Alors que la déconvenue du dernier IMPALED NAZARENE hante encore mes cauchemars les plus velus, voilà qu’une autre bande de finlandais se propose de me consoler, via des images musicales encore plus crades, perverses et néfastes. Alors que leur aîné Mika Luttinen semble marquer le pas et balbutier sa violence comme un vieillard sénile nous saoulant avec ses souvenirs de débauche, les méchants vilains de RAIN OF TERROR se proposent d’incarner la jeune garde pleine de morgue, la plus apte à nous entraîner dans un monde de violence et de stupre.
Fondé en 2015, mais réellement actif dès 2018 avec la sortie de sa première maquette Witch Hunt Demo, ce quatuor infernal composé de Donald Fiber (basse/chant), Jimi Defcon 1 (guitare), JoJo the Butcher (guitare) et Iiro Hyvärinen (batterie) revisite donc le répertoire Thrash/Punk national, en multipliant les clins d’œil à l’ancienne génération. Entre un MASTER mal embouché, un GENOCIDE qui aurait appris à jouer sans se montrer plus poli, un IMPALED NAZARENE plus Thrash que Black, ou un BULLDOZER réveillé trop tôt et encore à jeun, RAIN OF TERROR incarne donc le versant le plus malpropre de l’extrême raisonnable du froid. Rythmique mobile, guitares acérées aux motifs simplissimes, chant sourd mixé en arrière-plan, tout le décorum est élaboré pour vous offrir un petit tour sur des montagnes russes aux chutes modérément vertigineuses et aux virages mesurés au centimètre près.
Avouons-le, le groupe de Tampere est exactement ce qu’il vous faut pour évacuer le stress accumulé d’une journée de bureau pénible. Avec une énergie de tous les diables, un investissement roublard total, ce premier album fonce tête baissé comme un chien dans un jeu de quilles, et renverse tous les projectiles pour assommer les convives. Sorte de cousin lointain peu porté sur l’étiquette, RAIN OF TERROR joue la grossièreté sympathique, les pets flambés devant la pauvre serveuse, et ruine la noce de ses blagues salaces et de son comportement de Neandertal. Ecrit et produit par le groupe lui-même, enregistré et mixé par Tapio Lepistö, Witch Hunt est une chasse aux sorcières blanches encore vierges, qui croient qu’une infusion à la mandragore peut résoudre tous les maux. Cloutés, cuités et tout de cuir ceinturés, ces chevaliers de l’ignominie nous proposent la mixture la plus digeste de ce mois de mai, et réchauffent encore la fournaise de leurs rythmiques primaires et de leurs riffs ne l’étant pas moins.
Si l’entame « Powerplay » se montre encore assez raisonnable dans le blasphème, les débats s’accélèrent dès « Witch Hunt » qui prouve rapidement que les quatre finlandais ne sont pas là pour amuser la galerie. Les grimaces musicales du groupe sont assez effrayantes pour choquer le bourgeois, mais pas encore assez pour traumatiser le public extrême, qui s’amusera beaucoup de ce brouillon en bouillon qu’on avale encore bouillant. Le Thrash/Punk de ses sagouins est suffisamment catchy pour qu’on le sifflote gaiment, et assez sombre pour illustrer un Halloween de campagne, avec monstres en caoutchouc et autres masques de fête foraine.
On apprécie évidemment la rudesse des riffs, l’atmosphère gentiment triviale, mais dans le fond, ce premier album fait preuve d’une maîtrise absolue dans la transposition du vocable des ancêtres de MISFITS et SAMHAIN, évidemment réduit au strict minimum de la technique mais tout aussi réjouissant dans les mélodies rachitiques.
Un peu Crust ralenti de feignasse, un peu Heavy/Thrash des années 90 avec un groove patent, Witch Hunt dégueule de tous les orifices, crache comme un cow-boy qui aurait abusé de la chique, soulève les jupes pour voir les slips, et sort sa bite à la moindre occasion. Mais les morceaux restent convaincants, et rappellent un ZODIAC MINDWARP passé du mauvais côté de la barrière après une cure de GBH (« Witch Hunt »), et entre les calottes féroces et immédiates (« Axewielding Maniac », le meilleur de la série B des années 80, genre POSSESSED fauché et avec un Necronomicon photocopié), les démonstrations de force avec basse grasse et tempo accéléré (« Dogs of War »), et les incursions sur le territoire D-Beat national (« Execution Anthem »), ce premier album ne peine pas à séduire, et nous entraine dans une fête assez folle pour convaincre tous les déçus de la photocopieuse actuelle.
Old-school sans vraiment l’être, piochant dans le buffet extrême comme des sagouins pauvres et affamés, les RAIN OF TERROR font régner une terreur sympathique, et repartent en s’assurant que tout le monde respire encore. Des voleurs qui vous font les poches en douce, qui pissent sous la douche, mais qui savent rester affables et pas encore trop sociopathes. Du bon boulot de chien de rue, par des punks qui connaissent la musique, au moins assez pour aligner trois ou quatre notes.
Titres de l’album:
01. Powerplay
02. Witch Hunt
03. Wasted
04. Axewielding Maniac
05. Dogs of War
06. Doomsday Clock
07. Fallout
08. Execution Anthem
09. Rain of Terror
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30