Mais que ces jeunes gens sont velus…Velus du crâne, velus du menton, et je n’ose imaginer ce qui pousse sur leur torse. D’où cette célèbre maxime, qui n’est pas de Jules César mais bien de Gene Simmons :
Je suis velu, j’ai vu, j’ai vaincu.
Est-ce à dire que la quantité de poils influe sur la qualité de la musique ? Je ne saurais répondre à cette question, mais si tel est le cas, alors celle proposée par BLACKLIST fait indéniablement partie du haut du panier. Encore un peu verts sur la scène, mais déjà auteurs d’un premier album remarqué, les anglais de BLACKLIST ont passé la sixième à l’occasion de leur deuxième méfait, qui défie à peu près toutes les institutions et tous les obstacles. Une surmultipliée qui emporte tout sur son passage, avec une combinaison puissance/inventivité qui fait méchamment du bien dans notre époque stagnante de révérence old-school un peu trop appuyée.
Si les musiciens sont velus, leur répertoire est touffu. Loin des facilités d’usage et des morceaux durant une petite poignée de minutes, With Murderous Intent joue avec les codes, et montre ses ambitions dès l’entame de parcours. Et ces mêmes ambitions sont très concrètes, et très réalistes. Car le quatuor à les moyens de ses envies, et le prouve à longueur de mesures, qui sont toutes aussi créatives qu’un inédit de MEKONG DELTA.
Mais point de Techno-Thrash ici. Plutôt une vision progressive de la chose, avec des déroulés imaginatifs, des embardées sans pitié, et de longs passages instrumentaux mélodiques qui rapprochent la bête d’une combinaison des plus grandes idoles US.
Matt Longshaw (batterie), Curtis Goodyear (basse/chœurs), Tyler Larkin (guitare/chant) et Matt Mcloughlin (guitare) sont donc des gens très recommandables, et des musiciens aguerris. Il y avait très longtemps qu’un album de Thrash ne m’avait pas emmené aussi haut, pour mieux me faire redescendre en piqué. En piochant leur inspiration dans toutes les gamelles, les anglais sont parvenus à préparer un ragoût très goûteux, à base de viande californienne, d’épices new-yorkaises, et d’une épaisse sauce à l’anglaise. Du coup, la dégustation se transforme en banquet, et les mets coulent délicieusement dans un estomac flatté de tant d’attentions.
Car les BLACKLIST jouent du Thrash, mais un Thrash très spécial, et très perméable à d’autres styles extérieurs, comme le Black mélodique, le Death cryptique, et le Hardcore cynique. Le mélange est donc un Crossover fameux, et l’énergie développée au moins aussi intense qu’une course de notre cher Léon Marchand.
Avec des titres flirtant souvent avec les six minutes, et les dépassant en trois occurrences, ce deuxième album est certainement la grosse révélation de cet été 2024. Alors que la température redescend, ces trublions agités la font remonter, et le casque frétille encore de plaisir sous les assauts d’une paire de guitares volubiles, et d’une rythmique inépuisable. Car si l’entame « Cannibal » reste classique sous couvert d’un tempo formel et d’un chant ferme mais intelligible, les choses dégénèrent rapidement sur « Blood Baptism », qui s’extirpe de la tutelle d’EXODUS pour se rapprocher des plus flingués des tarés, ceux qui considèrent les BPM comme l’échelle de valeur la plus fiable.
« Blood Baptism » justement, ose même l’impensable : des blasts purement BM qui renvoient le Thrashcore à ses chères études de vélocité. Impressionnant de ses chœurs Hardcore et stade de foot allemand, ce deuxième morceau ratisse large et impose une vision de brutalité exacerbée qui fait parfois défaut aux produits trop bien manufacturés. Les anglais tiennent à ce qu’on les considère comme des esprits libres et frondeurs, et leur musique en est la preuve la plus flagrante.
« The Shape » continue sur la lancée, intègre quelques samples sci-fi, plaque des accords de synthé, et traite l’ambiance par le bout cinématographique de la lorgnette. La lourdeur fait alors son entrée sous les applaudissements, et BLACKLIST plaque ici un sacro-saint triptyque, toujours aussi pugnace, et teigneux comme un supporter du vendredi soir. Avec une cadence d’abattage à rendre VIKING et DARK ANGEL fous de jalousie, With Murderous Intent démontre qu’il n’est pas qu’un avertissement vain, mais bien une description fidèle de la méchante réalité.
Mais le but n’est pas non plus de tout dézinguer sans raison. « Nostromo » combat ainsi les aliens avec persistance et solidité, et « Kill the Coroner » enfonce un peu plus le clou dans le cercueil des bestioles. Beaucoup de panache dans les atmosphères qui apportent une plus-value non négligeable, de l’aisance dans la fluidité des soli, pour un disque solide, créatif, respectueux, mais suffisamment confiant pour plaquer ses propres arguments avec fermeté.
Je ne vais pas vous égrener tout le tracklisting sous peine de vous gâcher la surprise. Je pense que vous avez compris que ce deuxième album est atypique tout en restant du terroir, et que ce groupe a les moyens de devenir une référence à l’avenir. Et si quelques doutes persistaient encore, tentez l’aventure de « With Murderous Intent », final orgiaque qui une fois encore, cite EXODUS dans le texte en agrémentant l’hommage d’un parfum Hardcore très prononcé.
Tenons-nous un éventuel membre du Big4 contemporain ? BLACKLIST rejoindra-t-il GAMA BOMB, VEKTOR, MUNICIPAL WASTE (ou d’autres selon les inclinaisons personnelles) au panthéon du succès public ? La question est ouverte, mais en se basant sur les qualités intrinsèques de With Murderous Intent, le doute n’est pas forcément de mise.
Titres de l’album :
01. Cannibal
02. Blood Baptism
03. The Shape
04. Nostromo
05. Kill the Coroner
06. The Dismemberment Blade
07. Naturom Demonto
08. Lethal Infection
09. Never Sleep Again
10. With Murderous Intent
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