Woke

Meth Leppard

08/03/2020

Psychocontrol Records

On commence à avoir l’habitude de l’amour des calembours des groupes extrêmes, entre les JESUS CROST, JODIE FASTER, ANAL TRUMP, et autres exemples plus ou moins pertinents et drôles, encore faut-il que cet amour du jeu de mot s’accompagne d’une musique de qualité, sous peine de voir les projets sombrer dans les affres de la parodie pure et sans intérêt au niveau du mieux disant culturel, mais avec les australiens de METH LEPPARD, pas de mauvaise surprise à avoir, puisque depuis cinq ans, les deux lascars ont largement eu le temps d’exposer leurs vues supersoniques à un public avide de violence tout sauf gratuite, mais bien fondamentalement ancrée dans la tradition d’un Grind classique, joué comme à la parade, style danse de St Guy ininterrompue, et pourtant, avec seulement deux musiciens dans ses rangs, ce projet ayant vu le jour du côté d’Adélaïde aurait pu se contenter d’un minimalisme mal venu au regard de la puissance sèche exigée par le style, mais c’était sans compter sur la créativité et l’énergie possédée de Kieren Murray, furieusement accroché à sa batterie et Chesse, malmenant sa guitare et crachant dans son micro comme un anti-prédicateur désirant éloigner les moutons de leur faux berger, alors en cinq ans, le duo a laissé moult indices sur son passage, spécialement sur des splits qu’ils ont partagé avec d’autres gloires du cru, les BRUCE X CAMPBELL, JACK, DURIAN, MINIMUM WAGE ASSASSINS, DETERIORATION, BLIGHT WORMS, voire sur des compilations recensant l’intégralité de leur jeune répertoire avec le classique Discography 2015-2017, qui permettait de synthétiser le barouf des deux tarés dans un volume moins encombrant, mais toutefois, ce qu’il manquait au deux olibrius, c’était un premier témoignage personnel, un truc juste à eux, pas jusqu’à parler d’un album au risque de paraître trop pompeux, mais au moins une rondelle plus conséquente, et sans Joe l’incruste pour se taper une face entière, alors en 2020, METH LEPPARD s’est lancé dans le grand bain, osant le quart d’heure de jeu complet pour nous prouver que le véritable Grind n’est pas mort, et qu’il bénéficie toujours de la dévotion d’instrumentistes complètement sous l’emprise d’une folie musicale toujours aussi intense, et c’est sans doute aussi pour cette raison que les deux australiens ont confié le sort de Woke, leur premier 12’’ à trois labels différents sur deux continents différents, avec les américains de Wise grinds Records et Bloody Scythe Records d’un côté et les tchèques de Psychocontrol Records de l’autre, qui se font une joie de distribuer ce premier chapitre en solitaire en vinyle histoire de flatter les puristes dans le sens du poil, ces puristes qui bondiront de joie à l’écoute de ces quinze morceaux pour autant de minutes qui nous rappellent toute l’importance de la scène Grind originelle, celle dérivant du Punk et conchiant les accointances Death que les générations suivantes ont imposé, foulant des blasts l’éthique des NAPALM, ASSUCK, NASUM, alors même que d’autres jeunes plus à cheval sur les principes comme THE KILL continuaient de capitaliser sur un héritage loin d’être dilapidé, et qu’on retrouve ici en forme de tornade qui éclate tout sur son passage, tornade découpée en tronçons d’une violence dramatique et qui ne dépassent que très rarement la minute pour respecter la spontanéité crue de l’entreprise, entreprise qui prise dans le contexte est plus une démonstration de force concentrée dans le temps et l’espace et qui fonctionne sur plusieurs niveaux, le principal étant cet exutoire fabuleux que représente le Grind le plus classique, genre qui sous sa forme la plus pure ne supporte pas les adaptations et concessions, pour mieux se concentrer sur des riffs immédiats et une rythmique qui ne faiblit pas, cette rythmique qui est justement le poumon de METH LEPPARD, qui au-delà de l’allusion pas très finaude à DEF LEPPARD et à cette drogue destructrice est l’un des représentants les plus crédibles de l’underground austral en termes de qualité d’exécution, le terme étant relativement bien choisi quand on tombe sur une entame de la violence de « Dead Kardashians », sur laquelle tous les éléments sont déjà en place, les vociférations d’usage exhortées comme autant de messages à l’encontre d’une société trop complaisante, la guitare sombre qui bourdonne comme un mantra revanchard et affûté, la batterie qui se répand en blasts ininterrompus pour mieux souligner le caractère d’urgence de l’opération, les passages Crust qui s’en remettent aux dogmes du ND de From Enslavement to Obliteration, et la brièveté indispensable qui enchaîne les morceaux les uns aux autres pour engluer cette symphonie d’outrance tout à fait remarquable de pertinence puriste, un purisme qui tient d’ailleurs plus de la passion sans bornes que de l’incapacité à jouer autre chose que du Grind, puisqu’on sent clairement les deux musiciens largement capables d’explorer d’autres territoire si l’envie leur en prenait, mais on sent qu’ils s‘accomplissent dans ce trait d’union entre le Grind anglais des années 80 et son pendant contemporain, se permettant même parfois de tutoyer la perfection d’un TERRORIZER des grandes années sans renoncer à l’immédiateté d’un ASSUCK, le son plus pro en plus, mais avec la même application dans la mise en demeure de ceux qui continuent d’édulcorer le Grind ou de le tourner en ridicule en se basant uniquement sur un esprit tongue in cheek fort peu à propos dans une époque gangrénée par le consumérisme, l’égoïsme et le néo-libéralisme galopant, et si en définitive, après l’énonciation de tous ces arguments, vous doutiez encore du caractère fondamental de Woke en tant que manifeste de lucidité ultime, j’espère sincèrement que cette chronique en apnée, sommet du plan séquence littéraire vous aura étouffée de son refus de ponctuation terminale et d’aération de paragraphes, parce que c’est ça aussi le Grind, l’étouffement permanent, la strangulation musicale, et le refus de laisser vos oreilles reprendre leur souffle entre deux passages méchamment lourds (« Surplus or Die »), et une lapidation Crust/Grind de première bourre (« Woke »).        

