoute, et qui transforme n‘importe quelle salle à manger en club à la faune et le floor interlope.
Titres de l’album:
01. Strobes
02. Trying More
03. Mud In My Wheels
04. A Breath Before The Fall
05. Cut The Knot
06. Stolen Memories
07. Break Off
08. Common Crimes
09. Black Switch
10. Pull The Wire
11. Set On Fire
12. May Day
Ah, les Bisontins sont de retour. Je les avais découverts à l'été 2018 à un concert en plein air en ouverture de LTNO et des Young Gods, et pris une belle tarte. Cherchez le report dans la section.
Au vu des extraits c'est un album de continuité, finalement.
☠️
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09