Il y avait un petit moment que je ne m’étais pas aventuré sur le terrain du BM lo-fi, et je dois avouer que j’avais soif de nouvelles découvertes. Il faut dire que le style s’y prête, et que chaque semaine apporte son lot de nouveaux venus, plus ou moins intéressants.
La plupart du temps, le travail est toujours le même, une accumulation de sons disparates assemblés à la hâte, vaguement crédibilisée du sceau « Evil Metal », avec son cortège d’insultes préparées à l’encontre des hostiles jugeant la chose fort peu convaincante ou à-propos.
De ce point de vue, les acteurs de l’ombre se ressemblent tous. Une horde de misanthropes solitaires (logique au demeurant…), qui aiment à se mettre en scène dans des postures pseudo inquiétantes, et divaguant sur des concepts de haine de l’humanité.
Mais il faut admettre que très souvent, ces musiciens au corpsepaint aussi délavé que leur inspiration ne sont que de pauvres gars rejetés par la société bienpensante, un peu seuls dans leur coin, ayant transformé leur tristesse en fausse violence d’apparat, lassés d’apparaître comme des victimes faciles de la vindicte populaire.
D’où ma surprise matinale en découvrant l’univers de NATANAS, one man band qui décidément ne conçoit pas les choses comme ses homologues peinturlurés.
NATANAS, projet perso de Namtaräum, alias Nathaniel Leveck, est étymologiquement un savant néologisme de Natan (l’équivalent espagnol de Nathan) et de Natas (Satan à l’envers pour les étourdis), existant depuis une poignée d’années (2013 pour être précis), et qui se complaît dans un BM teinté de Drone, de Doom, d’Ambient, assez libre d’inspiration, mais surtout, incroyablement prolifique.
Depuis sa création, le projet s’est répandu sur un nombre impressionnant de sorties, dont vingt-trois longue durée, pas mal de splits, et même des compilations. Ce qui avouons-le de suite est assez bluffant, d’autant plus que l’homme-orchestre responsable de cette manne musicale ne se contente pas de coucher ses divagations pénibles sur bande, mais travaille sa musique pour lui faire adopter des contours occultes assez intéressants en soi.
Toute la discographie du projet est disponible sur le Bandcamp ou le site officiel de distribution (en autoproduction bien sûr) gratuitement, ce qui n’est pas anecdotique, tant l’homme n’est pas avare de son temps ni de sa créativité.
Mais au-delà de la musique et de ses conséquences, c’est la bio de ce musicien originaire de Rock Springs dans le Wyoming qui interpelle. Loin de se présenter comme un fils du malin occupé à décapiter des vierges et torturer des animaux dans les forêts environnantes ou à brûler la bible dans la cave de ses parents, Nathaniel joue la carte de la transparence et de la vérité, sans l’enjoliver ou la déformer de fantasmes abracadabrants. Le musicien a donc choisi de nous dire qu’il a travaillé pendant dix ans dans l’industrie pétrolière, puis dans la programmation, et qu’il est aujourd’hui un mari comblé, père de trois enfants, et heureux maître de quatre chats et un chien.
Et je vais être franc avec vous, cette franchise peu commune m’a séduit, et permis d’appréhender sa musique avec un recul inédit, en faisant-fi d’un quelconque décorum de l’absurde, ce qui est plus que rare de nos jours.
Et de ce côté-là, sans être transcendé ou chamboulé, je dois aussi reconnaître que Withered est un travail tout à fait honnête de BM pas si lo-fi qu’il n’en a l’air sur son entame.
Bien loin évidemment d’une quelconque prétention symphonique, ce BM lourd et suintant, refusant tout accès de violence crue est assez captivant en soi, même si les trois morceaux qui s’y trouvent sont assez similaires, et d’une longueur assez rebutante pour le néophyte.
Namtaräum admet évidemment quelques influences notables sur sa page Facebook, dont les inévitables DARKTHRONE, BURZUM, et XASTHUR mais aussi NECROENNUI, SVARTSKOGG, IDAALIUR, LEVIATHAN, ABANDONED BY LIGHT, ULFRINN, MUSIC DISTROYER, UNHAPPY, BUKAVAC, NOCTURNAL TOXIN & CARNAGE, DANZIG, ou STRIBORG, j’en passe, et même des LED ZEPPELIN. Musicalement, on retrouve évidemment de solides traces du DARKTHRONE de Panzerfaust, notamment dans ces riffs lancinants et atonaux, mais aussi des réminiscences du BATHORY le plus diabolique dans les intonations de chant.
Mélange assez homogène en soi, qui prône une certaine lenteur de tempo, s’accommodant fort bien de cette tonalité de guitare inamovible qui sert de réceptacle à tous les morceaux.
Il est aussi possible de penser à un mélange amateur entre ABRUPTUM et FORGOTTEN TOMB, sans ce côté suicidal prononcé, mais pas forcément plus ouvert et optimiste.
Trois titres donc, qui frisent ou dépassent les dix minutes, et qui sont autant de litanies de l’occulte, cette fois-ci consacrées à honorer nos ancêtres tombés au champ d’horreur et d’honneur.
Techniquement, l’affaire est assez sommaire dans sa cohérence, mais chaque titre est truffé d’effets sonores renforçant l’aspect assez décalé de l’entreprise, et qui sont utilisés à bon escient et non comme remplissage ou gimmick hautement dispensable.
Evidemment, la variété n’est pas de mise, mais comme tel n’est pas l’objectif, je ne saurais transformer cette remarque en grief à l’encontre de Nathaniel.
Vous pouvez donc piocher votre intervention favorite, de l’ouverture assez concassante de « Snowflake » (la plus ouvertement BM du lot) à la fermeture évolutive « Hades », en passant par l’intermédiaire « Poseidon », ou écouter l’intégralité pour vous plonger dans un voyages aux confins du BM des origines, celui qui pérennisait l’héritage de BATHORY sur les côtes Norvégiennes. Comme en plus, la pochette est assez réussie, dans un registre assez proche du Womrwood de MARDUK, et que l’album est gratuit, l’affaire est assez équitable et honnête.
J’aurais en tout cas découvert un personnage très sympathique, à l’univers très personnel, qui joue du Black à sa façon, parce qu’il aime ça, et non parce que sa pratique le transforme en soldat de l’enfer censé nous coller les jetons. Ce qui bien évidemment, n’arrive jamais.
Je souhaite donc une belle vie à Nathaniel/Namtaräum/NATANAS, mais il semble que l’homme soit déjà comblé.
Peut-être que sa musique vous comblera aussi. Je le souhaite en tout cas. Ah, et dernière info, si ce Black vous inspire, sachez que l’intégralité de la discographie de NATANAS (mp3+vidéos) est disponible pour 15 dollars sur clé USB de 32 go.
Un deal valable.
Titres de l'album:
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