                                                                                                

Titres de l’album :

01. Intro

02. Dead Kardashians

03. Down in a Hull

04. Nuttelex

05. Sixty Nine Feet Under

06. Sick Bern

07. Endless Prawn

08. Surplus or Die

09. Woke

10. Boomer

11. Hype Bands

12. Elitism

13. Kangaroo Court

14. Thrash Sucks

 15. Bug Warfare


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 19/05/2021 à 17:53
80 %    888

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


Jus de cadavre
membre enregistré
19/05/2021, 19:20:40

Une boucherie de A à Z cet album. Un missile Grindcore comme j'adore ! Bordel de merde ces blast supersoniques, ce chant d'ours en rut, etc. TOUT est bon. Classique certes, mais sur-efficace. Breuuuuuuu !


Humungus
@62.102.228.150
20/05/2021, 05:58:34

On dit merci qui ?

Merci pôpa NAPALM DEATH !

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report

Wishbone Ash

mortne2001 18/03/2025

Live Report

Peter Hook and the Light

RBD 14/03/2025

Live Report

Fanzinat - Projection du Documentaire

mortne2001 23/02/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Barabbas + Black Pyramid 21/04 : Le Klub, Paris (75)
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Nubowsky

Je suis fasciné.

19/04/2025, 06:37

DPD

Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)

19/04/2025, 05:07

Kamel

I am now officially ON THE JOB MARKET (is my career over ?

18/04/2025, 12:53

Kamel

@Deathcotheque : Il y a eu confusion entre Aborted et Benighted au moment de poster la nouvelle, ellle a été éditée, mais pas complètement.Bonne nouvelle pour Kevin, après s'être fait éconduire par Archspire, il cherchait justemen(...)

18/04/2025, 12:13

Deathcotheque

"les prochaines dates de la tournée européenne serait assurée par l'ancien batteur du groupe, parti en 2024, Kevin Paradis." Vérifiez ce que vous écrivez, Kevin n'a jamais été dans Aborted.

18/04/2025, 10:35

Simony

Ah merde !

18/04/2025, 08:58

Deathcotheque

?!?! Entre Blabbermouth qui ne relaie pas la news et Metalnews qui en invente une...

18/04/2025, 08:18

Arioch91

J'ai longtemps boudé ce groupe en estimant que c'était un bête doppelgänger de Death et pas mal de riffs de leur deuxième album font trop copié/collé avec ceux de Spiritual Healing.Mais n'empêche que ça a un petit go(...)

18/04/2025, 07:47

Kamel

Il était dans Benighted le Ken???

18/04/2025, 07:27

pet fécal

C'est Aborted qui se sépare de machin

18/04/2025, 05:03

RBD

Youpi ! Vous remarquerez la présence récurrente des vers, et les vieux fans savent bien pourquoi. Au moins ils n'auront pas traîné. Je suis juste intrigué qu'ils aient déjà changé de label, mais au moins ils sont restés chez (...)

17/04/2025, 16:25

Styx

Il est vrai que depuis leur retour en 2020 (eh oui, ils se sont absentés 18 piges) avec un nouveau line-up (& aussi des membres fondateurs) dont le chanteur Mathias Lillmans, les pochettes sont bien foutues ainsi que les albums. Le nouvel album sera disponible en stock chez nos disquai(...)

16/04/2025, 22:21

LeMoustre

J'irai peut-être un jour mais comme toi... Pas encore. 

16/04/2025, 18:38

Humungus

J'ai réussi à dégoter le numéro 2 (improbablement sur Vinted...).Si une bonne âme veut se désister ou a un bon plan pour le #1... ... ...

16/04/2025, 10:47

zoom zoom zoom

@lemoustre : retourne à l'ehpad, papy

16/04/2025, 05:21

LeMoustre

Soit dit en passant ceux qui étaient a Anthrax au Zénith il y a quelques mois ont dû prendre un sacrée branlée ! Un groupe doté d'une pêche d'enfer et qui a mis la salle a genoux direct sans temps mort. Tuerie que bien des jeunes peuvent re(...)

15/04/2025, 18:28

LeMoustre

Moi j'aime bien les masques ^^. Ils tombent lorsque la personne se révèle ne pas être en connaissance d'éléments de contexte et se permet d'émettre des généralités sans savoir ni approfondir le genre décrié(...)

15/04/2025, 17:29

mortne2001

Il faut évidemment attendre l'album complet, mais le titre a été composé par Jim Durkin avant sa mort. Ceci étant dit; j'espère que l'album en question sera d'un autre niveau, parce que le cahier des charges de tous les reproches que j(...)

15/04/2025, 16:56

mortne2001

@Gargan, non malheureusement, je n'ai pas pu y aller. Je m'en mords encore les doigts...

15/04/2025, 16:51

Jus de cadavre

On peut avoir tourné la page, écouter des nouveaux trucs, mais se faire un kiff en réécoutant ou en allant voir les anciennes légendes d'un style selon moi. L'un empêche pas l'autre. Alors oui c'est des papis (encore que Slayer sur sc&e(...)

15/04/2025, 08:56