Je l’avoue, je suis un vieux cochon. Un pervers de pissotière. Une horreur de voyeur. Je ne peux m’empêcher d’imaginer ce que les femmes portent sous leur jupe, de regarder par le trou de la serrure ma tante en train de se déshabiller pour ses ablutions, et d’écumer les clubs libertins en attendant qu’une paire de fesse vienne à se libérer. Un tordu, un weirdo, un creep, tout ce que vous voulez, et en plus, j’assume. Alors, en louchant sur la pochette de Witches Wheel des VULGAR DEVILS, mon sang n’a fait qu’un tour dans mon chibre. La crise de priapisme visuelle a été d’une telle intensité que je me suis emparé de mon clavier, sans connaître une seule note du contenu de cet album.
Et en plus, je n’ai même pas mis de capote.
Les VULGAR DEVILS nous viennent d’Euclid, et ressemblent à x musiciens underground comme on les aime tant. Avec un blaze pareil, il semblait inutile de prendre des gants ou de stériliser les instruments, on sentait que les festivités se passaient de préparation. Mais finalement, et malgré des dessous souillés évidents et une propension à ouvrir sa braguette quel que soit le temps, ces quatre zouaves sont beaucoup plus fins qu’il n’y parait. Et même un tantinet éduqués.
Quelle surprise. Bonne ?
Oui, puisque cette musique, entre Hard Rock renfrogné et Heavy Rock burné est à peu près aussi accrocheuse qu’une séance de nostalgie à la suédoise. Brook Damage (basse/chant, ex-BREAKER, ex-DESTRUCTOR, ex-Firestorm, ex-MARAUDER, ex-PAGAN, ex-TRANSGRESSOR), Matt Flammable (batterie, DESTRUCTOR, JULIA ROBERTS GLOBAL WARNING, ex-SPACECORE), Mark Hellhound (guitare, DESTRUCTOR, ex-DEAD EARTH) et Dave Overkill (guitare, chant, DESTRUCTOR, ex-SPACECORE, ex-HARDWARE), et leurs pseudos fleuris peinent à masquer leur excellent niveau de composition, qui éclate immédiatement sur l’entame explosive « Awaken The Night ».
Et en prêtant attention au CV, on découvre que cent pour cent des musiciens de VULGAR DEVILS font ou ont fait partie de la référence brutale DESTRUCTOR, qui dans les années 80 nous avait bien sonné d’un fulgurant Maximum Destruction, avant de disparaître avec l’eau du bain pour mieux se reformer quelques années après. La filiation est donc criante, mais ne croyez pas pour autant que les deux projets soient identiques. Non, ce side-project est à considérer comme un défouloir Heavy, qui se concentre sur des refrains à reprendre en chœur durant la fête de la bière, ou une fête des voisins à Euclid.
Si les influences sont évidemment ancrées dans la tradition la plus en poigne des années 80, on a souvent le sentiment d’un album d’IRON MAIDEN période Blaze Bayley, repris à leur sauce par les allemands de RUNNING WILD. La sensation est donc en tout point délicieuse, d’autant que le tracklisting joue la variété légère. La cohésion d’ensemble pourra provoquer une confusion au moment de choisir son morceau préféré, mais cette ambiance à la HELLACOPTERS/BACKYARD BABIES réchaufferait n’importe quelle chambre froide, avant ou après l’arrivée de nouveaux macchabées.
Riff après riff, cri après cri, le pervers fait son lit, et y invite quelques succubes triées sur le volet, fessues, et aux seins charnus. Les demoiselles fort peu vêtues de la pochette font d’ailleurs très bien l’affaire, avec cette mise en scène à la WASP sans budget, mais avec luxure.
Tatouages, séants, fronts en nage, odeur de l’océan, la moule se déguste fraîche et la palourde juteuse. Pardonnez-moi cette comparaison douteuse, mais ce deuxième album sent tellement le stupre qu’on en vient à abandonner toute mesure, prêt à entreprendre un coït de concert avec la première damoiselle venue. Des va-et-vient rythmés par ce binaire enflammé, un peu grossier, mais efficace au moment d’éjaculer (« Witches Wheel », un peu thrashy sur les bords, mais pile au centre des efforts).
On pointera aussi quelques montées en intensité, lors de l’infernal « Bringing Hell » qui relooke la partie fine en célébration de l’enfer, et au contraire, des assouplissements boogie (« Wild And High ») qui nous renvoient au meilleur de la NWOAHM.
De quoi se déhancher, et même se déboîter la hanche lors de crises de rythme frénétiques (« In The Gutter Again », le caniveau est saturé de capotes et de mouchoirs sales), avant d’applaudir les américains qui parviennent à transposer l’énergie d’AIRBOURNE dans un contexte de relation sexuelle débridée.
Heavy Rock jusqu’au bout du gland, Witches Wheel n’est pas forcément élégant, mais il est sympathique et avenant. Son binaire coule dans le bidet avec les glaires, suite à une prise en bouche un peu trop profonde. Laissez-vous aller aux plaisirs interdits du sexe tout sauf gratuit, et votre membre ne s’en portera que mieux. Le Rock est parfois fait pour être sale, malpoli, et honni.
Mais pour un vieux cochon comme moi, la morale n’est plus un problème depuis longtemps. Je suis toujours « Ready To Rock », et plus si affinités.
Beaucoup plus.
Titres de l’album :
01. Awaken The Night
02. Bringing Hell
03. Lost Souls Of Fire
04. Black Talons Of Evil
05. Witches Wheel
06. Wild And High
07. In The Gutter Again
08. Death Or Victory / Give Me Speed
09. Ready To Rock
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