On commence à avoir l’habitude de l’amour des calembours des groupes extrêmes, entre les JESUS CROST, JODIE FASTER, ANAL TRUMP, et autres exemples plus ou moins pertinents et drôles, encore faut-il que cet amour du jeu de mot s’accompagne d’une musique de qualité, sous peine de voir les projets sombrer dans les affres de la parodie pure et sans intérêt au niveau du mieux disant culturel, mais avec les australiens de METH LEPPARD, pas de mauvaise surprise à avoir, puisque depuis cinq ans, les deux lascars ont largement eu le temps d’exposer leurs vues supersoniques à un public avide de violence tout sauf gratuite, mais bien fondamentalement ancrée dans la tradition d’un Grind classique, joué comme à la parade, style danse de St Guy ininterrompue, et pourtant, avec seulement deux musiciens dans ses rangs, ce projet ayant vu le jour du côté d’Adélaïde aurait pu se contenter d’un minimalisme mal venu au regard de la puissance sèche exigée par le style, mais c’était sans compter sur la créativité et l’énergie possédée de Kieren Murray, furieusement accroché à sa batterie et Chesse, malmenant sa guitare et crachant dans son micro comme un anti-prédicateur désirant éloigner les moutons de leur faux berger, alors en cinq ans, le duo a laissé moult indices sur son passage, spécialement sur des splits qu’ils ont partagé avec d’autres gloires du cru, les BRUCE X CAMPBELL, JACK, DURIAN, MINIMUM WAGE ASSASSINS, DETERIORATION, BLIGHT WORMS, voire sur des compilations recensant l’intégralité de leur jeune répertoire avec le classique Discography 2015-2017, qui permettait de synthétiser le barouf des deux tarés dans un volume moins encombrant, mais toutefois, ce qu’il manquait au deux olibrius, c’était un premier témoignage personnel, un truc juste à eux, pas jusqu’à parler d’un album au risque de paraître trop pompeux, mais au moins une rondelle plus conséquente, et sans Joe l’incruste pour se taper une face entière, alors en 2020, METH LEPPARD s’est lancé dans le grand bain, osant le quart d’heure de jeu complet pour nous prouver que le véritable Grind n’est pas mort, et qu’il bénéficie toujours de la dévotion d’instrumentistes complètement sous l’emprise d’une folie musicale toujours aussi intense, et c’est sans doute aussi pour cette raison que les deux australiens ont confié le sort de Woke, leur premier 12’’ à trois labels différents sur deux continents différents, avec les américains de Wise grinds Records et Bloody Scythe Records d’un côté et les tchèques de Psychocontrol Records de l’autre, qui se font une joie de distribuer ce premier chapitre en solitaire en vinyle histoire de flatter les puristes dans le sens du poil, ces puristes qui bondiront de joie à l’écoute de ces quinze morceaux pour autant de minutes qui nous rappellent toute l’importance de la scène Grind originelle, celle dérivant du Punk et conchiant les accointances Death que les générations suivantes ont imposé, foulant des blasts l’éthique des NAPALM, ASSUCK, NASUM, alors même que d’autres jeunes plus à cheval sur les principes comme THE KILL continuaient de capitaliser sur un héritage loin d’être dilapidé, et qu’on retrouve ici en forme de tornade qui éclate tout sur son passage, tornade découpée en tronçons d’une violence dramatique et qui ne dépassent que très rarement la minute pour respecter la spontanéité crue de l’entreprise, entreprise qui prise dans le contexte est plus une démonstration de force concentrée dans le temps et l’espace et qui fonctionne sur plusieurs niveaux, le principal étant cet exutoire fabuleux que représente le Grind le plus classique, genre qui sous sa forme la plus pure ne supporte pas les adaptations et concessions, pour mieux se concentrer sur des riffs immédiats et une rythmique qui ne faiblit pas, cette rythmique qui est justement le poumon de METH LEPPARD, qui au-delà de l’allusion pas très finaude à DEF LEPPARD et à cette drogue destructrice est l’un des représentants les plus crédibles de l’underground austral en termes de qualité d’exécution, le terme étant relativement bien choisi quand on tombe sur une entame de la violence de « Dead Kardashians », sur laquelle tous les éléments sont déjà en place, les vociférations d’usage exhortées comme autant de messages à l’encontre d’une société trop complaisante, la guitare sombre qui bourdonne comme un mantra revanchard et affûté, la batterie qui se répand en blasts ininterrompus pour mieux souligner le caractère d’urgence de l’opération, les passages Crust qui s’en remettent aux dogmes du ND de From Enslavement to Obliteration, et la brièveté indispensable qui enchaîne les morceaux les uns aux autres pour engluer cette symphonie d’outrance tout à fait remarquable de pertinence puriste, un purisme qui tient d’ailleurs plus de la passion sans bornes que de l’incapacité à jouer autre chose que du Grind, puisqu’on sent clairement les deux musiciens largement capables d’explorer d’autres territoire si l’envie leur en prenait, mais on sent qu’ils s‘accomplissent dans ce trait d’union entre le Grind anglais des années 80 et son pendant contemporain, se permettant même parfois de tutoyer la perfection d’un TERRORIZER des grandes années sans renoncer à l’immédiateté d’un ASSUCK, le son plus pro en plus, mais avec la même application dans la mise en demeure de ceux qui continuent d’édulcorer le Grind ou de le tourner en ridicule en se basant uniquement sur un esprit tongue in cheek fort peu à propos dans une époque gangrénée par le consumérisme, l’égoïsme et le néo-libéralisme galopant, et si en définitive, après l’énonciation de tous ces arguments, vous doutiez encore du caractère fondamental de Woke en tant que manifeste de lucidité ultime, j’espère sincèrement que cette chronique en apnée, sommet du plan séquence littéraire vous aura étouffée de son refus de ponctuation terminale et d’aération de paragraphes, parce que c’est ça aussi le Grind, l’étouffement permanent, la strangulation musicale, et le refus de laisser vos oreilles reprendre leur souffle entre deux passages méchamment lourds (« Surplus or Die »), et une lapidation Crust/Grind de première bourre (« Woke »).
Titres de l’album :
01. Intro
02. Dead Kardashians
03. Down in a Hull
04. Nuttelex
05. Sixty Nine Feet Under
06. Sick Bern
07. Endless Prawn
08. Surplus or Die
09. Woke
10. Boomer
11. Hype Bands
12. Elitism
13. Kangaroo Court
14. Thrash Sucks
15. Bug Warfare
Une boucherie de A à Z cet album. Un missile Grindcore comme j'adore ! Bordel de merde ces blast supersoniques, ce chant d'ours en rut, etc. TOUT est bon. Classique certes, mais sur-efficace. Breuuuuuuu !
On dit merci qui ?
Merci pôpa NAPALM DEATH !
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
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