Le temps passe vite, très vite. Tenez, c’est déjà l’heure du troisième album pour les nordistes de SKELETHAL. Douze ans après leur naissance, les lillois sont déjà parvenus à l’âge adulte, celui dit « de la maturité ». Mais cette expression a-t-elle encore un sens dans le cadre d’un Death Metal précis et barbare ? Peut-on se penser mur alors qu’on perpétue les mêmes méfaits que ceux qui avaient causé tant de dégâts dans les années 90 ? Je pense que oui, en admettant que l’âge adulte soit atteint dans des conditions normales.
Mais heureusement pour nous, la normalité n’a rien à faire dans cette affaire. Sinon, le quatuor ne serait pas là à beugler comme un démon aviné sur « Spectrum of Morbidity ».
SKELETHAL ne perd pas de temps en conjectures, même si une courte intro nous est offerte. Pas plus de deux minutes, pour planter le décor, avant de s’enfoncer dans l’aventure en elle-même. Ce qui suffit amplement, l’air pulsé étant d’une chaleur conséquente, et le suspense quasi nul. Puisqu’on connaît déjà les méthodes de ces barbares, beaucoup plus portés sur l’esthétisme qu’on pourrait le croire.
Toujours soutenus par la chaudière Hells Headbangers, les musiciens avancent donc en terrain conquis, et prolongent l’expérience débutée sur le lapidaire Unveiling the Threshold il y a quatre ans. Une expérience bien connue, à base de cauchemars floridiens, de cassures scandinaves, et d’influences bien digérées, entre MORBID ANGEL, CANNIBAL CORPSE, SUFFOCATION et toute autre force de frappe légendaire. Toujours aussi appliqués, Lucas Scellier (guitare), Gui Haunting (guitare/chant), Julien Bouly (basse) et Lorenzo Vissol (batterie) multiplient donc les pains, se rapprochant parfois d’un Crust morbide lorsque le tempo caracole et que les riffs deviennent joyeux. On en a trace sur « Spectrum of Morbidity », mais aussi sur le terrassant « Eyes Sewn Mouth Full », qui combine les atmosphères avec beaucoup de panache.
Within Corrosive Continuums est donc un bel équilibre entre efficacité et ambitions. Si la majorité du nouveau répertoire reste entre les balises connues, le quatuor n’hésite pas à s’éloigner de ses habituelles turpitudes pour nous rappeler qu’il n’y a pas que les écoles américaine et suédoise qui fascinent encore les musiciens, même si cette alternance entre fournaise et congères témoigne de la mainmise des deux pays en matière de musique morbide.
Professionnel jusqu’au bout des ongles mal coupés, Within Corrosive Continuums est un concentré de rage et d’énergie pure. Avec la tutelle de MORBID ANGEL toujours aussi importante, SKELETHAL rend hommage à ses parrains, et se permet de relire leurs plus grands volumes avec un accent plus universel. On sent au détour d’un couloir humide une sublime putréfaction, qui relève le goût sonore de cette troisième contribution. Ainsi, « Upon the Immemorial Ziggurat » joue sur deux tableaux, mais reste aussi nostalgique qu’une marque au fer rouge de Glen Benton.
Classique de 1 jusqu’à 6, ce troisième effort développe un tracklisting conséquent et solide, sans surprendre, mais surtout, sans décevoir. « Fatal Abstraction » continue donc sur la lancée de ses cinq aînés pour nous entraîner vers l’inéluctable, ce dernier pavé qu’on appréhende à grosses suées. Il faut dire qu’avec un title-track posé en clôture de quasiment treize minutes, il y a de quoi avoir peur. Mais la peur est justement l’une des données les plus importantes de notre relation au Death Metal, genre capable d’un grand écart facial en pleine montée de blasts, ou d’écrasement de vertèbres avant un crescendo fumasse.
« Within Corrosive Continuums » est donc le point de focalisation de cette nouvelle réalisation, et sa longue intro en dit long. Les musiciens lâchent tout, et nous portent l’estocade finale avec un détachement incroyable. Constellé de blasts, d’abus de vibrato, augmenté d’une démonstration de force d’une section rythmique à la frontière de la Fusion, cet épisode de démence est d’une densité exceptionnelle, et fait encore monter la satisfaction d’un cran. Le talent des musiciens y apparaît donc dans toute sa complétude, et sous la forme d’un résumé bluffant de réalisme.
Quelques touches Ambient, des mélodies qui déchirent la nuit, une guitare qui hurle au yéti et une section basse/batterie volubile et versatile, pour un effet choc, et sans doute, la quintessence même de ce que SKELETHAL incarne. Le meilleur du Death classique joué par des passionnés. Et comme le temps passe vite, très vite, hâtez-vous de déguster cette nouvelle tranche de mort bien coupée.
Titres de l’album:
01. Creation?
02. Spectrum of Morbidity
03. Mesmerizing Flies at the Doors of Death
04. Eyes Sewn Mouth Full
05. Upon the Immemorial Ziggurat
06. Fatal Abstraction
07. Within Corrosive Continuums
Cette évolution vaut d'être notée car Skelethal était plutôt franchement affilié au courant Suédois du Sunlight avec HM-2 jusqu'à plus soif. En lisant que les références Américaines étaient plus mises en avant à présent, j'ai eu du mal à le croire mais en écoutant les extraits j'ai constaté que le camarade mortne ne mentait pas... Skelethal s'affirme au premier rang de la scène Death française, semble-t-il.
Effectivement, très (bonne) et grosse surprise.
Un groupe à suivre, et à découvrir pour les malchanceux qui seraient jusqu'alors passés à coté !!!
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21/11/2024, 08:46
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11/11/2024, 10:09